Traduction par Jules Barthélemy-Saint-Hilaire.
Librairie Philosophique de Ladrange.

Table des matières

du premier volume
de la physique d’Aristote.

pages.
Préface 
 i
Paraphrase de la Physique d’Aristote 
 1
Dissertation sur la composition de la Physique 
 415
Leçon de Physique, Livre I 
 429
Table des matière du premier volume 
 496

Table des matières

du second volume
de la physique d’Aristote.

pages.
Leçon de Physique, Livre II
 1
Leçon de Physique, Livre III
 67
Leçon de Physique, Livre IV
 138
Leçon de Physique, Livre V
 273
Leçon de Physique, Livre VI
 337
Leçon de Physique, Livre VII
 413
Leçon de Physique, Livre VIII
 453
Table générale des matières. 
 571
Table des matières du second volume. 
 639

La Physique
Traduction par Jules Barthélemy-Saint-Hilaire.
Librairie Philosophique de Ladrange (Tome 2p. 1-4).
LEÇONS DE PHYSIQUE


LIVRE II
DE LA NATURE


CHAPITRE PREMIER

Définition de la nature : elle est, dan les êtres, le principe du mouvement et du repos. Des êtres naturels. L’existence de la nature est évidente ; il n’est pas nécessaire de la démontrer. — La matière des choses n’est pas leur nature ; étrange opinion d’Antiphon. Définitions diverses de nature ; unité et pluralité des principes ; la nature est surtout la forme des êtres. De la privation.

§1.[1] Parmi les êtres que nous voyons, les uns existent par le seul fait de la nature ; et les autres sont produits par des causes différentes. §2.[2] Ainsi, c’est la nature qui fait les animaux et les parties dont ils sont composés : c’est elle qui fait les plantes et les corps simples, tels que la terre, le feu, l’air et l’eau ; car nous disons de tous ces êtres et de tous ceux du même genre qu'ils existent naturellement. §3.[3] Tous les êtres que nous venons de nommer présentent évidemment, par rapport aux êtres qui ne sont pas des produits de la nature, une grande différence : les êtres naturels portent tous en eux-mêmes un principe de mouvement ou de repos ; soit que pour les uns ce mouvement se produise dans l'espace ; soit que pour d'autres ce soit un mouvement de développement et de destruction ; soit que pour d'autres encore, ce soit un mouvement de simple modification dans les qualités. Au contraire, un lit, un vêtement, ou tel autre objet analogue n'ont en eux-mêmes, en tant qu'on les rapporte à chaque catégorie de mouvement, et en tant qu'ils sont les produits de l'art, aucune tendance spéciale à changer. Ils n'ont cette tendance qu'en tant qu'ils sont indirectement et accidentellement ou de pierre ou de terre, ou un composé de ces deux éléments. §4. La nature doit donc être considérée comme un principe et une cause de mouvement et de repos, pour l'être où ce principe est primitivement et en soi, et non pas par simple accident. §5.[4] Voici ce que j'entends quand je dis que ce n'est pas pas par simple accident. Ainsi; il peut très bien se faire que quelqu'un qui est médecin se rende à lui-même la santé ; cependant ce n'est pas tant qu'il est guéri qu'il possède la science de la médecine ; et c'est un pur accident que le même individu soit tout ensemble et médecin et guéri. Aussi est-il possible que ces deux choses soient parfois séparées l'un de l'autre. §6.[5] Il en est de même pour tous les êtres que l'art peut faire. Il n'est pas un seul d'entr'eux qui ait en soi le principe qui le fait ce qu'il est. Mais, pour les uns, ce principe est dans d'autres êtres, et il est extérieur, par exemple, une maison, et tout ce que pratique la main de l'homme. Pour les autres, ils ont bien en eux ce principe ; mais ils ne l'ont pas pat leur essence, et ce sont tous ceux qui ne deviennent qu'accidentellement les causes de leur propre mouvement.

§7. La nature est donc ce que nous venons de dire. §8.[6] Les êtres sont naturels et ont une nature, quand ils ont le principe qui vient d'être défini ; et ils sont tous de la substance : car la nature est toujours un sujet, et elle est toujours dans un sujet. §9. Tous ces êtres existent selon la nature, ainsi que toutes les qualités qui leurs sont essentielles : comme, par exemple, la qualité inhérente au feu de monter toujours en haut ; car cette qualité n'est pas précisément une nature, et n'a pas de nature à elle ; seulement elle est dans la nature et selon la nature du feu. §10. Ainsi, nous avons expliqué ce que c'est que la nature d'une chose, et ce qu'on entend par être de nature et selon la nature.

§11.[7] Mais essayer de prouver l'existence de la nature, ce serait par trop ridicule ; car il saute aux yeux qu'il y a une foule d'êtres du genre de ceux que nous venons de décrire. Or, prétendre démontrer des choses d'une com

  1. Par des causes différentes, l’intelligence de l’homme, par exemple, et l’art sous toutes ses formes. Voir plus bas §6 et 17
  2. C’est la nature qui fait les animaux, et voilà pourquoi on dit que ce sont des êtres naturels. Existent naturellement, ou sont par le seul fait de la nature
  3. Qui ne sont pas des produits de la nature, qui n'existent pas naturellement.— Ce mouvement se produise dans l'espace, comme pour les grands corps célestes.— De développement et de destruction, les animaux et les plantes qui naissent, se développent et meurent.— De simples modifications dans leurs qualités, les changements continuels auxquels tous les êtres sont soumis. Voir pour les espèces du mouvement les Catégories, ch.14, p.128 de ma traduction.— A chaque catégorie du mouvement, le texte n'est pas aussi précis ni aussi clair.— Accidentellement de pierre et de terre, comme dans l'ancienne physique, on n'admettait que quatre éléments, on pouvait dire qu'un lit, par exemple, avec le bois qui le formait, était un composé de terre. SI donc le lit a quelque tendance au changement, par exemple à changer de place, quand il tombe et obéit aux lois de la pesanteur par suite de quelqu'accident, ce n'est pas en tant que lit qu'il a cette tendance ; c'est en tant qu'il est composé de terre et pesant
  4. Voici ce que j'entends, l'exemple qui va être cité est purement accidentel, et il faudra en prendre le contre-pied pour comprendre ce qui n'est pas par simple accident.— Se rende à lui-même la santé, il est guéri en tant qu'il est malade et non pas en tant que médecin.— En tant qu'il est guéri, il semble qu'il vaudrait mieux renverser la proposition et dire : "Ce n'est pas en tant qu'il possède la science de la médecine qu'il est guéri." J'ai dû suivre le texte.— Et c'est un pur accident, tandis que c'est en soi qu e le médecin guérit la maladie, c'est-à-dire en tant qu'il est médecin et possède la science de la médecine
  5. Que l'art peut faire, voir plus haut §3 — Qui ne deviennent qu'accidentellement, voir plus haut §4.
  6. Sont naturels et ont une nature, il n'y a qu'un seul mot dans le texte grec ; j'ai cru devoir mettre les deux, afin d'être plus clair.— La nature est toujours un sujet, en tant qu'elle est la matière qui reçoit la forme et sert de support aux contraires.— Elle est toujours dans un sujet, en tant qu'elle est aussi la forme, qui est toujours dans une matière.
  7. L'existence de la nature, au sens que l'on vient d'expliquer pour les différents êtres.— Notoire de soi