CHAPITRE XLIV.

Fosses vétérinaires.


Léquarrissage des chevaux a mérité l’attention de la police. On appelle équarrisseurs les gens qui tuent les chevaux, & équarrissage l’action de les dépouiller & de les dépecer. On appelle boyautiers les gens qui commercent les intestins d’animaux pour en tirer ces cordes d’instrumens qui deviennent harmoniques & sentimentales sous la savante main de nos artistes.

L’équarrissage des chevaux, dont les débris étoient dispersés sur les terreins adjacens, répandoit une odeur fétide & insupportable, pire que celle des vuidanges.

Ce spectacle dégoûtant de chevaux & d’animaux morts ou écorchés, de peaux, d’intestins, d’ossemens, de chairs, que des meutes de chiens venoient dévorer, & dont ils emportoient des lambeaux, vient de cesser enfin. On a établi des fosses vétérinaires aux quatre coins de la ville, & à plusieurs milles de Paris. Ainsi ce mêlange de matieres animales, qui augmentoit prodigieusement la putréfaction, n’infecte plus les fauxbourgs de la capitale. Nous nous empressons de le publier, nous voyons qu’on s’occupe plus que jamais du soin de remédier aux abus ; & cela nous donne plus de courage pour achever ce tableau, où, comme dans ceux de Rembrant, les couleurs noires dominent : mais ce n’est pas notre faute, c’est celle du sujet.