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— Mais, cher maître, ce sont des empoisonneurs ! |
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m’écriai-je. |
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—Des empoisonneurs ?… Ce sont les plus |
—Des empoisonneurs ?… Ce sont les plus |
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grands astrologues des temps modernes, les |
grands astrologues des temps modernes, les |
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seuls héritiers de la kabbale ! Les vrais, les seuls |
seuls héritiers de la ''kabbale'' ! Les vrais, les seuls |
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empoisonneurs sont tous ces charlatans qui |
empoisonneurs sont tous ces charlatans qui |
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tiennent école de sophisme et d’ignorance. Ne |
tiennent école de sophisme et d’ignorance. Ne |
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sais-tu pas que tous les secrets de la kabbale |
sais-tu pas que tous les secrets de la ''kabbale'' |
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commencent à trouver leurs applications ? La |
commencent à trouver leurs applications ? La |
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pression de la vapeur, le principe de l’électricité, |
pression de la vapeur, le principe de l’électricité, |
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autres d’ignorants et s’attribuer le titre de |
autres d’ignorants et s’attribuer le titre de |
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sages ? Mais laissons cela, ma bile s’échauffe. » |
sages ? Mais laissons cela, ma bile s’échauffe. » |
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Et sa figure, impassible jusque-là, prit une |
Et sa figure, impassible jusque-là, prit une |
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expression de férocité sauvage. |
expression de férocité sauvage. |
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« Il faut que tu partes, Christian, s’écria-t-il |
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brusquement, il faut que tu retournes à Tubingue. |
brusquement, il faut que tu retournes à Tubingue. |
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—Pourquoi ? |
—Pourquoi ? |
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—Parce que l’heure de la vengeance est |
—Parce que l’heure de la vengeance est |
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proche. |
proche. |
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— Quelle vengeance ? |
— Quelle vengeance ? |
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—La mienne. |
—La mienne. |
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—De qui voulez-vous tirer vengeance ? |
—De qui voulez-vous tirer vengeance ? |
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—De tout le monde !… Ah |
—De tout le monde !… Ah ! l’on s’est moqué |
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de moi… on a conspué Maha-Dévi… on l’a |
de moi… on a conspué Maha-Dévi… on l’a |
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repoussé des écoles… on m’a traité de fou… |
repoussé des écoles… on m’a traité de fou… |
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de visionnaire… on a renié le dieu bleu, pour |
de visionnaire… on a renié le ''dieu bleu,'' pour |
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adorer le dieu |
adorer le ''dieu jaune''… Eh bien ! malheur à |
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cette race de sensualistes ! » |
cette race de sensualistes ! » |
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Et, se levant, il embrassa la ville immense du |
Et, se levant, il embrassa la ville immense du |
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regard, ses yeux gris s’illuminèrent, il sourit. |
regard, ses yeux gris s’illuminèrent, il sourit. |
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Quelques bateaux descendaient lentement la |
Quelques bateaux descendaient lentement la |
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Seine ; le jardin verdoyait ; les |
Seine ; le jardin verdoyait ; les voitures de |
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roulage, les chargements de vin, les charretées |
roulage, les chargements de vin, les charretées |
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de légumes, les troupeaux de bœufs, de |
de légumes, les troupeaux de bœufs, de moutons, |
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de pourceaux, soulevaient la poussière |
de pourceaux, soulevaient la poussière |
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des routes dans les profondeurs de l’horizon. |
des routes dans les profondeurs de l’horizon. |
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spectacle plus splendide et plus grandiose ne |
spectacle plus splendide et plus grandiose ne |
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s’élait offert à mes regards. |
s’élait offert à mes regards. |
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« Paris ! ville antique, ville sublime, s’écria |
« Paris ! ville antique, ville sublime, s’écria |
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Weinland avec une ironie poignante ; Paris |
Weinland avec une ironie poignante ; Paris |
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idéal, Paris sentimental, ouvre tes larges mâchoires : |
idéal, Paris sentimental, ouvre tes larges mâchoires : |
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voici |
voici venir, par tous les points de l’horizon, |
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du liquide et du solide pour renouveler |
du liquide et du solide pour renouveler |
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tes esprits animaux. Mange, bois, chante et ne |
tes esprits animaux. Mange, bois, chante et ne |
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Que te manque-t-il ? Elle t’envoie ses vins généreux, |
Que te manque-t-il ? Elle t’envoie ses vins généreux, |
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ses troupeaux, ses primeurs des quatre |
ses troupeaux, ses primeurs des quatre |
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saisons, ses belles jeunes filles rayonnantes de |
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jeunesse, ses hardis jeunes hommes, et ne te |
jeunesse, ses hardis jeunes hommes, et ne te |
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demande en échange que des révolutions et |
demande en échange que des révolutions et |
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des gazettes. |
des gazettes. |
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« Cher Paris ! centre des lumières, de la civilisation, |
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etc., etc., etc. ; Paris !… terre promise |
etc., etc., etc. ; Paris !… terre promise |
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du paradoxe , Jérusalem céleste des Philistins, |
du paradoxe , Jérusalem céleste des Philistins, |
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Sodome intellectuelle, capitale générale |
Sodome intellectuelle, capitale générale |
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du sensualisme et du dieu jaune !… sois |
du sensualisme et du ''dieu jaune'' !… sois |
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fier de tes destinées ; tu tousses : le sol tremble ! |
fier de tes destinées ; tu tousses : le sol tremble ! |
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tu te remues : le monde frissonne ! tu bâilles : |
tu te remues : le monde frissonne ! tu bâilles : |
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l’Europe s’endort ! Qu’est-ce que |
l’Europe s’endort ! Qu’est-ce que l'''esprit'' auprès |
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de la force matérielle incarnée ? Rien !… Tu |
de la force matérielle incarnée ? Rien !… Tu |
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braves les puissances invisibles, tu les bafoues ; |
braves les puissances invisibles, tu les bafoues ; |
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de Maha-Dévi et de la déesse Kâli va te donner |
de Maha-Dévi et de la déesse Kâli va te donner |
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une leçon de métaphysique ! » |
une leçon de métaphysique ! » |
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Ainsi s’exprimait Hans Weinland avec une |
Ainsi s’exprimait Hans Weinland avec une |
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animation croissante. Je ne doutais pas que la |
animation croissante. Je ne doutais pas que la |
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misère n’eût détraqué sa cervelle. |
misère n’eût détraqué sa cervelle. |
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Que pouvait faire un pauvre diable, sans feu |
Que pouvait faire un pauvre diable, sans feu |
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ni lieu, contre la ville de Paris ? |
ni lieu, contre la ville de Paris ? |
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Après ces menaces, redevenu calme tout à |
Après ces menaces, redevenu calme tout à |
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coup, et voyant quelques promeneurs monter |
coup, et voyant quelques promeneurs monter |
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le labyrinthe, il me fit signe de le suivre, et |
le labyrinthe, il me fit signe de le suivre, et |
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nous sortîmes du jardin. |
nous sortîmes du jardin. |
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« Christian , reprit-il en marchant, j |
« Christian , reprit-il en marchant, j'ai |
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quelque chose à te demander. |
quelque chose à te demander. |
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—Quoi ? |
—Quoi ? |
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— Tu connais ma retraite… là, je te dirai |
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tout. Mais il faut que tu me jures sur l’honneur |
tout. Mais il faut que tu me jures sur l’honneur |
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d’accomplir mes ordres de point en point. |
d’accomplir mes ordres de point en point. |
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— Je le veux bien ; à une condition cependant, |
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c’est que… |
c’est que… |
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—Oh ! sois tranquille, cela ne peut intéresser |
—Oh ! sois tranquille, cela ne peut intéresser |
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ta conscience. |
ta conscience. |
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—Alors je vous le promets. |
—Alors je vous le promets. |
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—Cela suffit. |
—Cela suffit. » |
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Nous étions arrivés devant le clos ; il en |
Nous étions arrivés devant le clos ; il en |
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poussa la porte et nous entrâmes. |
poussa la porte et nous entrâmes. |
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sous l’échoppe une quantité d’ossements |
sous l’échoppe une quantité d’ossements |
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amoncelés dans l’ombre. |
amoncelés dans l’ombre. |
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J’aurais voulu fuir, mais Hans Weinland |
J’aurais voulu fuir, mais Hans Weinland |
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m’observait. |
m’observait. |
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«Assieds-toi là ! » fit-il d’un accent impérieux, |
« Assieds-toi là ! » fit-il d’un accent impérieux, |
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en m’indiquant une grosse pierre, entre |
en m’indiquant une grosse pierre, entre |
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les piliers du toit. |
les piliers du toit. |
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J’obéis. |
J’obéis. |
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Lui, sortant alors de sa poche une petite |
Lui, sortant alors de sa poche une petite |
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pipe de terre, la bourra de je ne sais quelle |
pipe de terre, la bourra de je ne sais quelle |
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il s’assit en face de moi, les jambes |
il s’assit en face de moi, les jambes |
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étendues, sa grosse trique entre les genoux. |
étendues, sa grosse trique entre les genoux. |
||
« Christian, murmura-t-il, tandis qu’une |
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contraction musculaire indéfinissable creusait |
contraction musculaire indéfinissable creusait |
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les rides de ses joues, et relevait obliquement |
les rides de ses joues, et relevait obliquement |
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