CHAPITRE CII.

Bonne Compagnie.


Elle existe réellement ; mais comme un nouveau mot parmi nous annonce assez ordinairement un nouveau ridicule, on a fait un usage abusif depuis plusieurs années de cette expression qui a succédé à celle de bon ton. La bonne compagnie peut avoir plus d’un local : l’opulence ne la suppose pas ; la médiocrité ne l’exclut point. Elle est parmi ceux qui ont le moins de prétention à ce titre, si souvent cité, si peu défini. Chaque société aujourd’hui y prétend exclusivement. De là des scenes fort plaisantes : le président soutient que le conseiller n’a pas le ton de la bonne compagnie ; le maître des requêtes fait le même reproche au financier ; le négociant trouve l’avocat empesé, & celui-ci ne veut pas voir le notaire. Il n’y a pas, jusqu’au procureur, qui ne fasse la satire de son voisin l’huissier priseur. Ces accusations réciproques mériteroient les crayons d’un Moliere.