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{{nr||LES FRANÇAIS DE SARRELOUIS EN PRUSSE RHÉNANE.|279}}
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physionomie et son caractère français, et même, dans les vieilles familles, ses aspirations françaises irréductibles.
{{tiret2|physio|nomie}} et son caractère français, et même, dans les vieilles familles, ses aspirations françaises irréductibles.


Moins intensivement industrialisée que Sarrebrück et resserrée dans une boucle de la rivière, Sarrelouis doit sans doute à ces circonstances d’avoir conservé son originalité locale, ses rues et ses maisons de la fin du XVIIe siècle, le culte de ses vieux souvenirs, la fierté de son éclat guerrier d’autrefois. La plupart des chefs des grandes industries qui font la prospérité économique de la région, sont les descendans de familles françaises ; ils s’en souviennent et s’en font gloire ; ils n’aiment pas les Prussiens venus là en dominateurs étrangers et, souvent au risque de le payer cher, ils le répètent à qui veut les entendre.
Moins intensivement industrialisée que Sarrebrück et resserrée dans une boucle de la rivière, Sarrelouis doit sans doute à ces circonstances d’avoir conservé son originalité locale, ses rues et ses maisons de la fin du {{s|XVII}}, le culte de ses vieux souvenirs, la fierté de son éclat guerrier d’autrefois. La plupart des chefs des grandes industries qui font la prospérité économique de la région, sont les descendans de familles françaises ; ils s’en souviennent et s’en font gloire ; ils n’aiment pas les Prussiens venus là en dominateurs étrangers et, souvent au risque de le payer cher, ils le répètent à qui veut les entendre.


Sarrelouis comptait, avant la guerre, 7 368 habitans ; ses faubourgs et écarts, tous manufacturiers et pleins d’usines, en ont environ quinze mille. Mais le cœur de la ville, c’est-à-dire la petite bourgeoisie et les artisans du terroir, n’ont pas encore, aujourd’hui même, après un siècle de domination prussienne, été complètement absorbés ou démarqués par ces bandes rapaces d’exploiteurs allemands qui, accourus des marécages de l’Elbe ou de l’Oder, se sont rués sur le pays mosellan comme sur une proie. C’est à peu près en vain que le gouvernement s’est efforcé, surtout par l’éducation et l’école, de chasser du foyer familial ce génie français dont ces populations, détestées parce que ''welches'', sont encore si justement orgueilleuses. Les ravages causés également à ce point de vue par les afflux d’ouvriers et d’ingénieurs transrhénans, de fonctionnaires et d’employés de toute catégorie, ou par les énormes garnisons de soldats entassées dans cette région, n’ont pas été aussi profonds que pourrait le croire un voyageur pressé : comme la rouille, ils n’ont corrodé que la surface et n’ont agi que sur la portion la moins intéressante de la population.
Sarrelouis comptait, avant la guerre, 7 368 habitans ; ses faubourgs et écarts, tous manufacturiers et pleins d’usines, en ont environ quinze mille. Mais le cœur de la ville, c’est-à-dire la petite bourgeoisie et les artisans du terroir, n’ont pas encore, aujourd’hui même, après un siècle de domination prussienne, été complètement absorbés ou démarqués par ces bandes rapaces d’exploiteurs allemands qui, accourus des marécages de l’Elbe ou de l’Oder, se sont rués sur le pays mosellan comme sur une proie. C’est à peu près en vain que le gouvernement s’est efforcé, surtout par l’éducation et l’école, de chasser du foyer familial ce génie français dont ces populations, détestées parce que ''welches'', sont encore si justement orgueilleuses. Les ravages causés également à ce point de vue par les afflux d’ouvriers et d’ingénieurs transrhénans, de fonctionnaires et d’employés de toute catégorie, ou par les énormes garnisons de soldats entassées dans cette région, n’ont pas été aussi profonds que pourrait le croire un voyageur pressé : comme la rouille, ils n’ont corrodé que la surface et n’ont agi que sur la portion la moins intéressante de la population.