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de N… ; il ne garda pas même avec moi les dehors de la politesse : une simple écriture à la porte de mon couvent, pour lui et pour sa mère, mit fin à ses prétentions.

Le marquis de Crevant se montra plus long-temps ; mais ses soins faisaient si peu d’impression sur moi, que je n’ai pas daigné en faire mention : j’étais cependant bien aise qu’il m’aimât assez pour en faire un sacrifice à Barbasan. Je ne l’avais point encore vu depuis que j’étais dans le couvent ; je demandai à Eugénie s’il ne m’était pas permis de le recevoir. Vous seriez bien fâchée, me dit-elle, si je vous disais non ; mais, après tout, je suis bien aise d’examiner son esprit, son caractère ; si je ne le trouve point tel que vous me l’avez dépeint, je ne ferai grâce ni à l’un ni à l’autre, et je n’oublierai rien pour vous séparer.

Je n’étais point alarmée de cet examen, Barbasan pouvait-il manquer de plaire ? Le cœur me battit cependant quand on vint m’annoncer qu’il était au parloir. Nos opinions, nos sentiments même cherchent encore à s’appuyer de l’approbation des autres. J’apportais à la contenance et aux discours de Barbasan une attention que je n’avais point eue jusque-là ; j’allais au-devant de ses paroles ; je crois que je l’aurais dispensé de m’aimer dans ce moment, et qu’il m’eût suffi qu’il se fût montré digne d’être mon amant. Il m’adressait inutilement la parole : attentive à l’examiner, je ne lui répondais point ; ce silence, si obligeant, s’il en avait su le motif, le toucha sensiblement ; il n’eut plus la force de soutenir la conversation ; j’y pris part à la fin, pour le faire parler ; mes