(tome IXp. 21-22).

CHAPITRE DCLXXX.

Porte-chaise d’affaires.


Le jour que le roi prend médecine, c’est le grand jour des courtisans ; ils sont admis, & ne manquent jamais de paroître ; la médecine va son train, tandis que les hommes de cour sont rangés dans la chambre pêle-mêle avec les médecins, l’apothicaire, & les valets de chambre.

Un jour il se présenta à la porte de la chambre, un homme en épée & en habit de velours, qui dit à l’huissier : je viens faire mon service : il entre, & se tient debout dans un coin ; la médecine étoit prise.

Le roi étonné de voir une figure qu’il ne connoissoit pas, demande quel est cet homme : on se regarde ; on dit qu’on ne le connoît point. Le roi envoie demander au personnage quel il est. L’inconnu répondit en s’inclinant, qu’il avoit l’honneur d’être le porte-chaise d’affaires de sa majesté, que son service ne l’appeloit à la cour que lorsqu’elle prenoit médecine, que l’avis lui en étoit toujours donné par l’apothicaire, parce que leurs fonctions étoient nécessairement inséparables, & qu’il attendoit respectueusement… Le roi instruit & satisfait, lui fit dire de rester, & lui continua les honneurs du service.

Il attendit, & emporta la chaise d’affaires, l’épée au côté ; puis il revint à Paris, signer dans ses contrats le titre pompeux d’officier du roi. Il est inutile de dire qu’il y a des priviléges attachés à sa charge.