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Le corps, lorsqu’il |
Le corps, lorsqu’il était vivant et radieux, |
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N’était qu’un porte-voix et qu’un porte-lumière. |
N’était qu’un porte-voix et qu’un porte-lumière. |
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On est surpris pourtant qu’il soit anéanti. |
On est surpris pourtant qu’il soit anéanti. |
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Qui de nous ne s’est dit, en regardant sa mère : |
Qui de nous ne s’est dit, en regardant sa mère : |
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« Ces yeux pleins de tendresse et cette voix si chère, |
« Ces yeux pleins de tendresse et cette voix si chère, |
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Qui, depuis mon enfance, a chez moi retenti, |
Qui, depuis mon enfance, a chez moi retenti, |
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Me resteront toujours. » Mais la mort vient la prendre, |
Me resteront toujours. » Mais la mort vient la prendre, |
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Et l’on crie éperdu : « Quand vas-tu me la rendre ? » |
Et l’on crie éperdu : « Quand vas-tu me la rendre ? » |
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Si la mort dit : « Jamais ! » la mort en a menti ! |
Si la mort dit : « Jamais ! » la mort en a menti ! |
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Oh ! quand ils sont partis, ces êtres qu’on adore, |
Oh ! quand ils sont partis, ces êtres qu’on adore, |
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On les cherche, on les pleure, on les appelle encore ! |
On les cherche, on les pleure, on les appelle encore ! |
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Tout est morne chez eux quand Dieu leur a dit : « Viens ! » |
Tout est morne chez eux quand Dieu leur a dit : « Viens ! » |
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Le lit vide est refait pour un autre ; la glace, |
Le lit vide est refait pour un autre ; la glace, |
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Qui les vit si souvent, ne garde pas leur trace. |
Qui les vit si souvent, ne garde pas leur trace. |
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Seul, leur chien, en hurlant, nous dit : « Je me souviens ! » |
Seul, leur chien, en hurlant, nous dit : « Je me souviens ! » |
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Laissez-les un moment quitter votre royaume, |
Laissez-les un moment quitter votre royaume, |
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Mon Dieu ! de grâce, une ombre, un miracle, un fantôme, |
Mon Dieu ! de grâce, une ombre, un miracle, un fantôme, |
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Dût-il nous effrayer, drapé de longs draps blancs ! |
Dût-il nous effrayer, drapé de longs draps blancs ! |
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Mais |
Mais rien… rien… pas un souffle, un mot de ceux qu’on aime ; |
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Il faut, pour les revoir, regarder en soi-même : |
Il faut, pour les revoir, regarder en soi-même : |
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C’est dans le cœur qu’on voit passer les revenants. |
C’est dans le cœur qu’on voit passer les revenants. |
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Quelquefois cependant, Dieu, qui nous les enlève, |
Quelquefois cependant, Dieu, qui nous les enlève, |
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Les laisse s’échapper par la porte du rêve. |
Les laisse s’échapper par la porte du rêve. |
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Ils causent avec nous, la |
Ils causent avec nous, la nuit… ce sont bien eux ! |
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Avec leurs traits humains et chéris, ils renaissent ; |
Avec leurs traits humains et chéris, ils renaissent ; |
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Mais on dit au réveil : « Quand ils nous apparaissent, |
Mais on dit au réveil : « Quand ils nous apparaissent, |
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Sortent-ils de nos cœurs ou viennent-ils des cieux ? » |
Sortent-ils de nos cœurs ou viennent-ils des cieux ? » |
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Le matin, on leur rend leur visite adorée. |
Le matin, on leur rend leur visite adorée. |
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Les vivants vont aussi sur la route azurée, |
Les vivants vont aussi sur la route azurée, |
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