Suite de Joseph Delorme/« Le vieux coursier hennit aux escadrons fumants »

SONNET


À la comtesse Marie.


Ἄλλος γάρ τ’ ἄλλοισιν ἀνὴρ ἐπιτέρπεται ἔργοις.
Homère, Odyssée, XIV.


........ Trahit sus quemque voluptas.
Virgile.


Le vieux coursier hennit aux escadrons fumants,
Le vieux nocher s’émeut au murmure de l’onde ;
Napoléon captif, s’il regardait le monde,
Lui lançait, dit Victor, de longs rayonnements.

Moi dont l’humble bonheur n’eut que de courts moments
Et de qui le destin moins hautement se fonde,
Si le frais souvenir m’offre une tresse blonde,
Mon œil a retrouvé ses éblouissements.


Ainsi quand je vous vis du premier jour, Madame,
Une boucle brillait sur votre joue en flamme ;
Il m’en était resté comme un éclair lointain.

Mais voilà que tardif, vous revoyant encore,
J’ai retrouvé la boucle aussi fraiche qu’Aurore,
Et le même rayon s’y jouait ce matin.