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de Boileau et de Racine ; d’accord, mais toute la langue est-elle sous leur plume ? Pourquoi le génie de la nation se refuserait-il à des expressions énergiques et concises que ces écrivains auraient eux-mêmes employées ? Qu’il s’enhardisse à la reprise d’une foule de mots chers à nos ancêtres ; qu’il fasse la conquête de synonymes très-nuancés dans leur différence ; qu’il jouisse sur-tout désavantage inappréciable de mots composés qui resserrent les idées divagantes ; alors il pourra jouter avec les langues poétiques de ses voisins[1].

  1. On ne perd les états que par timidité ; il en est de même des langues. Je veux étouffer la race des étouffeurs ; je me sens pour cela les bras d’Hercule : il ne faut plus qu’enlever le pédant en l’air, et le séparer de ce qui fait sa force. Quand Corneille s’est présenté à l’Académie avec son mot invaincu, on l’a mis à la porte ; mais moi, qui sais comment on doit traiter la sottise et la pédanterie, je marche avec une phalange dé trois mille mots, infanterie, cavalerie, hussards ; et s’il y a beaucoup de morts et de blessés dans le combat, eh bien ! j’ai une autre armée en réserve, je marche une seconde fois, car je brûle de culbuter tous ces corps académiques, qui n’ont servi qu’à rétrécir l’esprit de l’homme. Si un Vocabulaire français doit avoir quelque teinte