CHAPITRE XCV.

Cours gratuits.


Au coin des rues vous voyez : Cours gratuit d’architecture, Cours gratuit de langue angloise, Cours gratuit d’histoire, Cours gratuit de belles-lettres, Cours gratuit de géographie, de langue françoise, d’orthographe, &c.

Accourez, citadins & provinciaux, accourez, étrangers ! Quoi de plus heureux que d’avoir des maîtres à ses ordres, qui vous livrent la science gratis ! Allez les trouver à leurs adresses imprimées : vous montez un petit escalier tortueux, fort obscur ; vous arrivez chez l’homme généreux, prodigue distributeur des connoissances humaines ; il se plaint de l’ingratitude de son siecle, de l’indifférence coupable du public, qui passe devant ses affiches sans les regarder ; l’ignorance & la barbarie conspirent contre son établissement ; il vous prie de le dédommager des peines qu’il s’est données depuis vingt ans pour l’instruction publique.

La leçon est courte, les plaintes sont fort longues. Tout ces maîtres vous enseignent parfaitement tout ce que vous savez ; & malgré la méthode particuliere qu’ils ont tous imaginée, il n’y a rien de neuf dans leurs documens. Vous descendez l’escalier, & vous oubliez la rue, le maître & sa méthode ; vous ne vous en souvenez que quand vous revoyez près de la borne du carrefour, Cours gratuit : affiche mensongere, car le tems qu’on y perd est assurément ce qu’il y a de plus cher au monde, & d’un prix bien au-dessus de l’argent.