CHAPITRE LXXXVII.

Portrait d’une Dévote du Marais.


Cette dévote au regard oblique, que vous vous figurez tenant toujours les yeux baissés, est à peine assise qu’elle a déjà tout vu, tout observé : elle vous a examiné de la tête aux pieds ; elle a deviné de plus, si vous teniez pour la bonne cause ; elle sait si les femmes qui l’environnent ont du rouge, si la hauteur de leur coëffure peut entrer dans le confessionnal. Elle restera silencieuse, si dans le cercle elle apperçoit un profane ; elle n’ouvrira la bouche qu’en cas qu’elle puisse parler sans exposer ses paroles à la dérision des impies ; c’est ainsi qu’elle appelle quiconque n’a pas un directeur connu.

Si sa voisine a une robe garnie avec une certaine élégance, tout-à-coup son front muet devient un sermon contre le danger des parures. Elle ne répondra que par des monosyllabes séveres au mondain ; mais elle jetera un regard de complaisance sur un petit rabat, & récompensera son attention, en lui adressant la parole.

Peu à peu elle s’échauffe, parle de l’horrible dépravation des autres quartiers, de l’irréligion qui marche le front levé dans le fauxbourg Saint-Germain, & de la damnation éternelle, qui attend tous ceux qui n’entendent pas la messe aux Capucins du Marais.