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connues, et qui les assujétirait ensuite à sa syntaxe. Tous ces mots se feraient adopter dans le besoin ; on parlerait un peu obscurément d’abord, j’en conviens, mais peu à peu on naturaliserait tous ces termes étrangers ; et dans le besoin, il vaut mieux parler imparfaitement, que de ne point parler, ou que de parler trop tard.

Ceux qui ont un peu vécu dans le monde, n’ont-ils pas été frappés de la différence d’une jeune fille élevée sous les yeux d’une mère raisonnable, à un jeune homme qui fait ou qui a presque fait ce qu’on appele ses études ? La première a communément un maintien aisé, se sert de mots qui peignent avec précision, et non de phrases vagues, narre avec clarté ; le jeune homme abonde en circonlocutions, se sert de phrases, de périphrases, et non dés mots dont je parle. C’est que les femmes ont un véritable penchant à la Néologie ; et voilà pourquoi elles s’expliquent sans embarras, oublient quelquefois les liaisons des mots, et en mettent beaucoup dans les faits, connaissent tout ce qui est d’usage, et ajoutent à l’usage avec des graces naturelles.

La langue (dit-on) était pure sous la plume