« Le Héros » : différence entre les versions

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Jeunes héros, pour qui la gloire a des charmes, vous qui prétendez à la vraie grandeur, efforcez vous d'acquérir la perfection dont je parle. Que tous vous connaissent pour être estimés de tous; mais que personne ne vous pénètre: avec cette conduite un fonds médiocre paraît grand, et un grand fonds paraît comme infini.
 
== II. NENe POINTpoint LAISSERlaisser CONNAITREconnaître SESses PASSIONSpassions ==
 
 
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== III. QUELQuel DOITdoit ÊTREêtre LEle CARACTÈREcaractère DEde Ll'ESPRITesprit DANSdans UNun HÉROShéros ==
 
 
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== IV. QUELQuel DOITdoit ÊTREêtre LEle CARACTÈREcaractère DUdu CŒURcœur DANSdans UNun HÉROShéros ==
 
 
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== V. AVOIRAvoir UNun GOUTgoût EXQUISexquis ==
 
 
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== VI. EXCELLERExceller DANSdans LEle GRANDgrand ==
 
 
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== VII. L'AVANTAGEavantage DEde LAla PRIMAUTÉprimauté ==
 
 
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== VIII. PRÉFÉRERPréférer LESles QUALITÉSqualités ÉCLATANTESéclatantes Aà CELLEScelles QUIqui FRAPPENTfrappent MOINSmoins ==
 
 
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Quels sont les héros véritables, dont les noms se trouvent écrits les premiers, et avec plus de pompe sur la liste de la déesse à cent bouches? Ce sont sans doute les grands hommes de guerre, auxquels l'héroïsme semble appartenir d'une manière plus propre, et comme primitive. Tout l'Univers en effet retentit de leurs louanges: chaque siècle rappelle successivement à la postérité leur triomphante mémoire; l'histoire languit et tombe des mains au lecteur endormi, si le récit de leurs exploits ne la relève: leurs malheurs mêmes sont le fonds et l'âme de la poésie la plus sublime. Et d'où vient cela? C'est que les hauts faits de ces illustres heureux ou malheureux dans la. guerre sont comme de grands traits dont tous les esprits peuvent être également frappés. Je n'ai garde pourtant de vouloir que la guerre soit préférable à la paix; à moins que ce ne fût une paix honteuse et préjudiciable. Je m'imagine seulement que les qualités guerrières ont plus d'éclat, plus de lustre et plus de réputation que les autres. Quoi qu'il en soit, dans toutes les professions nobles de la vie, pour oser se promettre une approbation générale, il faut consulter et suivre le sentiment unanime. La justice publiquement exercée sans partialité et sans délai immortalise un magistrat, comme les lauriers de Bellone éternisent un général d'armée. Un homme de lettres illustre son nom à jamais, lorsqu'il sait traiter des sujets intéressants, plausibles, et accommodés au goût universellement établi, au lieu que des ouvrages secs, abstraits, formés sur le goût d'un très petit nombre de gens, laissent leur auteur dans l'oubli, et ne servent qu'à remplir tristement un vide parmi des livres achetés au volume.
 
== IX. CONNAITREConnaître SAsa BONNEbonne QUALITÉqualité DOMINANTEdominante ==
 
 
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Chacun de nous, en recevant du Souverain Être la naissance, reçoit au même temps, pour parler ainsi, le lot d'esprit et de génie qui lui est propre; c'est ensuite à chacun de le remarquer, et de le monter à tout son prix. Il n'y a pas eu jusqu'à présent un seul homm€; qui ne pût s'élever au point de la perfection en quelque chose, parce qu'il n'y en a pas eu un seul à qui tout talent ait absolument manqué. Néanmoins, on en compte si peu de parfaits qu'on les appelle par distinction des hommes extraordinaires, des grands hommes; ceux-ci par la supériorité, ceux-là par la singularité de leur mérite. A l'égard de tous autres, leur capacité est aussi inconnue que la réalité du phénix est incertaine. TI n'est personne, à la vérité, qui se croie inhabile aux plus difficiles emplois mêmes: mais la flatteuse imposture que fait ici la passion, le temps la dissipe; et presque toujours lorsque le mal est sans espoir de guérison.
 
Ce n'est point une faute, à mon sens, de ne pas exceller dans le médiocre, afin d' être médiocre dans l'excellent; mais être médiocre dans un rang inférieur, lorsqu'on pourrait en remplir un premier avec distinction, c'est ce qui n'est point pardonnable, et ce qui n'est pourtant que trop ordinaire. Le conseil que donne un poète à ce sujet est très sage et vaut bien une sentence d'Aristote: Ne faites rien ett dépit de Jtfimrve : c'est-à-dire qu'il ne faut point embrasser un état, un emploi que le talent désavoue, et pour lesquels par conséquent l'habileté nécessaire ne v1endra jamais. Cette vérité est bien facile à comprendre; et qu'il est difficile qu'on en fasse l"application ! En matière de capacité, on ne désabuse personne, et qui que ce soit ne se
désabuse soi-même; pour cela, il faudrait commencer par croire que nous pouvons nous tromper, et nous nous croyons infaillibles. Un bandeau que nous nous mettons devant les yeux nous couvre notre insuffisance réelle, et ne nous laisse voir que notre prétendu mérite. C'était le désir d'un homme sensé qu'il y eût des miroirs qui représentassent le caractère de l'esprit, comme nous en avons qui représentent les traits du visage; mais par malheur, ajoutait-il, chacun doit être en quelque sorte son miroir: et ce miroir n'est fidèle qu'à nous représenter tels qu'il nous plait d'être, et non point tels que nous sommes.
 
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== X. CONNAITREConnaître LEle CARACTÈREcaractère DEde SAsa FORTUNEfortune ==
 
 
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== XI. SAVOIRSavoir SEse RETIRERretirer AVANTavant QUEque LAla FORTUNEfortune SEse RETIREretire ==
 
 
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== XII. SESe CONCILIERconcilier Ll'AFFECTIONaffection DEde TOUTtout LEle MONDEmonde ==
 
 
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== XIII. LELe JEje NEne SAISsais QUOIquoi ==
 
 
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En un mot, le je ne sais quoi entre dans tout, afin de donner le prix à tout, sans avoir lui-même besoin de rien: il entre dans le politique, dans les belles lettres, dans l'éloquence, dans la poésie, dans le négoce, dans les conditions les plus basses comme dans les plus élevées.
 
== XIV. L'ASCENDANTascendant NATURELnaturel ==
 
 
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== XV. RENOUVELERRenouveler DEde TEMPStemps ENen TEMPStemps SAsa RÉPUTATIONréputation ==
 
 
Les premières entreprises en tout métier sont comme des échantillons que l'on montre au public afin qu'il connaisse le fonds, et qu'il en juge. Des progrès étonnants suffisent à peine pour réparer enfin des commencements, qui n'ont été que médiocres: et s'ils ont été mauvais, nul effort n'en peut relever; on ne fait plus que ramer vainement, dit le proverbe, contre vent et marée. Au contraire, d'heureux commencements sont suivis d'un double avantage, qui est de donner d'abord un grand prix au mérite, et de lui servir après cela, comme de caution et de garantie pour l'avenir. A l'égard de la réputation, le public ne change pas aisément sur l'estime dont il est une fois prévenu; mais il change encore moins sur les sentiments désavantageux: un mauvais début forme dans l'esprit un préjugé, qui tient presque toujours contre les suites; il est de la nature du cancer, qu'on ne saurait ôter de l'endroit auquel ce mal s'est attaché; il est une atteinte aussi opiniâtre à la réputation, et l'on n'en revient jamais bien.
 
Que la première démarche que l'on fait dans le monde soit donc digne d'applaudissement: comme elle est une décision, ou du moins une très forte présomption pour toutes les autres, il faut tâcher de la marquer par quelque chose de frappant. Un succès commun ne peut pas plus conduire à une réputation extraordinaire que l'effort d'un pygmée peut rendre fameux un géant, puisque les bons commencements en tout sont les gages et les arrhes de la nature du mérite; les premiers essais d'un héros doivent être les chefs-d' œuvre d'un homme ordinaire.
 
A peine l'illustre comte de Fuentes parut-il dans la carrière de l'héroïsme, qu'il donna des marques éclatantes d'un grand homme de guerre, semblable à l'astre du jour, qui, dès son lever, répand partout la lumière. Sa première entreprise eût pu fournir toute seule et remplir la course d'un autre général habile. TI ne fit point de noviciat, s'il est permis d'user de cette expression, pour acquérir les vertus, et pour apprendre les fonctions militaires: le jour même qu'il endossa la cuirasse, il agit en vieux capitaine expérimenté. En effet, comme son habileté égalait sa valeur extrême, contre le sentiment des principaux officiers de l'armée, il assiégea Cambrai, et s'en rendit maître. Cette conquête fit connaître et fit dire qu'il était héros avant que d'avoir été soldat. Car enfin, quel fonds de mérite ne devait-il point avoir, pour répondre à une aussi grande attente que celle dont il prenait sur lui l'événement? Ceux qui n'ont que le soin de politiquer conçoivent à leur aise de hautes pensées; il n'en est pas ainsi de ceux à qui les hauts faits sont commis; la difficulté de l'exécution ne se comprend que par la connaissance de mille moyens qu'ils doivent brusquement employer, et de mille obstacles qu'ils ont à surmonter, dont eux seuls sont les témoins. éclairés. Quoi qu'il en soit, rinsiste sur mon principe; c'est à savoir que l'on doit débuter par quelque chose de grand, si l'on veut s'assurer l'héroïsme. Le cèdre croît plus en une aurore que l'hysope en une année; parce que le premier végète d'abord avec une force infiniment supérieure à celle de l'autre. Je dis le même de la réputation, laquelle croît en peu de temps, lorsque les commencements en sont extraordinaires. Bientôt, l'héroicité du mérite se déclare, la renommée se fait entendre, et le cri de la louange devient général.
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Il est essentiel de renouveler de temps en temps sa réputation, c'est-à-dire de faire voir, par intervalles, de nouvelles preuves de son mérite. La renommée n'est pas tout à fait, à l'égard du bien, ce qu'elle est à l'égard du mal: elle se tait plus volontiers sur le bien, quand on est trop longtemps à lui fournir de quoi parler. Et d'une autre part, comme le mérite le plus accompli perd beaucoup à se montrer trop souvent, l'habileté est de savoir en suspendre, et en faire reparaître à propos les effets. Cette sage alternative de repos et d'action entretient à coup sûr l'estime publique, au lieu que des succès, continués et suivis de trop près, ne font presque plus d'impression. Le soleil ne varie-t-il pas son horizon? Et son absence, dans une partie du monde, y excite le désir de le revoir, tandis que son retour dans l'autre partie y rapporte la joie. Les Césars quittaient Rome de temps en temps, pour aller chercher de la gloire chez les étrangers; et ils revenaient chaque fois avec de nouveaux lauriers sur le front.
 
== XVI. TOUTESToutes LESles BELLESbelles QUALITÉSqualités SANSsans AFFECTATIONaffectation ==
 
 
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== XVII. L'ÉMULATIONémulation ==
 
 
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== XVIII. LALa SYMPATHIEsympathie NOBLEnoble ETet ÉLEVÉEélevée ==
 
 
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La sympathie qui passe toutes les autres, et par rapport à la gloire, et par rapport à la fortune, c'est celle d'un grand roi à l'égard de son sujet. Cependant si le bonheur manque à celui~ci pour approcher le prince et pour s'en faire connaître, à quoi lui servira cette sympathie? L'aimant n'attire pas le fer trop éloigné de son impression, et la sympathie n'opère qu'à la porj:ée de sa sphère: une sorte de proximité entre l'objet et la puissance est ici une condition essentielle que rien ne peut remplacer. Mais supposé que nul obstacle n'empêche l'effet de cette auguste sympathie, un sujet qui a du mérite parvient en peu de temps à un haut point de grandeur.
 
== XIX. PARADOXEParadoxe CRITIQUEcritique SURsur Ll'HÉROISMEhéroïsme SANSsans DÉFAUTdéfaut ==
 
 
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il y a effectivement des âmes si noires, de si mauvais esprits, qu'ils savent défigurer les plus belles qualités, flétrir les vertus les plus pures, pervertir les intentions les plus droites: en un mot corrompre par leurs bouches empoisonnées tout ce qu'ils voient de bon dans les autres est leur unique étude, et le seul art dans lequel ils excellent. il est donc d'un habile homme de hasarder quelque petite négligence, sur laquelle la mauvaise humeur de ces atrabilaires se puisse exercer: cette négligence dont ils feront une faute monstrueuse est capable de leur donner le change, et de dérober à leur esprit ulcéré l'attention aux choses essentielles; elle est une espèce de contrepoison qui empêche que leur fiel ne gagne le fond du mérite, et qui le :fixe à la surface. D~ailleurs, un petit défaut naturel ne sied-il pas quelquefois mieux que si on ne l'avait point? Une petite tache au visage n'est-elle pas quelquefois un agrément? Il Y a des défauts qui cessent de l'être lorsqu'ils paraissent dans un certain point de vue, lorsqu'on sait, pour ainsi dire, les mettre à leur place. Alcibiade s'en prêta quelques-uns de cette nature dans le métier de la guerre, et Ovide dans le métier des vers, pour amuser l'envie par ces bagatelles, et pour la distraire de l'essentiel.
 
Cependant, j'estime cette précaution de nos politiques fort inutile; et je me figure que la présomption en est plus le principe que la prudence. Le soleil même n' a-t-il pas ses éclipses? Le plus beau diamant n' a-t-il pas ses pailles? La reine des fleurs n' a-t-elle pas des épines? L'art n'est point nécessaire où la nature suffit toute seule; quelque parfaite, et quelque attentive qu'elle soit, assez de fautes échapperont toujours à notre faiblesse, sans que nous ayons besoin de la féconder.
== XX. LALa DERNIÈREdernière PERFECTIONperfection DUdu HÉROShéros ETet DUdu GRANDgrand HOMMEhomme ==