Suite de Joseph Delorme/« Ces beaux petits cheveux aux doux flots ondulés »


SONNET


À MARIE DITE LA PETITE BOHÈME.


Un or frisé de maint crespe anelet.
Ronsard.


Ces beaux petits cheveux aux doux flots ondulés,
Rebelles à la main, à l’ongle qui s’y joue,
Qui veulent s’échapper tout le long de la joue,
Oh ! laissez-les courir, oh ! laissez, laissez-les !

Tout frisés par nature et d’un tour fin roulés,
Sans qu’un réseau les serre ou qu’un ruban les noue,
Oh ! laissez-les ainsi, la grâce les avoue ;
Pétrarque les eût dits crépés ou crépelés[1].


Telle sur la colline, aux sources de Vaucluse,
La fontaine en courant, la Nymphe qui s’amuse
Laisse parfois un flot s’enfuir hors de son lit ;

Ou telle, au pied des monts, votre aimable Corrèze
Oublie à travers champs, dans les fleurs ou la fraise,
Quelque frais ruisselet dont le pré s’embellit.


  1. C’est par ces termes de crespés, crespelés, que les poëtes du seizième siècle traduisent volontiers les gentillesses de Pétrarque sur les cheveux de sa Laure.