Spéculations/Le langage instantané
LE LANGAGE INSTANTANÉ
Les députés de la Haute-Savoie pétitionnent, ce mois, au bureau de la Chambre pour l’organisation, à Paris, d’une première école modèle du « langage instantané ».
Il s’agit d’un alphabet universel qui résumerait tous les alphabets du monde en 45 lettres ordinaires, et inaugurerait pour toutes les langues une orthographe unique de la dernière simplicité. Les principes, non moins universels, du langage instantané, sont :
« Une seule lettre pour chaque son ;
« Le même son reproduit par la même lettre dans toutes les langues où il se rencontre. »
« Une seule lettre pour chaque son » implique, si nous comprenons bien, autant de lettres que de sons ; d’après cette méthode, en français, au lieu de cinq voyelles simples, de leur combinaison en diphtongues, et de leurs accents longs ou brefs, il y en aurait au moins quinze. Un très petit nombre de ces quinze lettres (qu’il faudrait inventer, puisqu’on veut des lettres isolées) pourrait resservir à orthographier d’autres langues. On aurait besoin, au lieu de l’i et de l’u, actuellement communs à plusieurs idiomes, de caractères nouveaux pour l’aï, l’iou et l’eu des Anglais, l’ou ou l’u des Allemands…
Millions et milliards d’économie, disent les prospectus : oui, il faudrait bien un milliard de lettres.