Tableau du royaume de Caboul et de ses dépendances dans la Perse, la Tartarie et l’Inde/Tome 2/Costumes


COSTUMES.

Quelque variété qu’il y ait dans le costume des Afghans, ceux de l’occident me paroissent offrir le type de l’habillement national. Il consiste en un large pantalon de coton brun, une large chemise[1], semblable à une blouse de roulier, mais qui a des manches plus amples, et ne descend qu’un peu au-dessous du genou. Ils ont un petit bonnet pareil à celui des uhlans, dont le tour est en satin noir, et le sommet de brocard d’or, ou d’une étoffe de couleur brillante ; leurs bottines sont de cuir brun, lacées ou boutonnées jusqu’au gras de la jambe.

Leur vêtement de dessus, qu’ils portent pendant une grande partie de l’année, est un large manteau de peau de mouton, parfaitement tannée et le poil en dedans ; ou bien un manteau de feutre doux et souple. Ce manteau flotte sur les épaules, et les manches pendantes descendent jusqu’aux chevilles (Voy. le frontispice du tome Ier.)

Dans les villes et dans les campagnes les plus civilisées, l’habillement ressemble en général à celui des Persans ; et sur les frontières orientales de l’Afghanistan, il se rapproche beaucoup de celui des Indiens.

Les femmes portent une chemise comme celle des hommes, mais plus longue, d’un tissu plus fin, peinte ou brodée en soie de couleur. Celles de l’occident ont presque toutes des chemises entièrement de soie. Leurs pantalons sont de couleur, plus serrés que ceux des hommes ; leur bonnet est de soie d’une couleur éclatante, brodé en or, très-petit, et touche à peine le front ou les oreilles. Elles ont de plus un grand voile ou plutôt une couverture d’étoffe unie ou imprimée, dont elles se couvrent devant les étrangers. Dans l’occident, les femmes attachent souvent un mouchoir noir pardessus leur bonnet. Elles se divisent les cheveux et en font deux longues tresses attachées par derrière.

Leurs ornemens favoris sont des sequins de Venise enfilés, et attachés autour de leur tête ; elles y portent aussi des chaînes d’or ou d’argent, terminées par de grosses boules qui pendent près des oreilles. Elles aiment à suspendre au cartilage du nez des anneaux et des bagues.

Tel est le costume des femmes mariées ; les filles se distinguent par la couleur blanche de leurs pantalons et par leurs cheveux flottans.


  1. Le mot arabe est camiss ; les Italiens en ont fait camiscia, et les Français chemise. Cette sorte de vêtement ne s’étant introduite en Europe qu’après les croisades, on a dû lui donner un nom oriental.