TITRE OEUVRE/L’Amour à passions/05

Jean Fort (p. 61-96).

V

Cette année
on reportera les ovaires


Des goûts et des couleurs il ne faut pas discuter. Tantôt on porte des grands chapeaux, tantôt on en porte des petits.

Il y a quelques années, on ne portait pas d’ovaires, on en reportera cette année. Ce ne sont pas les journaux de modes qui l’affirment, ce sont les journaux médicaux.

L’on se rappelle le succès avec lequel le Dr Pozzi lança l’ovariatomie. Entre une répétition générale et un dîner au Pré-Catelan, les femmes se faisaient enlever les ovaires. Certains hommes ne se mariaient qu’à la condition que leurs fiancées subissent cette opération, la grossesse déformant. On faisait monter ses ovaires en broche, on les naturalisait, c’était charmant. Et quelle gloire lorsqu’un soir, au cercle, le vicomte M. de B…, exhibant une épingle de cravate, déclara : « C’est un des ovaires de Mme de C… C’est son mari qui a l’autre ! »

Eh bien ! nos chirurgiens viennent de trouver le moyen de remettre ou changer les ovaires !

— Comment, Madame, vous n’avez pas d’enfants ! Le temps de vous enlever un ovaire et de le remplacer par celui d’une femme féconde, et le tour sera joué !

Mais, alors, à laquelle appartiendra et ressemblera l’enfant ? À la locataire ou à la propriétaire ? Que de procès en perspective !

… Qu’on nous permette, à ce propos, une petite digression. On verra que la chose n’est pas nouvelle !

Voici un document authentique (13 Février 1537) :

Arrêt notable de la Cour de Grenoble, donné au profit d’une demoiselle, sur la naissance d’un sien fils, arrivée quatre ans après l’absence de son mari, et sans avoir eu connaissance d’aucun homme suivant un rapport fait en ladite Cour par plusieurs médecins de Montpellier, sages-femmes, matrones, et plusieurs autres personnes de qualité convenable.

Entre Adrien de Montléon, Seigneur de la Forge, et Charles de Montléon, Écuyer, Seigneur de Bourglemont, Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, Appeleur et Demandeur en requête du 26 octobre, tendant à ce qu’il fût dit que l’enfant duquel était alors enceinte Magdeleine d’Auvermont, épouse de Jérôme de Montléon, Seigneur d’Aiguemère, d’une part ; et ladite Magdeleine d’Auvermont, Intimée et Défenderesse à l’intervention de ladite requête, d’autre part ; et encore Claude d’Auvermont, Écuyer, Seigneur de Marsaigrie, tuteur d’Emmanuel, jeune enfant depuis né, et ladite d’Auvermont, sa mère, intervenant avec maître Gilbert Malmont, avocat de cette cour, élu pour subrogé-tuteur et curateur audit Emmanuel, d’autre part. Vu les pièces de production et sentence dont est appel, les requêtes desdits de la Forge et Bourglemont, contenant, entre autres choses, qu’il y a plus de quatre ans que ledit seigneur d’Aiguemère n’a connu charnellement ladite dame Magdeleine d’Auvermont, son épouse, ayant icelui, Sieur son mari, en qualité de capitaine de chevau-légèrs, servi au régiment de Cressensault. Défenses de ladite dame d’Auvermont, au bas desquelles est son affirmation faite en justice, soutenant qu’encore que véritablement le dit sieur d’Aiguemère n’ait été de retour d’Allemagne, et ne l’ait vue ni connue charnellement depuis quatre ans, néanmoins que la vérité est telle, que ladite dame d’Auvermont, s’étant imaginée en songe la personne et l’attouchement dudit sieur d’Aiguemère, son mari, elle reçut les mêmes sentiments de conception et de grossesse qu’elle eût pu recevoir en sa présence, affirmant, depuis l’absence de son mari pendant les quatre ans, n’avoir eu aucune compagnie d’hommes, et n’ayant pourtant pas laissé de concevoir le dit Emmanuel ; ce qu’elle croit être advenu par la seule force de son imagination, et partant demande réparation d’honneur avec dépens, dommages et intérêts. Vu encore l’information en laquelle ont déposé dame Elisabeth d’Ailberiche, épouse du Sieur Louis de Pontrinal, Sieur de Boulogne ; dame Louise de Nacard, épouse de Charles d’Albret, Écuyer, sieur de Vinage ; Marie de Salles, veuve de Louis Grandsault, par la déposition desquelles il résulte qu’au temps ordinaire de la conception, avant la naissance dudit Emmanuel, ladite dame d’Auvermont, épouse du Sieur d’Aiguemère, leur déclara qu’elle avait eu lesdits sentiments et signes de grossesse, sans avoir eu compagnie d’hommes, mais après l’effort d’une forte imagination de l’attouchement de son mari qu’elle s’était formée en songe ; ladite déposition contenant, en outre, que tel accident peut arriver aux femmes, et qu’en elles-mêmes telles choses leur sont avenues, et qu’elles ont conçu des enfants dont elles sont heureusement accouchées, lesquels provenaient de certaines conjonctions imaginaires avec leurs maris absents, et non de véritable copulation. Vu l’attestation de Guillemette Garnier, Louis d’Artault, Perrette Chauffage et Marie Laimant, matrones et sages-femmes, contenant leurs avis et raisons sur le fait que dessus, et dont est question, lecture faite aussi du certificat et attestation de Denis Sardine, Pierre Meraupe, Jacques Gaffié, Jérôme de Révisin, et Eléonor de Belleval, médecins de l’Université de Montpellier ; informations faites à la requête du Procureur Général. Tout considéré, La Cour, ayant égard aux affirmations, certificats et attributions desdites femmes et Médecins dénommés, a déboulé et déboute lesdits de la Forge et Bourglemont de leur requête, ordonne que ledit Emmanuel est et sera déclaré fils légitime, vrai héritier dudit seigneur d’Aiguemère ; et, en ce faisant, la dite Cour a condamné lesdits Sieurs de la Forge et Bourglemont à tenir ladite d’Auvermont pour femme de bien et d’honneur dont ils lui donneront acte, après la signification du présent arrêt, nonobstant l’absence du Sieur d’Aiguemère, ni autre chose proposée au contraire par lesdits Sieurs de la Forge et Bourglemont, dont ils sont déboutés, sans dépens des causes principales et d’appel, attendu les qualités des parties. Fait en Parlement, le 13 février 1537.

Ste-Colombe dans le livre de qui nous avons trouvé cet arrêt bizarre le fait suivre de ces réflexions :

« … M. Castet, chirurgien de réputation, à Bordeaux, homme de lettres et secrétaire de l’Académie de cette ville, dans une lettre par lui directement adressée à MM. les auteurs du Journal des Savants, d’après un mémoire qu’il avait lu dans une séance publique de son Académie, rapporte un fait ayant le plus grand trait au système actuel des animalcules. Il est vrai qu’il tente de lui donner une toute autre explication, peut-être faute d’avoir eu aucune notion de la découverte de ce système physique.

« Il s’agit donc, dans le mémoire de cet Académicien de Bordeaux, d’un Kyste ou enveloppe membraneuse renfermant un paquet de cheveux, déjà assez longs, par lui trouvé comme adhérent à l’ovaire d’une femme, ou plutôt n’y tenant plus que par une espèce de sinus ou ramification, au moyen duquel il en tirait sa nourriture. Ce Kyste semble, avec raison, à l’auteur être un reste de fœtus formé dans l’ovaire, et qui, après avoir pris une vraie forme (puisque la tête était pourvue de cheveux), est venu ensuite à avorter par quelque cause accidentelle inconnue et totalement étrangère aux inductions qu’on en peut tirer.

« Effectivement, M. Castet conclut seulement de cette observation qu’elle doit servir de preuve à la conjecture particulière de M. Buffon, que l’on doit uniquement attribuer à la liqueur séminale de la femme tous les corps singuliers qui se trouvent dans les ovaires, en sorte que cette liqueur a la vertu et l’efficacité de produire d’elle seule des os et même des masses de chair, sans pouvoir néanmoins produire un corps complet et parfaitement organisé que par le concours de l’homme.

« N’était-il pas plus simple, en voyant un reste de fœtus encore adhérent à l’ovaire, d’en tirer l’induction que la femme peut, par elle-même, donner naissance à un corps complet ? Mais, comme cet aveu aurait trop favorisé le système de la génération solitaire, M. Castet ainsi que M. de Buffon ont invoqué l’admission du concours de l’homme comme seul capable de donner la perfection d’existence, la respiration et la vie.

… Autre extrait, celui-ci d’un rapport paru dans le Journal des Débats et lois du pouvoir législatif et des actes du pouvoir exécutif.

« M. Dupuytren, chef des travaux anatomiques de l’École de médecine, a fait à la Société un rapport sur le fœtus trouvé dans le ventre du jeune Bissieu, de Verneuil (département de l’Eure).

« Amédée Bissieu s’était plaint, dès qu’il avait pu balbutier, d’une douleur au côté gauche : ce côté s’était élevé et avait présenté une tumeur dès les premières années de sa vie. Cependant, ces symptômes avaient persisté sans empêcher le développement physique et moral de cet enfant, et ce n’est qu’à l’âge de treize ans que la fièvre le saisit tout à coup. Dès lors, sa tumeur devint volumineuse et très douloureuse. Au bout de trois mois, une sorte de phtisie pulmonaire se manifesta. Peu de temps après, le malade rendit par les selles un peloton de poils, et, au bout de six semaines, il mourut dans un état de consomption des plus avancés.

« À l’ouverture de son corps on trouva dans une poche adossée au côlon transverse, et communiquant alors avec lui, quelques pelotons de poils et une masse organisée ayant plusieurs traits de ressemblance avec un fœtus humain. Ce premier point établi, il était de la plus haute importance de déterminer la position de la masse organisée et le lieu où elle s’était développée. L’examen des pièces remises à la Société par M. Blanche, chirurgien à Rouen, ne laissa aucun doute qu’elle ne fût renfermée dans un kyste situé dans le mésocôlon transverse, au voisinage de l’intestin côlon et hors des voies de la digestion. À la vérité, ce kyste communiquait avec l’intestin ; mais cette communication était récente et en quelque sorte accidentelle.

« La dissection de cette masse, faite avec un soin extraordinaire, y a fait découvrir la trace de quelques organes des sens ; un cerveau, une moelle épinière, des nerfs très volumineux, des muscles dégénérés et une sorte de matière fibreuse ; un squelette composé d’une colonne vertébrale, d’une tête, d’un bassin et de l’ébauche de presque tous les membres. L’existence de ces organes suffit certainement pour établir l’individualité de cette masse organisée, quoique d’ailleurs elle fût dépourvue des organes de la digestion, de la respiration, de la sécrétion des urines et de la génération ; seulement, l’absence d’un grand nombre d’organes nécessaires à l’entretien de la vie doit le faire regarder comme un de ces fœtus monstrueux, destinés à périr au moment de leur naissance.

« Ce fœtus étant hors du canal alimentaire, on ne pouvait admettre qu’il eût été introduit dans le corps du jeune Bissieu après sa naissance. Le sexe du jeune Bissieu, bien constaté par MM. Delzeuze et Brouard, sur l’invitation de M. le Préfet de l’Eure, ne permettait d’ailleurs ni de penser qu’il eût été fécondé, ni qu’il eût pu se féconder lui-même.

« Les faits qui servent de base au rapport conduisaient naturellement à des idées différentes de celles-là : l’indisposition à laquelle le jeune Bissieu était sujet depuis son enfance ; la nature des symptômes qui la caractérisaient ; ceux de la maladie qui lui a succédé immédiatement, et les faits découverts à l’ouverture du corps sont tellement liés qu’il est impossible de ne pas voir entre eux une dépendance nécessaire, et de ne pas admettre que ce jeune infortuné a porté en naissant la cause de la maladie à laquelle il a succombé au bout de quatorze ans seulement.

« Mais en admettant que ce fœtus soit contemporain de l’individu auquel il était attaché, il reste toujours une grande difficulté à lever, celle de sa situation dans le mésocôlon transverse… Il n’est pas rare de voir des jumeaux naître accolés par le dos, etc… Une compression plus ou moins forte, exercée par les organes de la mère sur des embryons extrêmement mous, peut produire ces monstruosités ; dans d’autres cas, les jumeaux sont tellement identifiés que les organes sont communs et servent à la fois à la vie des deux. Dans le premier cas, la cause est mécanique ; dans le second, c’est un vice d’organisation des germes… Dans le cas du jeune Bissieu, ou bien des deux germes d’abord isolés l’un a pénétré par l’effet de quelque action mécanique, ou bien, par une disposition primitive dont il serait aussi difficile de rendre raison que de tout ce qui a trait à la génération, ils se sont trouvés entre eux dans les rapports où on les a vus par la suite.

« … Le fœtus a été nourri aussi longtemps qu’a duré la vie de celui qu’on doit regarder comme son frère ; l’absence de toute essence d’altération putride dans son corps et la perméabilité de ses organes de la circulation ne laissent aucun doute à cet égard ; le défaut des organes de la digestion ne formait point une objection contre la vie de ce fœtus, puisque ces organes, simplement nourris dans les fœtus ordinaires, n’exercent leurs fonctions qu’après la naissance. Mais cette vie a dû se composer d’un très petit nombre de fonctions, à cause de la structure particulière de ce fœtus ; les seuls organes de la circulation exerçaient chez lui une action nécessaire à la vie de tous les autres ; ils prenaient et donnaient nécessairement le sang du mésocôlon au fœtus et du fœtus au mésocôlon.

« La Société de l’École de Médecine a arrêté que le rapport serait inséré en entier dans le premier volume de ses œuvres, ainsi que les dessins faits sur toutes les parties du corps du fœtus par MM. Cuvier et Jadelot. »

Citons encore quelques faits :

En Perse, les femmes stériles croient fermement qu’il leur suffit, pour devenir fécondes, de passer sous le corps d’un homme mort depuis peu de temps, et que les esprits animaux et volatils qui émanent de ce corps inanimé influent tellement, même de très loin, sur elles qu’ils revivifient et les mettent en état de devenir mères.

Dans le même pays, d’autres femmes recherchent les canaux des eaux qui s’écoulent des bains particuliers à l’autre sexe, et elles attendent qu’il y ait un grand nombre d’hommes : alors, elles s’empressent de remonter plusieurs fois ces eaux à l’endroit le plus proche de leur sortie.

Aristote, dans ses Problèmes, rapporte qu’une femme fut fécondée pour s’être baignée dans une cuve d’où venait de sortir un homme.

Wollaston a écrit : « Si la semence dont tous les animaux sont produits est, comme je n’en doute pas, composée d’animalcules déjà formés, et qui, distribués dans des endroits convenables, sont pris avec les aliments et peut-être même avec l’air, puis séparés dans le corps des mâles par des espèces de couloirs ou vaisseaux secrétoires propres à chaque espèce, et ensuite logés dans les vaisseaux séminaires, où ils sont dans le cas de recevoir quelques additions et quelque influence particulière, et si, passant de là dans la matrice des femelles, ils y sont nourris plus abondamment et y prennent ainsi une croissance qui devient bientôt beaucoup trop forte pour qu’ils y puissent rester plus longtemps, gênés et resserrés, je dis que si c’est là le cas ordinaire de la génération des différents êtres… »

Virgile dit : « Les juments portent quelquefois la tête au vent, et, s’arrêtant sur les montagnes, elles y respirent le zéphyr ou vent du couchant ; d’où il arrive souvent que, sans s’être accouplées, elles conçoivent par la seule influence de ce vent ; elles courent, ensuite, à travers les vallons et la montagne, sans jamais se tourner vers l’orient, mais toujours vers le septentrion ou vers le midi. »

Hippocrate assure que sa mère n’avait eu aucun commerce charnel avec son père pendant près de deux années avant sa naissance ; que, se promenant, un soir, dans son jardin, elle se sentit tout à coup agitée d’une façon surprenante, telle qu’elle ne pouvait elle-même l’expliquer, et que c’était de ce moment qu’elle comptait pour la naissance de son fils.

Le cardinal de Polignac, auteur de l’Antique Lucrèce, dit la même chose de sa mère.

… Mais, abordons une autre question du même genre :

La femme est-elle nécessaire pour procréer ?

Écoutez Paracelse :

« On ne doit pas abandonner la génération des homuncules ; en effet, il y a quelque vérité en cette matière, bien que pendant très longtemps elle fût regardée comme très occulte et très secrète. Et, longuement, quelques philosophes anciens discutèrent et doutèrent s’il était possible, par la nature et l’art, d’engendrer un homme en dehors du corps de la femme. À quoi je réponds que cela ne répugne nullement à l’art spagyrique et à la nature ; bien plus, que cela est très possible. Pour y parvenir on procède ainsi : on concentre dans un alambic scellé une suffisante quantité de sperme d’homme, à la plus haute température d’un ventre de cheval, pendant quarante jours, ou aussi longtemps qu’il est nécessaire pour qu’il commence à vivre et à se mouvoir, ce qu’on voit facilement. Après ce temps, il sera semblable à un homme, mais cependant translucide et sans substance. Si, ensuite, chaque jour, en secret, il est nourri avec précaution de sang humain et maintenu pendant quarante semaines à la température constante d’un ventre de cheval, il devient un véritable enfant, ayant tous les membres d’un fils d’une femme mais beaucoup plus petit. C’est ce que nous appelons l’homuncule. Et il doit être élevé avec beaucoup de diligence et de soins jusqu’à ce qu’il grandisse et commence à raisonner et à comprendre… C’est un des plus grands secrets révélés par Dieu à l’homme mortel et capable de pécher… »

Christian indique une autre méthode :

« Prenez un œuf de poule noire et faites-en sortir une quantité de glaire égale au volume d’une grosse fève.

« Remplacez cette glaire par du sperme d’homme, et bouchez la fente de l’œuf en y appliquant un peu de parchemin vierge légèrement humecté.

« Mettez ensuite votre œuf dans une couche de fumier le premier jour de la lune de Mars que vous connaîtrez par la table des Épactes. Après trente jours d’incubation, il sortira de l’œuf un petit monstre ayant quelques apparences de forme humaine.

« Vous le tiendrez caché dans un lieu secret et le nourrirez avec de la graisse d’aspic et des vers de terre. Aussi longtemps qu’il vivra, vous serez en tout. »

… Voici, maintenant, un extrait de la lettre adressée par John Hill à « Messieurs de la Société royale de Londres » :

« … L’évènement répondit à mon attente ; et lorsque je fus en possession d’une quantité suffisante de ces germes, originaux d’existence, vrais atomes non encore déployés et les plus petits êtres de la nature, ce fut encore pour moi une opération bien difficile et à laquelle je ne parvins qu’après bien des tentatives infructueuses que de les pouvoir prendre et fixer devant moi, de manière à pouvoir démêler leurs espèces, n’ayant dessein principal que de m’occuper de ceux spécialement destinés à notre propre reproduction. Enfin, je parvins à faire ce triage ; et mettant à part ceux qui me parurent vraiment formés pour ce but particulier de la nature, je les répandis avec le plus grand soin, comme des œufs de vers à soie, sur du papier blanc, sous un bocal du grain le plus fin ; précaution d’autant plus nécessaire que le moindre courant d’air pouvait les emporter.

« Prenant alors mon meilleur microscope, je distinguai clairement que ces petits animalcules étaient de petits êtres humains de l’un et l’autre sexe, exacts dans tous leurs membres, dans tous leurs traits caractéristiques et dans toutes leurs proportions ; en un mot je les voyais comme des candidats aspirants à la vie et n’attendant pour y arriver que le moment où ils pourraient être suffisamment imbibés d’air et ensuite d’une nourriture à eux convenable, lorsqu’ils auraient passé par les vaisseaux homogènes de la génération.

« Après ce premier succès, bien propre comme vous devez le penser à m’encourager à suivre mon entreprise, je continuai de faire nombre d’expériences de toute nature, mais qui seraient trop longues et trop ennuyeuses pour que j’ose vous les détailler. Tout ce que je peux vous en dire est qu’elles me coûtèrent une année entière d’un travail d’autant plus pénible qu’il m’y fallait apporter l’attention la plus sérieuse ; mais, à la fin, j’eus l’inexprimable satisfaction d’établir solidement toutes mes idées sur la doctrine des embryons et sur celle de l’air qui les contient et des vents qui en sont le premier véhicule.

« Je trouvai donc en résultat que, comme la génération des insectes est pour l’ordinaire amenée par un vent d’Est, les animalcules destinés à la reproduction des êtres humains viennent toujours par un vent opposé, à savoir par celui du couchant ; mais ce que les uns et les autres de ces deux sortes d’essaims ont entre eux de commun est qu’ils paraissent à l’œil nu encore plus petits que des mites, et qu’ils semblent tous uniquement destinés à la même fin d’existence, fruges consumere nati, n’ayant d’autre but que de consumer les fruits de la terre.

« Il me restait encore à faire dans ma découverte deux pas presque d’une aussi grande importance que les premiers, et sans doute encore plus difficiles.

« D’abord il me fallait savoir si ces animalcules, dont je pouvais me mettre en possession, pourraient acquérir la maturité nécessaire à leur existence en passant seulement dans les vaisseaux séminaires et dans la matrice de la femme. Cependant, cette première difficulté ne m’affectait pas essentiellement. Il était effectivement très difficile de savoir au juste quand une femme aurait imbibé toute la semence nécessaire pour qu’un de ces animalcules de notre espèce pût parvenir par les vaisseaux séminaires jusqu’à la matrice, s’y établir et en quelque sorte y prendre racine à l’effet de s’y développer, et au bout du terme convenable d’en sortir à ma satisfaction.

« Il y avait encore pour le moins autant, de difficultés à m’assurer que la femme sur laquelle je ferais mon épreuve n’eût aucune sorte de commerce avec les hommes jusqu’à ce que l’expérience eût le temps de produire son effet, et que j’eusse pu le constater bien évidemment. Le sexe est si fragile que je ne pouvais ni ne devais me fier à ses promesses. Ainsi, j’avais tout à craindre si je mettais cette femme dans ma confidence, ce qui d’ailleurs eût été de la plus haute imprudence dans le cas actuel. Il fallait donc que le sujet que j’y emploierais n’en eût aucune connaissance, et aussi que je le préservasse comme malgré lui de la moindre habitude avec quelque être de notre sexe. Jugez quel devait être mon embarras. Si je choisis une femme mariée, me disais-je, que d’inconvénients de toutes parts ! Les difficultés deviennent innombrables. Si je prends une fille dans sa première jeunesse serai-je plus sûr de sa virginité ? De tout temps cette marchandise a passé pour bien équivoque et bien fragile ; et, si je ne me trompe, elle n’a pas beaucoup changé de nature en se rapprochant de notre âge.

« Quelquefois il me venait dans l’esprit d’épouser une femme dont je ferais tout le bien-être, et sur laquelle j’aurais pu m’arroger une autorité absolue, et ainsi la tenir dûment renfermée jusqu’au moment de ses couches. Mais, m’objectais-je ensuite, elle se désespérera quand elle verra que je ne l’ai épousée que pour faire librement quelque expérience sur elle ; d’ailleurs, elle ne cherchera qu’à me contre-carrer, et précisément parce qu’elle aura reconnu qu’il m’importe qu’elle soit comme une vraie recluse, ainsi elle fera tout ce qui sera en elle pour jouir du commerce des hommes, et quand il serait vrai que ce serait le plus innocemment du monde, en devrai-je être bien convaincu, et dès lors serai-je assuré de mon expérience ?

« Je veux même, pour un moment, que cette femme ait assez de complaisance pour se prêter sans murmure au régime de vie qu’il m’est indispensable de lui faire tenir ; le lien que j’aurai contracté avec elle est indissoluble. Qui me répondra donc de son attachement pour moi ? Ne se défiera-t-elle pas de la continuation de ma tendresse ? Moi-même, puis-je me flatter d’en avoir pour elle quand je serai parvenu à mes fins ? Ainsi, je rebutai un projet si hasardé, et, après mille incertitudes, je me décidai à tout tenter sur une simple soubrette.

« La grande difficulté était d’en trouver une qui eût encore la simplicité, et si l’on peut s’exprimer ainsi, l’innocence de son premier état (nos jeunes villageoises, par la fréquentation des militaires, s’étant défaites depuis longtemps de cette réserve et de cette ingénuité qui les rendaient autrefois si estimables), j’eus donc bien de la peine à me décider. Cependant, à la fin, mon choix fait, je fis venir chez moi le sujet, et sous divers prétextes, je trouvai le moyen de l’y tenir exactement renfermé pendant près d’une année. Après un laps de temps aussi long, pendant lequel j’avais tout lieu d’être persuadé qu’elle n’avait même pas aperçu d’autre homme que moi, je me déterminai à commencer sur elle mon expérience. Dans cette vue, je lui persuadai qu’elle était malade ; ce qui me fut d’autant moins difficile que l’état d’inaction et de clôture lui avait donné une sorte de mélancolie.

« Alors, mêlant quelques animalcules dans une préparation chimique, je la fis prendre à cette fille comme une médecine. J’avais déjà eu, comme bien vous pensez, la précaution de renvoyer mon valet, et je ne permis, dans mon voisinage, à aucun être mâle de forme humaine d’aborder seulement mon logis. Je poussai même le scrupule jusqu’au point de soustraire de chez moi tout tableau ou gravure qui pût en faire naître la moindre idée.

« En six mois, ma potion avait fait un effet très visible sur le sujet que j’avais employé.

« Un matin que j’étais seul dans mon cabinet, réfléchissant sur ce grand évènement, cette fille vint m’y trouver les larmes aux yeux ; et, m’ayant, demandé la permission de me faire une question, elle me pria instamment de lui dire s’il était possible d’enfanter au bout de trois ans ? Il m’était aisé de comprendre sur-le-champ quel était le vrai but de cette demande ; cependant, affectant un air d’ignorance et prenant la gravité de ma profession, je lui enjoignis de s’expliquer plus clairement. Pour lors, interrompue sans cesse par des sanglots, elle me bégaya : « qu’elle était étonnée de certains symptômes ; que le ciel était témoin de sa sagesse ; qu’elle ne savait ce qui se passait chez elle, mais qu’elle avait tout lieu de se croire enceinte ; cependant, qu’elle pouvait jurer sur ce qu’elle avait de plus sacré de n’avoir pas été touchée par aucun homme depuis trois ans. »

« — Ainsi donc, lui dis-je d’un ton mêlé de douceur et de sévérité, vous avouez que vous vous êtes rendue coupable d’incontinence il y a environ trois ans ?

« — Hélas ! oui, Monsieur, me répondit-elle. Ce serait folie de ma part de vouloir nier à un homme de votre savoir et aussi pénétrant que vous… Ainsi j’aime mieux tout vous découvrir sans aucun déguisement… Vous saurez donc, Monsieur, que mon dernier maître était ministre… que Dieu lui pardonne, et à moi aussi ! Je… je…

« Voilà tout ce que je pus tirer d’elle.

« Je me flatte, Messieurs, que vous me pardonnerez de m’être arrêté sur des particularités qui paraîtraient peu intéressantes à des yeux moins clairvoyants que les vôtres. En effet, comme il m’importe absolument, dans une affaire de la conséquence de celle-ci, et aussi intéressante pour le genre humain, de faire voir avec quelle précaution et quel scrupule j’ai suivi tous mes procédés, il m’était nécessaire de peindre la naïveté et la simplicité de cette fille qui m’étaient un sûr garant et une preuve sans réplique de sa bonne foi. Ceux qui n’écrivent que pour l’amusement de leurs semblables peuvent, à leur gré, choisir et retrancher telles circonstances que bon leur semble, selon qu’elles leur paraissent avantageuses ou inutiles. Mais nous qui, par état, sommes nécessairement attachés à la vérité, nous devons écrire comme si elle nous tenait à la chaîne.

« Au surplus, qu’il me suffise de vous dire que je tranquillisai cette fille sur son état, en lui donnant à croire que, par quelque cause particulière et inconnue, la nature avait été chez elle en défaut, ce qui avait occasionné un retard aussi singulier ; en sorte qu’elle se retira persuadée que sa grossesse actuelle devait remonter jusqu’au temps où elle s’avouait coupable d’une faiblesse, il est vrai, passagère, mais n’en avait pas moins été suivie de l’effet qu’elle était dans le cas de produire.

« Pour remettre son esprit dans la plus parfaite tranquillité et lui faciliter de plus en plus une heureuse délivrance, il n’y eut sortes d’attentions et même de complaisances que je ne misse en usage, au point que je parvins à lui faire reprendre sa première gaîté, et qu’au bout de neuf mois, à dater de mon essai sur elle, elle mit au monde un gros garçon qui promit bien de vivre, et que j’ai élevé sous mes yeux comme mon propre enfant, malgré les caquets et les calomnies du voisinage ; et je ne doute aucunement qu’avec le temps il ne parvienne au grade honorable de juge ou d’alderman, et peut-être à quelque autre dignité plus éminente. En effet, que ne puis-je pas espérer d’un sujet vraiment neuf dans cette espèce, comme n’étant point dans le cas de tenir, en aucune manière, des vices et de l’inconduite de ses auteurs ? »

… Autre question, maintenant. Pendant que nous y sommes, n’est-ce pas, allons-y !

Peut-on avoir fille ou garçon à volonté ?

Voyons les diverses théories et recettes anciennes et modernes.

D’abord, les légendes religieuses :

« Quand tu voudras te séparer de ta femme, ne te lève pas tout d’un coup, mais descends doucement de son côté droit, et si elle a conçu elle engendrera un mâle ». (Cheikh Nefzavin. — Jardin parfumé).

« Le moment qui suit la séparation de l’époque des menstrues et qui est dans la loi — plutôt dans la religion — juive une injonction forcée de douze jours est le moment le plus favorable pour avoir une fille. Il faut, au contraire, pour avoir un garçon que l’homme désirant ardemment sa femme la surprenne, pour ainsi dire, à l’improviste, et qu’il ne récidive pas à bref délai ses relations conjugales. » (Le Talmud).

Passons à des théories un peu plus scientifiques. Plusieurs se contredisent. Qu’importe ? Le hasard n’existe pas. Une fois fécondé, l’œuf ne se dirige pas indifféremment vers le sexe mâle ou le sexe femelle, son évolution suit une loi.

Quelle est cette loi ?

Nous l’ignorons, mais, chaque jour, le mystère s’éclaircit. Fasse Dieu, du reste, qu’il ne le soit jamais complètement ! Si les causes qui procèdent à la détermination des sexes nous étaient connues, il s’ensuivrait un bouleversement général des conditions de l’existence civilisée ; très rapidement, l’humanité se trouverait aux prises avec des difficultés extraordinaires qui mettraient en jeu son existence même…

Hippocrate disait :

« Si l’homme veut avoir un garçon, il n’a qu’à annihiler son testicule gauche, à le détruire, ou encore, tout simplement, se lier délicatement et fortement le cordon spermatique du même côté pendant la fécondation. »

Il se basait sur cette donnée que plusieurs femmes n’avaient eu que des filles d’un premier mari tandis qu’elles n’eurent que des garçons avec un second ; d’autre part, des hommes n’avaient obtenu que des filles d’une première femme, alors qu’ils n’avaient eu que des garçons d’une seconde.

Il admettait que chaque glande secrétait un liquide différent. Le testicule droit étant plus haut situé, plus soutenu que le gauche, Hippocrate pensait que le droit, plus fort, plus robuste donnait une liqueur mâle, et le gauche une liqueur femelle.

Beaucoup plus tard, en 1750, Couteau, dans son livre L’Art de faire des garçons, écrivait :

« Trois fois j’ai fait pencher ma femme sur le côté gauche ; trois, fois elle a eu un garçon. »

En 1830, Millot disait :

« L’observation m’a prouvé que l’ovaire droit formait constamment le sexe masculin, donc que cet ovaire a élaboré des atomes nécessaires à cette production, tandis que l’ovaire gauche fournit constamment le sexe femelle. Pour procréer à volonté il suffit donc d’une inclinaison moyenne sur le côté que l’on veut féconder. »

Guillou affirmait, aussi, que l’ovaire droit fournit constamment le sexe masculin, tandis que l’ovaire gauche fournit le sexe féminin…

Pour Lowenhard, la susceptibilité de la nature augmente et diminue selon les phases de la lune. La plupart des femmes sont réglées à l’époque de la pleine lune, cela va diminuant jusqu’au douzième ou quatorzième jour après la pleine lune. Selon que l’accouchement d’un enfant à terme a lieu pendant la lune croissante ou décroissante, la nature acquiert la propriété de produire dans la conception suivante un germe mâle ou femelle. L’accouchement, pendant la lune croissante, fera que le fœtus de la grossesse suivante sera du sexe masculin ; au contraire, si la femme accouche pendant que la lune décroît, elle fera une fille dans son prochain accouchement.

Les rapports entre la menstruation et les révolutions de la lune ont frappé nombre de médecins.

« Je crois, dit Guiard, qu’un rapport fécondant pratiqué trois ou quatre jours avant les époques produit normalement une fille, et, trois ou quatre jours après, un garçon. Quels que soient les points secondaires au sujet desquels nous restions dans l’ignorance, je n’en considérerais pas moins le problème comme résolu dans sa partie fondamentale si des faits assez nombreux nous donnaient l’entière certitude que dans l’immense majorité de ces cas on obtient à volonté garçon ou fille quand on observe les conditions ci-dessus énoncées ».

Thury conseille de faire saillir au commencement de l’époque de chaleur pour avoir des femelles, et à la fin du rut pour avoir des mâles.

« Chez la femme, dit Furst, la conception pendant l’anémie postmenstruelle a pour conséquence, dans un nombre extraordinaire de cas, la procréation d’un garçon. »

Pour Nicolopoulos, la première ovulation sera femelle si le dernier enfant est un mâle, et mâle si le dernier produit a été une fille. Tous les mois pairs après les couches, l’enfant sera du même sexe ; les mois impairs, du sexe opposé.

Avant d’aborder des théories plus sérieuses, reproduisons ces opinions — quelque peu contradictoires — de Mme d’Oranowskaïa :

« Le sexe du fœtus subsiste dans l’œuf même avant qu’il soit fécondé ; chez les hommes, le sexe se détermine au moment même de la fécondation, conformément aux conditions dans lesquelles se trouvent les copulants ; par conséquent, de chaque œuf capable de devenir un individu du sexe tantôt masculin, tantôt féminin, suivant les conditions et les circonstances favorisant l’évolution de l’un ou de l’autre sexe…

« Le sexe du fœtus dépend du degré de l’intensité du plaisir sexuel éprouvé par les deux copulants au moment même du coït, ou du manque absolu de la sensation sexuelle, soit chez un des copulants, soit chez tous les deux. L’absence du plaisir chez les deux parents donne un fils ; l’absence chez l’homme un fils ; intensité plus grande chez la femme, un fils ; intensité égale, sexe masculin ».

Schenck (1901) pose ce principe :

Plus le sang des procréateurs est riche en globules, plus le sexe tend à la masculinité ; ou, encore, plus le chiffre des globules rouges s’élève dans le sang de la femme et se rapproche du quotient accusé par le sang de l’homme, plus le concept a des chances d’être mâle.

Il en résulte que si l’on n’institue pas un régime spécial chez les futures mères en leur donnant des aliments azotés en grande quantité avant la conception et en continuant pendant les cinq premiers mois de la grossesse, la mère donnera naissance à une fille.

Arrivons à la loi du plus faible générateur.

On peut l’énoncer ainsi :

L’être le plus faible au moment de la fécondation donne son sexe au produit de conception.

La mère fécondée prémenstruellement ou dans l’aménorrhée, la femme épuisée ou malade donnera naissance à une fille. Le père plus âgé, saturnin, tuberculeux ou alcoolique, l’homme fatigué, surmené engendreront un garçon.

Le parent le plus âgé donne son sexe au produit de conception.

Cette loi suppose donc que l’ovule n’a pas par lui-même de sexe défini.

« Qu’il me soit permis, dit Boissard (1903), d’élever le débat et de porter la question sur un terrain plus général en faisant une excursion dans le domaine physiologique ; l’ovule jeune, au début de sa maturité, est une cellule incomplète, imparfaite, puisqu’elle n’a pas encore acquis tout son développement, qu’elle n’a pas parcouru son cycle.

« C’est pourquoi cet ovule, cette cellule encore imparfaite, lorsqu’il y a fécondation, donnera naissance à un être faible, inférieur, c’est-à-dire à un produit féminin, à petit squelette, petits muscles, petit cerveau ; c’est là, croyons-nous, une démonstration anatomo-physiologique de la débilité de la femme qui, provenant d’une cellule à développement inachevé, doit se présenter comme un être qui n’est pas fini. »

« L’ovaire et le testicule, enseigne Delbeuf, se sont réservé le privilège de l’immortalité, jetant indéfiniment dans la vie les produits appelés à se développer et à reproduire le type des parents. Mais, entre l’excréteur et l’excrété il y a une opposition de nature sans quoi l’excrétion resterait inexplicable. La génération est le phénomène inverse de la copulation. Par conséquent, si nous disons de l’ovaire qu’il est femelle et du testicule qu’il est mâle, nous affirmons que les produits du premier sont des mâles et ceux du second des femelles ; ce qui veut dire, en d’autres termes, que la femelle est un mâlier et le mâle un femellier. »

Les exemples des vieillards donnant leur sexe sont nombreux.

Mme d’Oranowskaïa rapporte le fait suivant :

En Égypte, une tribu captura quelques centaines de femmes. Pendant le trajet, 482 d’entre elles devinrent enceintes ; elles mirent au monde 403 filles et 79 garçons.

Connaissant les mœurs des marchands d’esclaves, il est évident que les conceptions eurent lieu chez des femmes fatiguées ou des vierges violées.

Selon Richay, le sexe mâle est un degré d’évolution plus avancé que le sexe femelle, et tout œuf produit un mâle quand sa force reproductrice est à son maximum et qu’il arrive à son complet développement ; il produit une femelle dans le cas contraire.

La loi du plus faible générateur fait que toutes les causes d’affaiblissement chez un peuple donnent une hyper-natalité de garçons.

Les peuples fatigués, miséreux en fournissent des exemples probants.

Chez les Maoris de la Nouvelle Zélande, les enfants qu’on trouve sont le plus souvent des garçons. Le recensement des habitants des Îles Sandwich, en 1892, accusa 31.650 habitants mâles, et 27.249 femelles, soit 125 garçons pour 100 filles, au lieu de 105 pour 100, chiffre normal.

La guerre est une source d’affaiblissement. En Prusse, en 1869, les naissances furent nombreuses ; il y eut moins de garçons que de filles ; le pays était prospère. Deux ans plus tard, en 1871, excédent considérable de garçons.

Le surcroît des mâles était dû, d’une part, à la prospérité moindre ; d’autre part, à la mort d’un grand nombre d’hommes vigoureux ; pour propager l’espèce il y avait, surtout, des infirmes, des exemptés, des malades, des êtres faibles ou affaiblis par la campagne.

Pour Dusing, il y a surcroît de mâles chaque fois qu’il y a manque d’individus générateurs du même sexe. Il formule ainsi sa loi : Le chiffre d’accroissement est proportionnel à celui de la mortalité. Autrement dit, toutes les fois qu’une famille aura subi des pertes de sujets mâles, elle procréera d’autant, plus de produits de ce sexe. Il y aura donc un équilibre parfait et constant entre le nombre des naissances mâles et celui des naissances femelles.

Nous terminerons la revue de ces opinions assez différentes par ces aphorismes de Thury :

1o Le sexe dépend du degré de maturité de l’œuf au moment où il est fécondé.

2o L’œuf qui n’a pas atteint un certain degré de maturité s’il est fécondé donne une femelle ; quand ce degré de maturité est dépassé l’œuf, s’il est fécondé, donne un mâle.

3o Lorsque, en temps de rut, un seul œuf se détache de l’ovaire pour descendre lentement à travers le canal génital, il suffit que la fécondation ait lieu au commencement du temps du rut pour qu’il en résulte des femelles, et pour qu’il en résulte des mâles pendant son trajet dans le canal génital.

4o Lorsque plusieurs œufs se détachent successivement de l’ovaire, pendant la durée d’une même période génératrice, les premiers œufs sont généralement moins développés et donnent des femelles, les derniers sont plus mûrs et donnent des mâles. Mais, s’il arrive qu’une seconde période génératrice succède à la première, ou si les circonstances extérieures ou organiques changent considérablement, les derniers œufs peuvent ne pas atteindre au degré supérieur de maturation et donner des femelles.