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[[Auteur:Charles Démia|Charles Démia]], ''Remonstrances à MM. du clergé, touchant l'établissement d'un séminaire pour la sainte éducation des jeunes gens pauvres que l'on destine aux emplois les plus importants, et abandonnés, du diocèse de Lyon, tels que sont ceux de vicaires, maîtres d'école, etc.'', 24 p.
 
https://books.google.fr/books?id=OB84dFok00QC
 
 
REMONTRANCES A MESSIEURS DU CLERGÉ Et aux personnes zelees pour la gloire de Dieu, et la discipline Ecclesiastique touchant I'Etablissement d'une espece de petit Seminaire, pour la sainte education des jeunes garcons pauvres, destinez pour les emplois les plus importants et abandonnez du Dioceze, tels que sont ceux de Vicaires, Maitres d'Ecole, Catechistes, etc.
 
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Commencement de la petite Communaute de S. Charles
 
Mais la providence de Dieu y a sceu remedier : comme elle a des ressorts entre ses mains que tout l'esprit des hommes ne scauroit quelquefois decouvrir elle a fait etablir dans Lyon depuis peu' de temps une Communaute d'Ecclesiastiques, qu'on nomme ''de S. Charles''. Cette Maison recoit les personnes qui pretendent s'engager a la Clericature et quoy qu'elles soient pauvres, on tache de leur procurer le moyen d'y subsister a si peu de frais, qu'il n'y en a presque point qui n'y puisse demeurer : Ils y ont la plus-part des avantages des Seminaires; ils y recoivent a peu pres les memes instructions, ils y font les memes exercices, ils y observent les memes reglemens; de sorte que le bien qu'on n'osoit pas seulement esperer, s'est trouve fait, sans que celuy qui contribuoit a cet etablissement y fit presque reflexion. C'est ce qui paroitra clairement par la deduction que 1'on va faire des commencemens de cette Communaute. UNE PERSONNE qui Bert depuis long-temps le Diocese, et a qui Dieu a donne quelque zele pour sa gloire et pour le salut des ames, s'estant applique a 1'etablissement des petites Ecoles pour l'instruction des Enfans de l'un et de 1'autre sexe, particulierement des pauvres, voyant que Dieu versoit tant de benedictions sur ce dessein, que dans tres-peu de temps l'on comptoit deja dans Lyon plusieurs Ecoles de garcons, sans parler de celles des filles,xqui sont en bon nombre, on pres de Sept a huit tens Pauvres apprennent, en divers endroits de la Ville, la doctrine Chrestienne, a lire, a ecrire, et a servir Dieu. Cette personne, dis-je, crut que le bon succez de cette entreprise dependoit presque uniquement de ]a bonte des Maitres ausquels on devoit confier le soin de ces Ecoles: elle avoit choisi pour cette fonction des Ecclesiastiques, parce qu'ils sont ordinairement plus propres a l'education de la jeunesse,9que des Laiques; et elle jugea qu'il seroit tres-avantageux de les faire vivre ensemble et dans une espece de Communaute, soit pour les instruire plus facilement dans 1'exercice de leurs fonctions, soit pour les rendre plus uniformes dans leur conduite, soit enfin pour les her plus etroitement par un meme esprit de charite, qui ne s'entretient jamais mieux que dans une Communaute reglee. Pour cet effet on proposa de les assembler dans le lieu on estoient les Ecoles du quartier de S. Nizier, lequel estant vuide hors du temps de la Classe, se trouvoit assez commode pour ce dessein. On fit connetre a ceux qui estoient pour Tors dans cet employ la satisfaction et les avantages qu'ils auroient de vivre en commun, et de pratiquer a peu pres les exercices qui se font aux Seminaires. On leur dressa quelques petits reglemens, on leur prescrivit un ordre pour les principales actions de la journee, et ils commencerent ensuite a observer les reglemens, mais avec tant de ferveur et de fidelite, que Dieu benissant ces petits premices de piete, inspira d'abord a quelques autres jeunes Clercs qui etudioient [p. 5] au College, le dessein de se joindre a ces Maitres d'Ecoles; ils y furent attirez par le desir de pratiquer avec eux les memes exercices, et par le peu de depense qu'on faisoit dans cette Maison. ItsIls s'adresserent done a celuy qui en avoit la direction, pour y estre admis; on les y receut; et on appella pour lors cette Maison l'Auberge Clericale; mais depuis le nombre de ceux qui se presentoient pour y demeurer s'augmentant toujours, et meme quelques Ecclesiastiques de la Ville faisant instance pour y entrer, on crut que Dieu sans doute avoit quelque dessein sur cette Assemblee, que l'on ne connoissoit pas; on fit pour cela quelques Prieres, on en confera avec des personnes eclairees et zelees pour la discipline de 1'Eglise: et comme on eut fait connetre a Monseigneur l'Archeveque le projet et le petit essay qu'on avoit fait, sa Grandeur ne Il'ayant pas desapprouve, on resta plus convaincu que c'estoit la volonte de Dieu qu'on y recent les Pauvres, que le bon ordre et l'edification de la Maison y attiroient. Ce fut en cette occasion que l'on commenca a mettre cette Maison sur le pied d'une veritable Communaute: on y etablit tous les exercices reguliers des Seminaires, on se conforma a eux pour le lever du matin, pour la Meditation, 1'Oraison en commun, pour les heures d'etude et de classe du matin et de l'apresdinee, pour le chant, pour les ceremonies, pour Ia lecture spirituelle, pour l'examen particulier, pour les repetitions d'Oraison, pour les conferences spirituelles des Samedis, pour la recitation du Breviaire aux differentes heures du jour, pour les repas et la maniere de les prendre, pour les recreations, pour les heures du silence, pour les Offices solemnels, comme grandes Messes et Vespres, pour les Prieres et Examen du soir, enfin pour toutes les autres petites pratiques qui s'y observent.10 On a tache, dis-je, de se conformer aux Seminaires, on a cru meme qu'on devoit y ajouter quelques autres petits reglemens necessaires par raport aux fins que l'on se proposoit dans I'etablissement de cette Communaute; comme quelque petit travail manuel, peindre, blanchir ]a vaisselle d'argent, sravoir coudre et couper quelques ornemens d'Eglise, faire d'autres petits ajustemens, plier le linge, le tenir proprement, parer et orner les Autels, ballayer les Eglises, et s'appliquer a mule petites besognes, ce qui est d'une tres-grande utilite aux Ecclesiastiques, quand ils se trouvent engagez dans le service des Paroisses de la campagne. Outre ce travail des mains, on a pris soin de faire faire des exercices particuliers pour apprendre aux sujets de la Maison a faire un Prone, un Catechisme, a instruire la jeunesse, a bien conduire les enfans dans les Pedagogies," a assister les malades dans les Hopitaux, a se stiler dans les fonctions Curiales et Ecclesiastiques, et a s'acquitter dignement de tous les devoirs d'un bon Maitre d'Ecole et d'un bon Vicaire: Pour ce sujet, on leur fait etudier une Theologie Pastorale et de pratique: on les applique a des differens exercices par raport aux susdites fins. C'est ainsi que commenfa cette petite Communaute, qu'on ne nomma plus du nom d'Auberge Clericale, mais qu'on appella le petit Seminaire de S. Charles [p. 6], parce qu'on jugea a propos de mettre cette Maison naissante sous la protection de ce saint Cardinal, qui en a fourni la premiere idee dans de semblables etablissemens qu'il fit autrefois dans son Diocese. On luy fit donc porter ce nom, et on crut que l'on devoit cela, non settlement par reconnoissance a la memoire de ce grand Saint, a qui le Clerge a de Si considerables obligations, mais encor parce que celuy dont Dieu s'est servi pour cet etablissement en porte le nom,12et qu'il a pour ce saint Patron une veneration et un amour tout particulier: outre que l'unique fin qu'il a eu en cet etablissement estoit de faire revivre la vigueur de la discipline Ecclesiastique, dont ce grand Prelat a este le restaurateur dans son siecle. On n'a point eu jusques icy d'autre fond pour les frais de cet etablissement et pour la subsistance de cette Maison, que celuy de la divine Providence; on s'y est appuye entierement; on n'a point cherche d'autres secours que ceux qui viendroient de sa part. Et comme l'on erigeoit ce petit Seminaire en faveur des Maitres d'Ecole et des pauvres Clercs qui mettoient toute leur confiance en Dieu, on a cru qu'il ne leur manqueroit jamais rien du necessaire, puisque Dieu s'est engage si positivement a pourvoir a tous leurs besoins.
 
Ce fut aussi cette confiance qui soutint celuy dont Dieu s'est voulu servir pour cet etablissement; ce fut elle seule qui l'encouragea dans les difficultez et les peines qui accompagnent ordinairement ces sortes d'entreprises; ce fut elle qui le fit esperer contre toute esperance, et qui animant son zele dans les obstacles qui se sont presentez, luy a enfin procure ]a consolation de voir ce petit Seminaire de Clercs etabli avec succez a ]a gloire de Dieu, et au grand avantage de l'Eglise. Necessite et utilite de cet Etablissement EN EFFET, pour peu de reflexion qu'on fasse sur cet etablissement, it est aise de juger combien Dieu en sera glorifie dans la suite, de quelle utilite sera cette Communaute pour le Diocese, et quels seront les grands biens que tout le monde en retirera: 1'experience en a deja convaincu plusieurs; et it est certain que si Dieu avoit permis que cette Maison eut commence plutost qu'elle n'a fait, it y auroit plusieurs personnes qui auroient ressenty en particulier les biens qu'elle leur auroit procure: mais le peu de temps qu'il y a de son etablissement,13 qui est cause meme que tres-peu de gens la connoissent, a oblige d'informer par cet ecrit le public, de sa Necessite et de son Utilite; et on espere que la deduction brieve et simple que l'on va faire des avantages de cc petit Seminaire de S. Charles, persuadera sans doute a ceux memes qui pourroient estre prevenus du contraire, qu'il ne s'est fait de long-temps un etablissement dans la Ville ny plus utile, ny plus necessaire que celuy-cy. Premierement, soit que l'on considere la qualite des personnes que cette Maison recoit, soit que l'on examine la qualite des biens qu'elle procure, soit que l'on fasse attention aux diverses circonstances qui accompagnent les services qu'on leur rend, on ne trouve rien qui ne releve l'utilite de cette Communaute. Car en premier lieu, cc sont des Pauvres Clercs, destituez de biens et de secours humains, en faveur desquels on a etabli cette Maison. Celui qui en a forme le projet ne pouvoit voir sans compassion un tresgrand [p. 7] nombre de jeunes gens disgraciez des biens temporels, qui quoy que d'ailleurs avantagez d'un bel esprit et d'un bon naturel,14gemissoient pourtant de se voir exclus, et des Sciences et de la Clericature, seulement parce qu'ils manquoient d'un peu de biens, que des parens ne vouloient ou ne pouvoient leur donner; Il crut que ce n'estoit pas aymer veritablement 1'Eglise, que de souffrir sans peine que de rarer talens, qu'il decouvroit chaque jour dans plusieurs pauvres garcons, demeurassent inutiles; qu'il falloit se faire effort pour leur tendre la main, et que leur refuser quelque petit secours en cette occasion, c'estoit manquer aux premiers devoirs de 1'humanite. En effet, est-il personne qui merite avec plus de justice qu'on les ayde que ces pauvres Clercs? Its ne sont point eux-memes la cause de leur pauvrete, ce qui ne se rencontre pas tonjours dans ceux que la charite soulage ailleurs: Il n'y a pas a craindre qu'ils fassent un mauvais usage des secours qu'on leur donne, ce qui n'arrive que trop souvent dans les autres pauvres; puisque ceux-cy ne les demandent que pour s'appliquer a l'etude, et pour se mettre en estat de correspondre a leur vocation; Its ne scauroient par leur industrie suppleer a leurs necessitez, ce que peuvent faire les autres pauvres; parce que le temps qu'ils employeroient au travail, leur osteroit celuy qu'il faut indispensablement donner aux Sciences: ainsi it est evident que cette qualite de Pauvres pretendans aux Ordres, ou qu'on forme pour les Maitrises des Ecoles, que le petit Seminaire de saint Charles considere, et qui sont les seuls que l'on y recoit, a quelque chose qui releve d'une maniere particuliere la charite que l'on exerce a leur egard. MAIS VENONS AUX BIENS qu'on leur procure dans cette Maison. Les secours temporels qu'on leur donne pour leur subsistance ne sont pas peu considerables, ils y vivent a si peu de frais, qu'ils ne depensent que tres-peu de choses; et meme ce peu n'est pas exige de plusieurs, quand ils ont donne des preuves pendant quelque temps de leurs bonnes dispositions, et qu'on scait qu'ils ont peine a 1'avoir de leurs parens, ou d'ailleurs. Bien plus, pour leur epargner la confusion de ne pas payer comme les autres, on a fait ensorte de leur faire preter, et quelquefois fournir en secret une partie de Ia petite pension qu'on est oblige de donner. On pourroit en nommer plusieurs qui y ont subsiste de cette maniere pendant long-temps. Il est vray que ce seroit peu de chose que de contribuer a la nourriture du corps, et a 1'entretien de cette vie mortelle et perissable; si on ne regardoit que cela ce ne seroit du moins faire que ce que plusieurs autres font lorsqu'ils contribuent a la subsistance des pauvres; mais il faut avower que c'est faire beaucoup, quand les secours temporels qu'on donne aux pauvres leur procurent les moyens de cultiver leur esprit par l'etude, et de s'avancer dans les sciences, on leur fait plusieurs autres biens tout a la fois. On les tire de cette vie grossiere et animale que menent la pluspart de ceux qui n'ont point etudie, on les fait entrer dans une education honneste et Chrestienne, on regle leurs moeurs, on eclaire leur esprit, on les rend capables des emplois pour lesquels its n'auroient sans cela nulle habilete, on les met en estat de pouvoir faire un choix [p. 8] de vie avec connoissance et discernement, en examinant leurs forces, leurs talens, leurs inclinations, les engagemens, les obligations et les dangers de chaque condition, ce qui est d'une tres-grande consequence, et ce que ne peuvent point faire pour l'ordinaire ceux qui estant de basse condition n'ont aucunes lettres. Or le petit Seminaire de S. Charles procure tous ces avantages aux pauvres Clercs, en leur donnant le moyen de continuer leurs etudes, et de faire leur Theologie morale. On leur rend en cela un double service considerable qui est le principe et le fondement de tout le bien qu'ils peuvent faire dans ]a suite de leur vie. On dira peut-estre que les Colleges estant ouverts a toutes sortes de personnes, les pauvres aussi bien que les riches ont la liberte d'y etudier, et qu'ainsi ces Clercs avec leur petit secours temporel peuvent s'y avancer dans les Sciences, et y faire les memes progrez qu'ils feroient dans une Communaute: Ouy, Si on n'a egard seulement qu'aux etudes; mais si on fait reflexion aux dangers on ces pauvres Clercs se trouvent exposez, il nest personne qui ne juge aisement qu'il vaudroit mieux pour eux qu'ils n'etudiassent point, que de se rendre scavans en perdant leur innocence. Car on ne scait que trop par experience combien it est rare que les jeunes gens qui sont obligez pour aller au College d'entrer dans des conditions,15ou de se mettre en chambre, resistent aux occasions qu'ils y trouvent d'offenser Dieu: Comme ils sont jeunes, souvent peu circonspects, presque toujours melez avec des personnes de different sexe, et engagez souvent a rester long-temps dans des emplois et des conjonctures tres-dangereuses, il ne faut pas s'etonner s'il y en a si peu qui evitent ces pieges; la plus-part font naufrage, et it leur arrive malheureusement que pensant de se disposer d'un coste a la Clericature par l'etude des sciences qu'ils tachent d'acquerir, ils s'y indisposent beaucoup plus de l'autre, par la perte de leur innocence, et par la corruption de leurs moeurs. I1 est done tres-avantageux aux pauvres Clercs de trouver une Communaute dans laquelle ils puissent non seulement etudier commodement, et a peu de frais, comme dans celle-cy, mais encore y estre a couvert et eloignez des occasions d'offenser Dieu, qui sont si frequentes et qu'on ne scauroit presque eviter dans les maisons particulieres.
 
Joignez a cela les utilitez que l'on retire de la vie commune: elles sont tresconsiderables, et it semble que ]'esprit de Dieu se soit comme reserre presentement dans les Communautez reglees, pour se communiquer avec plenitude a ceux qui y demeurent: ]'experience fait voir tous les jours qu'on y fait moins de fautes, qu'on se releve plus facilement, qu'on y mene une vie reglee, qu'on y est instruit sur tous ses devoirs, qu'on y apprend tout ce qu'on doit scavoir, qu'on y est soutenu dans ses foiblesses, encourage dans ses difficultez, anime par les bons exemples, qu'il nest point d'action quelque petite qu'elle soft qui n'aye un merite particulier, puisqu'il n'est rien qui ne s'y false par obeissance; et enfin, que tout le bien qui se pratique ailleurs s'y fait dans la perfection.16 Ainsi it est facile de voir que la petite Communaute de S. Charles, qui est [p. 9] etablie pour le soulagement des pauvres Clercs pour leur dormer moyen de faire leurs etudes, pour les retirer des occasions du peche, ou leur jeunesse et leur pauvrete les exposent, pour leur procurer tons les avantages des grands Seminaires et Communautez Ecclesiastiques, dans la conjoncture la plus importante de toute la vie, qui est celle du temps on l'on fait le choix de son etat; II faut avower par toutes les raisons, que cet etablissement est un des plus utiles et necessaires qui se soient faits de nos jours. Mais pour en estre encor plus convaincu, il n'y a qu'a considerer l’etendue du bien qu'on s'est propose dans cet etablissement. On n'a pas voulu se resserrer dans les seuls avantages que retiroient les pauvres Clercs en demeurant en cette maison, quoy qu'ils soient considerables comme l'on vient de voir, on a porte ses veues beaucoup plus loin, et l'on a pretendu en formant de bons Maitres d'Ecole, et de bons sujets pour le service de l'Eglise, de se rendre utile non seulement a quelques particuliers, mais encor a tout le Diocese, et a une infinite d'ames, au salut desquelles on a voulu contribuer par ce moyen. Car ayant fait reflexion sur l'extreme peine qu'il y a de trouver des gens qui veuillent s'employer aux ministeres Ecclesiastiques penibles et laborieux, ayant remarque, que ceux qui ont du bien et qui sont accoutumez a une vie commode dans les Villes, ne scauroient se resoudre d'aller servir dans la campagne : que d'ailleurs ceux qui s'offroient pour ces employs n'avoient pour la pluspart ny les talens, ny ('experiencel’experience, ny les instructions necessaires pour y servir utilement : On a cru qu'on ne pouvoit rendre un service plus important aux Paroisses de ]a campagne, que de leur procurer de bons Vicaires qui travaillassent avec un zele infatigable au salut du prochain. Et it est a propos de faire rernarquer en passant, combien le service qu'on veut rendre en cette occasion est des-interesse; puisque on ne suit pas 1'exemple de plusieurs autres Communautez qui arretent chez elles, et qui s'incorporent les bons Sujets qu'elles rencontrent, pour les envoyer quelquefois servir dans les Dioceses strangers; cellecy au contraire, ne souhaite d'estre en etat, que pour se depouiller pour ainsi dire, et se priver de ce qu'elle a forme de meilleur pour le donner aux Eglises seules de ce Diocese." Le bon nombre d'ouvriers que ce petit Seminaire de S. Charles a fourni depuis quelques annees, et qui ont ete envoyez en divers lieux pour y servir, ont fait assez connoitre par leur vie exemplaire et par le succez de leurs travaux combien cette Maison est propre a former des bons Vicaires: c'est aussi pour cette raison que, Monseigneur l'Archeveque a bien voulu faire l'honneur d'en tirer des Sujets pour quelques unes de ses Paroisses les plus considerables. Comme les jeunes Clercs sont nourris en cette Maison fort sobrement et d'une maniere assez grossiere, ils n'ont pas de peine de se faire a la nourriture de la campagne, ils sont meme deja habitue a se servir, et a faire leur petit menage, par le soin qu'on prend d'en faire passer quelques-uns par l'oeconomie, on a reconnu que cela ne leur estoit pas tout-a-fait inutile, et que [p. 10] plusieurs se sont mis en estat de se passer de valets et de servante. De plus, les occasions qu'ils y ont d'instruire la jeunesse, de faire des Catechismes, de parler en public, d'apprendre le plein chant, les ceremonies de l'Eglise, et ]'administration des Sacremens, les rendent habiles dans les fonctions de Vicaire. Mais une des meilleures dispositions que Yonl'on trouve dans eux, est la dependance et la soumission. Comme on tache de les elever dans un esprit d'obeissance, que pendant le sejour qu'ils y font on a este exact a leur faire faire toutes choses par ce motif, et qu'on les prepare a aller servir indifferemment dans les paroisses on la providence les appliquera; i1 en est peu qui ne soient dans ces dispositions, et qui ne donnent satisfaction a Messieurs les Curez, et a ceux qui les employent. On est du moins assure qu'outre les bons services qu'on a sujet d'attendre d'eux, ils sont de bonne composition: car on leur inspire autant que l'on peut, le des-interessement (qui est si necessaire a un ouvrier Evangelique) et on les porte a ne chercher que leur subsistance, et a se contenter de leur nourriture et de leur entretien pour suivre le conseil du grand Apotre, qui exhorte tous les fideles it estre contents, lorsqu'ils ont de quoy se nourrir et de quoy se couvrir: Habentes autem alimenta, et quibus regamur, his contenti simus. Quand ce petit Seminaire de S. Charles ne feroit d'autre bien dans le Diocese que de former de bons Vicaires pour la campagne, it nest personne, qui s4achant la difficult& qu'il y a d'en trouver, et connoissant le grand besoin qu'en ont les Paroisses, ne juge cet etablissement d'une necessite, et d'une utilite inconcevable. Mais it en procure encor beaucoup d'autres tres-considerables. Comme it s'est tout consacre au service du Clerge, l'on y soulage Messieurs les Curez du voisinage dans les occasions extraordinaires ou ils ont besoin d'aide et de secours pour les ceremonies, le chant etc. afin de faire solemnellement l'office. Bien plus, on scait que les Curez sont quelquefois obligez par des necessitez inevitables, et souvent meme pour le bien de leurs Paroisses, de faire des voyages, et de s'absenter quelque temps, on scait quelle peine ils ont dans ces occasions pour trouver un Ecclesiastique qu'ils puissent mettre en leur place, il faut prendre le premier venu que l'on ne connoit point, il faut luy confier au hazard ce qu'on a de plus cher apres son salut qui est son troupeau. Ainsi on ne scauroit les obliger dans une conjoncture plus importante, que de leur donner des gens sur qui ils puissent se reposer entierement, et qui maintiennent les bons reglemens d'une Paroisse. C'est le service que la Communaute de S. Charles a commence de rendre a quelques Curez quand ils sont alles en Mission, ou qu'ils ont este employez à d'autres affaires, et que dans la suite on pourra peut-estre continuer si cette oeuvre est secourue.
 
Les paroisses de campagne ne sont pas les seules qui connoissent l'utilite de cette Maison et qui en ressentiront les avantages, celles de la Ville n'y auront pas moins de part. On est (a ce qu'on dit) tous les jours de plus en plus convaincu dans la Ville du fruit que produisent les petites Ecoles des [p. 11] pauvres; on est persuade qu'il seroit difficile de trouver un moyen plus efficace pour remedier it tons les desordres, et pour reformer les moeurs dereglees du petit peuple, qu'en procurant a leurs enfans une education Chretienne, et une instruction de tous leurs devoirs. Chacun approuve cet etablissement, et quand on considere les biens qu'il procure, il n'est personne qui ne rende mule actions de graces a l'Auteur de toute bonne oeuvre, pour une entreprise si utile au public.
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Or it est certain que le fruit de ces Ecoles ne subsistera et ne perseverera jamais qu'autant qu'on prendra soin de leur procurer de bons Maitres; it n'est pas si facile d'en trouver de bons qu'on se ('imagine: Le zele, la piece, la patience, la moderation, la fermete, la vie exemplaire et irreprochable, et toutes les autres qualitez qui sont necessaires a un Maitre d'Ecole,'8ne se rencontrent pas dans toutes sortes de gees: C'est pourquoy on peut assurer, que si les petites Ecoles sont, au sentiment de tout le monde, si necessaires et si utiles au public, le petit Seminaire de S. Charles ne le doit pas moins estre, puisque c'est luy qui fournit les sujets dont on se sert pour remplir les places des Maitres, puisque c'est luy qui les instruit sans relache, qui nourrit leur piete, qui les entretien dans la ferveur, qui les etablit dans l'uniformite de conduite, qui les fortifie dans l'epuisement et la dissipation de leurs exercices, et qui enfin les fortifie dans toutes les fatigues de leur employ. C'est aussi pour cette raison que Sa Majeste, accordant aux soins infatigables de Monseigneur 1'Archeveque, des Lettres Patentes pour l'etablissement d'un Bureau pour le soutien et l'avancement des Ecoles,'9a bien voulu accorder la meme grace pour le petit Seminaire de S. Charles2°qui ne contribue pas moins suivant le dessein de son etablissement, a former les Maitres d'Ecole de la Ville, que ceux de la campagne, dont tout le Diocese a grand besoin. Car c'est par le moyen de cette Maison qu'on assemble tous les mois ceux de la Ville, pour leur faire des instructions touchant leur employ, et le soin qu'ils doivent prendre de l'education de la jeunesse. C'est aussi en ce lieu on l'on envoye les personnel qui demandent des permissions pour enseigner, c'est la que, comme dans un Novisiat, on examine leurs vies et moeurs, leur capacite et aptitude pour cet employ, qu'on les stile dans leurs fonctions, et qu'on n'oublie rien pour former des dignes Sujets pour remplir les Maitrises des Ecoles, qui auparavant cet etablissement avoient este fort negligees et exposees, pour ainsi dire, a tous allans et venans: Enfin, lorsque ces Maitres ont este une foil etablis, et qu'ils veulent venir faire les exercices spirituels its y sont recus avec plaisir. QUE SI NOUS PASSONS des Ecoles aux Eglises des Paroisses, et a plusieurs Chapelles de la Ville, nous verrons que la petite Communaute de S. Charles se rend utile partout. Ce sont des Ecclesiastiques de sa Maison qui y font le Catechisme et des instructions familieres aux enfans et au peuple. Les jeunes Clercs y apprennent la Doctrine Chretienne, ceux qui sont avancez dans les ordres y vont faire les fonctions de leurs ordres; et lorsqu'il y a des Prestres its confessent ou a l'Hopital, ou en d'autres Eglises particulieres. [p. 12] Enfin, on ne voit personne dans cette Communaute qui ne soit applique selon ses talens a quelque exercice et a quelque fonction Ecclesiastique, on au dedans ou au dehors, et on tache de leur faire si bien menager le temps, qu'apres les avoir fait passer les jours ouvriers de la semaine aux exercices reguliers de la Maison, et le Dimanche dans les oeuvres de piete, dont nous venons de parler, its passent encor quelquefois le jour de conge dans les Hopitaux a servir les malades, faire leurs licts, etc. L'on auroit encor plusieurs choses a dire sur le bien que peut faire cette Communaute a 1'egard des Familles particulieres de la Ville en leur procurant de bons Precepteurs. On ne fait pas souvent de reflexion a l'importance qu'il y a d'en avoir de sages et de vertueux, cependant it est certain qu'il n'est personne qui puisse faire plus de desordres dans une famille qu'un Precepteur, s'il est vicieux et deregle, fly aussi qui contribue davantage a la paix, et a la sanctification de toute une maison, que le meme Precepteur s'il a de la piete et de la vertu. L'experience convainc de cette verite: c'est pourquoy on a cru que le petit Seminaire se rendroit tres-utile aux familles particulieres en leur donnant des hommes de la probite et capacite desquels on pourroit estre asseure. On sera tres circonspect en cette rencontre: et quand ceux qui voudront avoir de ses Sujets pour Pedagogues de leurs enfans, s'addresseront a celuy qui a la direction de la Maison, on prendra soin d'en procurer, qui ayent les talens et les dispositions requises, eu egard aux avantages21 qu'on leur voudroit faire, et a la qualite des enfans que l'on voudroit confier a leur conduite. IL SEMBLE qu'il ne se pent rien ajouter aux utilitez que l'on vient de rapporter, cependant comme si cette Communaute estoit redevable a tout le monde, et obligee de se rendre utile aux strangers aussi bien qu'aux domestiques, aux Ecclesiastiques de la campagne comme a ceux de la Ville, elle veut bien offrir a ceux-la la Maison pour leur servir d'hospice et de demeure pendant le sejour qu'ils sont obligez de faire dans la Ville. Cette commodite que l'on presente aux Ecclesiastiques du dehors ne scauroit estre prisee autant qu'elle le merite, si on ne considere combien ils font de mal dans les Cabarets et les Auberges ou ils se logent, ils y souffrent mule incommoditez tout-a-fait facheuses, ils n'y peuvent trouver le temps fly un lieu propre pour y faire leurs prieres; ils y sont troublez par le bruit qui s'y fait, et de jour et de nuit; its n'y entendent parler que de nouvelles, que de gazettes, que d'avantures, et bien d'autres discours qui blessent 1'honnestete, et qui font de tres-mechantes impressions. Its y sont continuellement exposez aux occasions d'offenser Dieu, ou de l'y voir offenser, ils s'y trouvent tres-souvent dans des conjonctures on quelque party qu'ils prennent, its ne peuvent s'en tirer sans offenser Dieu, joignez a cela les depenses extraordinaires qui s'y font. Au lieu que dans le petit Seminaire de S. Charles ils ont tout le temps qui leur est necessaire pour vacquer a leurs affaires, ils y peuvent demeurer autant qu'ils le veulent, ils s'y trouvent delivrez de toute Ia cohue et l'embarras des logis, a couvert des occasions de pecher, rejouis par la compagnie de leurs [p. 13] confreres, et enfin satisfaits pour le peu de frais et de depense qu'ils y font. Tous ces avantages qui sont assurement considerables, ont invite Messieurs les Curez et Vicaires de la campagne de profiter d'une si belle occasion, quelquesuns ont deja commance a choisir cette Maison pendant leur sejour en cette Ville, et ils en sont sortis asses contents et edifiez de la regularite qui s'y observe. II y a donc lieu de croire qu'apres tout ce qu'on vient de dire des avantages que tant de gens, et presque tout le monde retire du petit Seminaire de S. Charles, it n'y aura personne qui ne soit convaincu de sa necessite, et de son utilite extraordinaire, et qui ne juge qu'on a eu grande raison d'avancer, qu'il ne s'est peut-estre fait de long-temps d'etablissement dans la Ville dont le bien et le fruit soit plus considerable que celuy-cy. La connoissance qu'on a pretendu dormer de tous ces avantages a ceux qui n'en avoient pas ouy parler, ou qui sans doute ne penetroient pas dans tout l'esprit de cette Communaute, fait esperer que chacun s'interessera a maintenir une Si Sainte oeuvre, et que Si on a quelque zele pour le bien du Clerge, et pour la discipline Ecclesiastique on ne manquera pas de le faire paroitre, et de le signaler en cette occasion, d'autant plus que dans la suite l'on y pourroit peut-estre bien ajofiter dans un appartement separe un petit Hospice pour y recevoir les Ecclesiastiques invalides 22 qui s'y voudroient retirer sous le bon plaisir de Monseigneur l'Archeveque, qui est l'ame de tout cet ouvrage.
 
Objections.23 MAIS POUR ne laisser de scrupule a personne, et pour satisfaire certaines gens qui pourroient se prevenir, ou estre deja prevenus24 contre le dessein de cette Maison, en s'imaginant que l'on dessert plutost l'Eglise que l'on ne la sert, lorsqu'on donne moyen a de pauvres Clercs de s'avancer dans les Ordres, ou a de pauvres garcons d'entrer dans la Clericature ; itil est a propos, dis-je, de les detromper de cette imagination, et pour mieux y reussir ii faut expliquer un peu au long leur sentiment. Its disent qu'il n'y a deja que trop de Clercs et de Prestres dans l'Eglise, que ce grand nombre luy est a charge, que rien ne la des-honore davantage que la pauvrete de ses Ministres, que cette pauvrete avilit leur caractere, les rend meprisables a tout le monde, leur donne occasion de faire mule bassesses, et de se ravaler en des employs indignes de leur condition; qu'au reste le dernier Concile OEcumenique a fait des Canons qui obligent ceux qui se presentent aux Ordres d'avoir un patrimoine, et que par consequent en suivant 1'esprit de l'Eglise on doit exclure de la Clericature ceux a qui, ny la naissance, ny la fortune n'ont pas donne du bien, ny procure des commoditez. Il s'en est trouve meme quelques-uns qui ont voulu dire que c'estoit marque qu'une personne n'avoit pas vocation a 1'estat Ecclesiastique, quand elle estoit destituee de biens temporels.
 
Reponse. Ces sentiments sont si eloignez de la verite, et paroissent si injurieux a l'esprit de l'Eglise, qu'on ne peut assez s'etonner comment des gens eclairez et instruits des maximes et des regles de 1'Eglise ont pu donner la dedans. Il est a presumer qu'ils n'ont pas voulu prendre la peine de les examiner serieusement [p. 14] et a fond, et qu'ils se sont laisse surprendre par quelques apparences specieuses; car s'ils y avoient fait un peu de reflexion, ils auroient sans doute tire de meilleures consequences de ce qu'ils ont avance de vray. En effet peut-on se plaindre avec justice du trop grand nombre de Prestres dans l'Eglise? ne scait-on pas que la Hierarchie Ecclesiastique doit imiter la Celeste, et que comme dans Celle-la Dieu a un nombre presque innombrable d'Anges et d'Esprits bien-heureux qui le servent et qui assistent devant le Trone de sa Majeste souveraine, ii veut de meme dans celle-cy avoir un tres grand nombre de Ministres qui soient continuellement occupez a purifier, eclairer ou perfectionner les autres, ou a rendre a Dieu leurs devoirs, ou a publier ses louanges, ou a le servir dans les fonctions de la charite? i1 semble que bien loin qu'on dut se plaindre de ce que trop de gens entrent dans l'Eglise et se consacrent au service des Autels, on devroit au contraire en remercier Dieu, et regarder le grand nombre comme une benediction particuliere que Dieu verse sur le Clerge. Mais on est ce grand nombre d'Ecclesiastiques? la campagne est dans une extreme disette de Prestres: Messieurs les Curez ne se plaignent que de la peine qu'ils ont a trouver des Vicaires, on nest pas peu embarasse quand on est oblige de fournir, ou d'envoyer des ouvriers dans les Paroisses pour y travailler: et d'ailleurs tout le monde scait, qu'on ne fut jamais plus exact dans les examens des Ordinans que presentement, pour eloigner des saints Ordres tous ceux qu'on ne juge pas pouvoir estre utiles a I'Eglise. Ainsi it n'y a rien a craindre de ce coste-la: et quand on voudroit se plaindre de plusieurs Ecclesiastiques qui se tiennent dans les Villes, et qui y menent une vie molle et oisive; le petit Seminoire de S. Charles seroit toujours fort a couvert de ces reproches, puisque ceux qu'il eleve a la Clericature sont bien eloignez de vivre de cette maniere, et qu'ils se destinent a servir l'Eglise dans les emplois les plus penibles, les plus laborieux, et les plus abandonnes. Mais venons a la Pauvrete que l'on veut estre une exclusion de la Clericature a tous ceux qui sont depourveus de biens, quelques talens qu'ils ayent d'ailleurs, pour servir dans les ministeres Ecclesiastiques. Voyons combien ce sentiment est contraire a l'esprit de Jesus-Christ, et a la pratique de l'Eglise. 11 est certain qu'il n'est point de vertu que le Fils de Dieu aye recommande davantage, et par ses instructions et par ses exemples que la pauvrete: Tout l'Evangile est plein de ces Divines lecons qui portent au renoncement de toutes choses, et au mepris des richesses, on y voit les pauvres canonizes par la bouche de la verite meme, on y admire l'amour et 1'estime que le fils de Dieu a toujours fait paroitre pour la Pauvrete. Il semble qu'il aye Cheri cette vertu plus que toutes les autres, puisque depuis sa naissance jusqu'a sa mort, il a voulu mener une vie extremement pauvre. S'il s'est choisi des Apotres et des Disciples, il les a pris pauvres, et les a tirez d'une condition ou ils avoient peu de biens, et encor a-t-i1 voulu qu'en se mettant a sa suite ils les abandonnent entierement : ''Et relictis omnibus secuti sunt eum'', Luc. 5.11, quand il les envoya precher par tout le monde, et qu'il leur donna sa Mission, it ne leur recommanda [p. 15] rien tant que de conserver la pauvrete, it leur ordonna de ne posseder, ny or, ny argent, et de ne faire aucune provision des choses, meme les plus necessaires. Nolite possidere aurum, neque argentum, neque pecuniam in zonis vestris, non peram, etc. Math. 10.9. Et les Apotres observent si exactement ce precepte, que nous lisons Bans les Actes, que S. Pierre et S. Jean ne se trouverent ny or, ny argent pour faire l'aumone a ce mandiant qui estoit a la belle porte du Temple. Or si le Fils de Dieu a este si pauvre pendant toute sa vie, s'il n'a aime que les pauvres, s'il n'a voulu que des Disciples pauvres, et s'il a dit luy-meme: que celuy qui le veut servir doit le suivre, qui mini ministrat me sequatur, Joan. 12.16, c'est-a-dire doit l'imiter, comme 1'explique S. Augustin; it est sans doute que ceux qui doivent avoir le plus de part aux ministeres Ecclesiastiques, et estre preferez aux autres, sont les pauvres, quand d'ailleurs ils se trouvent avoir les autres qualitez requises. En effet l'Eglise sainte qui conserve inviolablement 1'esprit de JesusChrist, scachant que cc sont les pauvres qui ont Evangelize d'autres pauvres, Pauperes evangelizantur, Math, 11,5, scachant que Dieu s'est voulu servir de ce qu'il y avoit de plus foible et de plus meprisable selon le monde, pour confondre ce qu'il y avoit de plus sage et de plus fort. Ignobilia mundi et contemptibilia elegit Deus, 1 Cor. 1, 1'Eglise dis-je, n'a choisi dans les premiers siecles pour ses Ministres que ceux qui estoient pauvres; ou si elle n'a pas voulu entierement exclure de la Clericature les riches, parce qu'elle vouloit faire connoitre qu'elle consideroit le merite dans toutes les conditions; elle a pourtant toujours temoigne dans les rencontres ou la piete et la science se sont trouvees egales, et dans les riches, et dans les pauvres, qu'elle preferoit sans difficulte ceux-cy aux autres. Si on ne craignoit de s'engager dans une deduction qui meneroit trop loin, on prouveroit evidemment, que l'Eglise a tellement voulu que ceux qui entroient en son service fussent pauvres, que quand ils se trouvoient avantagez des biens temporels et avoir des richesses, elle les obligeoit, ou a les quitter entierement, et s'en depouiller pour entrer pauvres dans la Clericature, car pour lors elle leur faisoit part de ses biens; ou s'ils conservoient leurs patrimoines et leurs possessions, ils ne devoient pretendre d'elle aucun secours ny aucune part Bans la distribution de ses aumones, tant l'Eglise avoit de desir de persuader par cette conduite, qu'elle ne cherchoit que les pauvres, et qu'elle n'avoit des biens que pour eux. ''Cap. 16 q. 1, cap. ult. et cap. 1, q. 1, clericos lib. 2 de vita contemp. c. 9 et 10.''
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Objection. Ceux qui pensent que ''la pauvrete des-honore l'Eglise'', qu'elle avilit le Sacerdoce, et qu'elle rend les Prestres meprisables, se trompent fort; il faut qu'ils se desabusent, et qu'ils reglent leurs sentimens sur ceux de l'Eglise meme. Si elle avoit cru que la pauvrete luy fust si prejudiciable, et a ses Ministres, elle n'auroit jamais eu pour les pauvres ny tant d'amour, ny tant d'estime : Elle ne les auroit jamais prefers a tant de riches, elle n'auroit jamais tant pris de soin de leur education et de leur instruction, elle se seroit asseurement epargne et tant de peines et tant de depenses qu'elle a essuye pour mettre les pauvres en estat d'estre promeus au Sacerdoce, et d'estre employez aux fonctions Ecclesiastiques; elle n'auroit jamais, dis-je, fait toutes ces choses, si elle avoit jugé que la pauvrete de ses Ministres la des-honorast, et que cette pauvrete leur fust d'elle-meme une occasion de faire mille bassesses, et mille indignitez. Il ne faut avoir que des yeux Chretiens, comme parle S. Augustin; Oculos Christianos, pour reconnoitre que la pauvrete des Ministres de Jesus-Christ pauvre, est digne de tous les honneurs qu'on scauroit luy rendre. Comme elle a este consacree dans la Divine personne de ce premier de tous les Prestres, elle ne peut qu'honnorer beaucoup ceux qui sont revetus de sa livree, et on voit dans l'Histoire de l'Eglise que les Eveques et les Prestres qui ont este les plus respectez, pour lesquel les Roys et les Empereurs meme ont eu le plus de veneration, ont este souvent ceux qui estoient les plus pauvres, mais dont la pauvrete estoit accompagnee du des-interessement et des autres vertus Ecclesiastiques. Car it est important de remarquer que si la pauvrete se trouve jointe dans un Prestre a l'avarice, a un interest has et sordide, a un esprit mercenaire, a une ambition dereglee, ou a quelque autre mauvaise passion, on demeure bien d'accord, que ce Prestre pourra avilir son caractere, faire des indignitez et des bassesses, se ravaler au dessous de sa condition, trahir son Ministere, et s'abandonner a beaucoup de crimes; mais on ne peut souffrir qu'on attribue toutes ses fautes a sa pauvrete, lesquelles doivent estre imputees a son avarice, ou a son interest, ou a ses autres passions criminelles. En effet n'est-ce pas prendre Ie change que de s'imaginer, qu'un homme qui [p. 20] n'est meprisable que par ses vices, le soit par sa pauvrete, puisqu'on voit tous les jours qu'en cessant d'estre vicieux sans cesser d'estre pauvre, il se procure autant d'honneur qu'il s'estoit attire auparavant de mepris et de rebuts. Ainsi le veritable secret de retablir le Clerge dans ce haut degre d'honneur et d'estime ou il s'est veu autrefois dans les Siecles d'or de l'Eglise, nest pas de n'admettre a la Clericature que les personnes riches, de qualite ou de naissance; mais c'est de n'y faire entrer que des gens de vertu, des sujets meritans, et des personnes doiiees de toute sorte de bonnes qualitez, quand d'ailleurs ils seroient de la lie du peuple, et de la derniere pauvrete. Mr. Halier. ''De Sacer. elect. p. 1, c. 2, a. 3, § 3''<ref>Francois Hallier (1595-1659) professait la philosophie à Paris des l'âge de 16 ans. Docteur de Sorbonne en 1625, il fut précepteur de Fernand de Neuville, futur évêque de Chartres. En 1636, son ouvrage de droit canonique sur les ordinations suscita l'admiration generale : ''Electionibus et Ordinationibus, ex antiquo et novo Eclesiae usu''. Nommé évêque de Toul en 1656, puis de Cavaillon, il mourut peu après.</ref>. C'est le sentiment d'un grand Eveque de notre Siecle, Docteur de Sorbonne, et tres-eclaire dans la discipline Ecclesiastique, qui croit que l'Eglise ne recouvrera jamais cette premiere vigueur de sa jeunesse, si on ne va chercher des pauvres, qui ayant este bien elevez et formez dans la piete travaillent a reparer les breches que l'Eglise a souffertes. Ses paroles sont trop favorables a notre petite Maison de S. Charles, pour n'estre pas icy rapportees. Ideoque non temere forte suspicabimur Ecclesiam, quae pauperum sanguine plantata est, quae eorumdem sudoribus valuit, quae laboribus adolevit, primum juventutis illius vigorem vix recuperare posse, nisi Pauperes quoque, sed urbane et generose instituti ad Clericalis Ordinis luxati ruinas resarciendas inquirantus. Voicy la raison, sur laquelle it se fonde, cum non jam ad urbium et populorum civitatum culturam, sed ad vicorum et ignobilium oppidorum instructionem Clericorum multitudo et industria desiderari videatur. Parce que, dit ce grand homme, it manque d'Ouvriers ou de Clercs assez habiles qui veuillent aller instruire non pas les grandes Villes, mais les Bourgs et les Villages abandonnez. C'est pourquoy rien ne peut etre plus utile a l'Eglise que l'etablissement dont nous parlons, puisque rien ne peut contribuer davantage a la remettre dans son lustre, que les Pauvres que l'on eleve, et que l'on forme dans les emplois penibles et laborieux de la campagne.
 
Objection. Sess. 2 de refor. c. 3. MAIS on dira que le Concile de Trente fait un Decret par lequel it ordonne que tons ceux qui se presenteront aux Ordres seront pourvus, ou d'un Benefice, ou d'un Patrimoine, qui leur donne de quoy subsister; que ceux qui n'ont pas suffisamment pour vivre, doivent estre exclus de la Clericature; parce qu'il est indigne, dit le Concile, que ceux qui sont dans les Ministeres Ecclesiastiques, soient contraints de mandier, ou de s'adonner 'a des metiers sordides pour gagner leur vie; d'ou l'on pretend conclure, que le Concile est entierement contraire au dessein que se propose la petite Communaute de S. Charles. Pour repondre a cette Objection, it faut remarquer premierement que si l'on veut que le S. Concile de Trente soit contraire au dessein de ce petit Seminaire, on sera contraint d'avouer par le meme raisonnement, qu'il 1'est aussi a luy-meme, puisqu'il paroit que cette Assemble'e apres avoir fait dans la session 21 le Decret que l'on nous objecte, a fait dans la session 23 Celuy qui ordonne 1'erection des petits Seminaires, dont le plan et le projet dresse par le Concile, ne tend a autre fin qu'a celle que se propose la petite Communaute de S. Charles, it ne faut qu'en faire la lecture pour en convenir de bonne foy. Les Eveques qui ont tenu les Conciles de Cambray, de Milan, de Malines, [p. 21] de Reims, de Bourdeaux, de Bourges, d'Aix, de Toloze et d'Avignon pendant les trente annees qui suivirent la fin du Concile de Trente, n'ignoroient pas sans doute le Decret de la session 21. Car ces Eveques ne s'assembloient que pour faire executer pleinement toutes les Ordonnances du Concile de Trente, et leur unique dessein etoit de rendre la discipline etablie dans ce Concile general &gale dans toutes les Eglises particulieres; cependant nous avons vu qu'en etablissant ces petits Seminaires, ils ont voulu scrupuleusement que ces Maisons ne fussent remplies que de Pauvres Clercs, qu'on choisit les plus pauvres, et ceux en qui I'on verroit plus de dispositions pour 1'etat Ecclesiastique, afin qu'etant elevez et instruits dans la piete, ils pussent etre promeus aux Saints Ordres, et employez au service de 1'Eglise: donc it est seur qu'en se conformant a 1'esprit de tous les Conciles Provinciaux, on ne s'eloigne nullement de celuy de Trente. Tout le monde s4ait que les titres Patrimoniaux n'ont estez introduits dans l'Eglise, que pour suppleer aux titres Ecclesiastiques qui seuls avoient estez en usage pendant un tres long-temps. Le Concile de Calcedoine les avoit authorisez en prescrivant dans le Canon VI qu'aucun ne fut ordonne qui ne fut en meme temps attache a quelque Eglise, ou employe a quelque Ministere. Nullunz absolute ordinari, nisi specialiler in Ecciesia civitatis, vel pagi, vel Martyrio, vel Monasterio, is qui Ordinatur designetur. Mais cette discipline venant a s'abolir peu a peu, et plusieurs ayant este ordonnez sans Benefice, et sans estre appliquez a aucune fonction Ecclesiastique, Ie Saint Concile de Trente crut, qu'il devoit renouveller un usage si ancien et si important; it recommanda aux Eveques de n'ordonner que ceux qu'ils jugeroient etre utiles et necessaires en leurs Eglises, et remit en vigueur ce Vie Canon de Calcedoine. Dans un autre endroit it vent que pour eviter toutes les supercheries que I'on pourroit faire en supposant de faux titres Ecclesiastiques, on s'assure bien du Benefice sur lequel chacun est ordonne, et que de ceux qui auront du Patrimoine, ou une pension, l'Eveque n'en ordonne qu'autant qu'il en faudra precisement pour le service de I'Eglise. I1 paroit par 1'exposition de ce Canon, qu'il n'est nullement contraire a la Communaute de S. Charles; bien plus it luy est tout-a-faire avantageux: Car quand I'Eglise souhaite que tons ceux qui sont elevez aux Saints Ordres ayent un Benefice, ou du moins qu'on leur en procure en les ordonnant, elle desire sans doute, que dans cette distribution d'emplois, on de Benefices, on choisisse les pauvres Clercs preferablement aux autres. Or ils ne scauroient etre employez, ou appliquez au service des Eglises de la campagne, si on ne les eleve auparavant dans 1'esprit Ecclesiastique, et si on ne les tient preparez a cette destination; et c'est ce que fait ]a petite Maison de Saint Charles. On scait que tous ceux qu'elle a presentez jusqu'a present a 1'Ordination, ont etez pourvus, ou de Chapelles, ou de Prebendes, ou de Cures, on d'autres emplois Ecclesiastiques qui fournissoient a leur subsistance; ainsi il n'y a pas lieu de craindre que l'on contrevienne a l'Ordonnance du Concile, puisque nul de cette Communaute n'a ete ordonne sans titre Ecclesiastique, et que d'ailleurs Nosseigneurs les Eveques sont assez exacts pour n'admettre personne qui n'ait l'un ou l'autre de ces titres. [p. 22] Mais quand il arriveroit que ces pauvres Clercs fussent sans Benefice, et sans Patrimoine, it y a des personnes assez charitables qui seront pretes de s'engager a les nourrir, lorsqu'ils se trouveroient reduits a la necessite, ou de mandier, ou d'exercer quelque metier sordide;28car c'est cela seul que le Concile ne peut souffrir dans les Ministres de l'Eglise, cum non deceat eos qui divino Ministerio adscripti sunt, cum Ordinis dedecore mendicare, aut sordidum aliquem questum exercere. Tous les Reguliers29ne sont ordonnez que sur 1'attestation qu'ils presentent de leur Profession, qui leur tient lieu de titre, parce que les Maisons dont ils sont Profez sont obligees de les nourrir. Les Licentiez de Sorbonne sont admis aux Ordres sub titulo paupertatis. Les Clercs de la Chana 3° que Messieurs les Recteurs de l'Aumone Generale de Lyon font etudier, ne sont de meme ordonnez que sur 1'engagement que ces Messieurs presentent de fournir a leur subsistance dez-lors qu'ils se trouveront etre en necessite. Ainsi it est constant que les Ecclesiastiques de la Communaute de S. Charles pourroient etre ordonnes de la meme maniere, et avec d'autant moins de crainte, que comme 1'extreme indigence des Prestres ne provient ordinairement que de Paresse ou de Libertinage, ceux-cy etant elevez et dans le travail, et dans la piete, on n'auroit nul sujet d'apprehender ce facheux accident. Conclusion. Voila ce qu'on a cru etre oblige de dire pour lever les impressions que certaines personnes avoient prises contre le dessein du petit Seminaire de S. Charles, et pour justifier la sainte Pauvrete, que l'on pretendoit etre ignominieuse au Clerge, et que 1'on vouloit comme bannir de l'Etat Ecclesiastique. La brievete de ces remontrances dans laquelle on s'est resserre, n'a pas permis qu'on ait apporte beaucoup de preuves, ny meme qu'on ait etendu celles que Il'on y a alleguees. On s'est pleinement confie sur la bonte de la cause quon avoit en main, et sur la protection de celuy qui prend 1'interest des Pauvres, et on espere, que comme it a voulu honorer les pauvres de son Sacerdoce, it inspirera aux riches la volonte d'honorer la pauvrete dans le Sacerdoce par les largesses qu'ils feront en faveur de cet etablissement. Tout le monde doit etre convaincu de sa necessite, et de son utilite extraordinaire pour peu de reflexion que l'on fasse sur ce que Il'on en a dit. La qualite des personnes que le petit Seminaire de S. Charles recoit, et qu'il soulage, la nature du bien qu'il leur fait, la circonstance du temps auquel it les ayde, les avantages temporels et spirituels qu'il leur procure, rendent tres recommandable la Charite de cette Maison. Mais ce qu'il y a de plus merveilleux dans sa Charite, c'est qu'elle a scu trouver le moyen de rendre utile et necessaire presqu'a tout le monde, le bien qu'elle fait a des Particuliers. Elle a scu en instruisant de Pauvres Clercs, instruire toute la campagne, en reglant leers moeurs regler celles de toute une Paroisse, ou ils iront servir de Vicaires, ou de toute une Famille dans laquelle ils entreront en qualite de Precepteurs. Elle a scu en formant un bon Catechiste et un bon Maitre d'Ecole profiter a mule personnes tout a la foil. Enfin le petit Seminaire de S. Charles a scu en donnant des Saints Prestres a l'Eglise, procurer la gloire de Dieu, avancer le Salut des Ames; contribuer a la sanctification des Peuples, [p. 23] et prendre part a toutes les bonnes oeuvres qui se peuvent faire dans la Religion Chretienne. On a donc lieu de croire que tout le monde, mais particulierement ceux qui ont quelque amour pour l'Eglise, s'interresseront a soutenir un etablissement si utile et si necessaire. On doit esperer que la connoissance qu'on donne des biens que la Communaute de S. Charles procure a tout le Dioceze, excitant la Charite des gens de bien, fera qu'il ne sera personne qui ne veuille contribuer a la formation des bons Maitres d'Ecole et a faire subsister ces Pauvres Clercs. En effet qui pourroit refuser les secours que l'on demande en cette occasion? JESUS-CHRIST qui est dans les Pauvres Ecclesiastiques d'une maniere plus particuliere que dans les autres, semble les exiger. Les depenses extraordinaires qu'il a falu faire, et que l'on est oblige de continuer, convainquent du besoin que l'on en a. Le merite de l'Aumone, qui dans cette rencontre contribue a de si grands biens, y invite puissamment. Enfin la facilite avec laquelle chacun peut ayder a cette Maison, qui pourroit bien s'accommoder de tout ce qu'il y a de superflu et d'inutile dans un menage; Cette facilite, dis-je, fait que personne ne svauroit se dispenser de luy dormer quelque secours. Les Beneficiers y sont encore plus obligez que tons les autres; car outre les raisons communes qui les y engagent, il y a une espece de justice qui exige que les revenus Ecclesiastiques soient employez a la subsistance des Pauvres Clercs.
 
Mais comme le plus innepte des sujets dont Dieu s'est servi pour entreprendre cette oeuvre a proteste au commencement qu'il ne pretendoit aucun secours pour ce petit Seminaire de S. Charles que ceux qui viendroient de la Divine Providence, c'est ce qui fait qu'il prie Dieu avec toute l'affection dont it est capable, qu'il luy plaise de continuer a verser ses Benedictions sur cet etablissement, et que comme c'est luy seul qui luy en a inspire le premier dessein, et qui 1'a fait executer avec tant de succez, et qui 1'a place dans un lieu d'emprunt:3' que ce soit aussi luy seul qui le favorisant de ses Graces, le fixe dans un lieu asseure,32 et surtout qu'il y fasse toujours vivre le Saint amour du travail, du mepris et des souffrances, et le veritable esprit de pauvrete Clericale de JESUS-CHRIST, en l'honneur de laquelle il a este institue : afin que le Diocese en recevant un secours particulier, il n'en soft redevable qu'a JESUS, Souverain Pretre a qui seul en soft toute la gloire, et au chetif instrument dont il s'est servi pour le fondement, toute l'humiliation, la fatigue, etc. Ainsi soit-il.