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DE JULIE


n’est encore rien que cela : telle que vous me voyez, j’ai plus essuyé de refus aujourd’hui que je n’en ai fait en toute ma vie.

Vous ne savez pas ce qu’il en coûte pour apprivoiser les ours : oui, il m’a fallu main-forte pour enlever Monsieur de sa solitude. Cela ne m’étonne pas, madame, répondit le Marquis ; le mérite de Monsieur peut être tel que bien d’autres que vous ne feraient pas moins de démarches pour le posséder : je vous avouerai même que la vôtre justifie mon opinion. Il sera malheureux pour moi, monsieur, de ne pouvoir la soutenir, reprit M. Gerbo, avec autant de grâce que de modestie. Vous n’en êtes que trop capable, lui dis-je en me jetant à son cou ; qui peut en mieux répondre que moi ? Ah ! M. le Marquis, que ne lui dois-je point ? Quels sentiments, quelle générosité, quelle âme ! Vous aimez le vrai mérite : qui peut se flatter de l’emporter sur lui ? Je ne pus dans cet instant me refuser le plaisir de détailler les circonstances dans lesquelles j’avais éprouvé son bon cœur, sa délicatesse et la pureté de ses intentions, en me procurant des secours dont il se privait lui-même. La franchise avec laquelle ma petite vanité se sacrifiait de si bonne grâce à la reconnaissance, fit autant d’impression sur le Marquis que ce que je lui racontais de mon bienfaiteur, dont le modeste embarras se remarquait assez. Cette