« Page:Pierre de Coubertin - Anthologie, 1933.djvu/104 » : différence entre les versions

Aucun résumé des modifications
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 6 : Ligne 6 :
..… Dès lors, Bonaparte fut le maître : d’abord comme « premier consul » (il y en avait deux autres qui ne comptèrent point), puis comme « consul à vie » (1802), enfin comme empereur héréditaire (1804). Sa domination de quatorze années compte parmi les périodes historiques les plus passionnantes du point de vue romanesque et les plus stériles du point de vue politique. Il n’en est presque rien resté quoiqu’on dise, sinon pour la France la gêne d’une armure jacobine propre à contrarier ses initiatives naturelles — et, pour l’Europe, des rancunes vivaces qui contribuèrent largement à susciter les agitations internationales du {{rom-maj|xix|19}}{{e}} siècle. Mais quelle étonnante succession de tableaux saisissants, quelle figuration somptueuse, quel sentiment inné de l’art dramatique ! Car Napoléon a traité la vie comme une représentation théâtrale au cours de laquelle, infatigable, il s’est montré tour à tour, selon la parole célèbre du pape, « comédien et tragédien » consommé, exerçant ainsi une emprise formidable sur son temps.
..… Dès lors, Bonaparte fut le maître : d’abord comme « premier consul » (il y en avait deux autres qui ne comptèrent point), puis comme « consul à vie » (1802), enfin comme empereur héréditaire (1804). Sa domination de quatorze années compte parmi les périodes historiques les plus passionnantes du point de vue romanesque et les plus stériles du point de vue politique. Il n’en est presque rien resté quoiqu’on dise, sinon pour la France la gêne d’une armure jacobine propre à contrarier ses initiatives naturelles — et, pour l’Europe, des rancunes vivaces qui contribuèrent largement à susciter les agitations internationales du {{rom-maj|xix|19}}{{e}} siècle. Mais quelle étonnante succession de tableaux saisissants, quelle figuration somptueuse, quel sentiment inné de l’art dramatique ! Car Napoléon a traité la vie comme une représentation théâtrale au cours de laquelle, infatigable, il s’est montré tour à tour, selon la parole célèbre du pape, « comédien et tragédien » consommé, exerçant ainsi une emprise formidable sur son temps.


Aux Tuileries, dans la simplicité antique des premiers jours et, peu après, guidant l’armée à travers les neiges du Grand Saint Bernard — saluant, le soir de Marengo, la victoire fidèle, — promulgant le concordat par lequel il transformait le clergé en un corps de fonctionnaires dociles, — venant entre deux batailles s’asseoir parmi ceux qui préparent les lois nouvelles et redressant leur travail par une formule souvent inféconde mais toujours lapidaire, — recevant au crépuscule à Saint Cloud les sénateurs qui lui apportent, non sans réticences, la<section end="s2"/>
Aux Tuileries, dans la simplicité antique des premiers jours et, peu après, guidant l’armée à travers les neiges du Grand Saint Bernard — saluant, le soir de Marengo, la victoire fidèle, — {{corr|promulgant|promulguant}} le concordat par lequel il transformait le clergé en un corps de fonctionnaires dociles, — venant entre deux batailles s’asseoir parmi ceux qui préparent les lois nouvelles et redressant leur travail par une formule souvent inféconde mais toujours lapidaire, — recevant au crépuscule à Saint Cloud les sénateurs qui lui apportent, non sans réticences, la<section end="s2"/>