« Phoques et baleines » : différence entre les versions
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{{Chroniques de Maupassant|journal=Gil Blas|date=9 février 1882}}
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L’ancienne baleine franche n’existe presque plus. Beaucoup plus grosse que la baleine bleue, elle vaut quarante à cinquante mille francs. La baleine bleue, moins grosse et beaucoup plus longue que sa sœur, très nombreuse encore, vaut environ sept mille francs. La baleine franche, mortellement frappée, surnageait ; l’autre coule ; aussi emploie-t-on pour la chasser de légers bateaux à vapeur qui la hissent à fleur d’eau et la remorquent ensuite jusqu’à l’établissement où l’industrie s’empare du corps.
Quand le ''Coligny'' vint mouiller en face du vaste hangar où sont disséqués ces monstres, il en arrivait chaque jour en si grand nombre que les ouvriers ne suffisaient plus.
Parmi les objets rapportés par M. Pouchet est une espèce de grossière arbalète, primitive en sa forme, faite de bois à peine dégrossi et qu’un hercule seul peut bander. Chaque paysan là-bas possède une de ces armes, et, quand une baleine est jetée par la tempête dans un de ces petits lacs peu profonds qui bordent les côtes, chacun sort de sa maison et crible la bête de courtes flèches dont le fer porte les initiales du propriétaire. Puis, lorsque le gigantesque poisson expire d’ennui dans cette baignoire où il ne peut s’ébattre, on examine les coups supposés mortels, et les lettres gravées sur les lances désignent le propriétaire du cadavre.
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Chose singulière, la Méditerranée, cette mer chaude, cette mer d’huile, possède aussi des baleines et un nombre considérable de phoques. J’ai eu moi-même l’étonnement de me trouver nez à nez avec un de ces derniers
Voici dans quelles circonstances.
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Je voulais voir ce sauvage et dangereux détroit de Bonifacio qui sépare la Corse de la Sardaigne et la ville singulière qui donne son nom à ce passage, redouté surtout depuis le naufrage de la ''Sémillante''.
J’étais parti d’Ajaccio sur le ''Rhône'', un vapeur-tortue que la vague secoue d’une invraisemblable façon ; et après neuf heures de traversée, on pénétrait dans le détroit.
Le navire longeait la côte, et bientôt il se trouva vis-à-vis d’une fente étroite dans la muraille de pierre. C’était un tortueux corridor naturel où le bâtiment s’engagea. Cet étroit couloir ondulait comme un serpent pour déboucher dans un joli bassin d’eau profonde d’un bleu merveilleux : le port de Bonifacio, la ville basse, aux constructions élevées, l’entoure.
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Des centaines de colombes s’envolant à notre approche, s’enfuyaient par le trou qui traversait la côte, et on voyait leur ombre monter, tournoyer, sur le petit morceau de ciel aperçu du fond de cette chambrée.
Aussitôt les deux hommes s’écrièrent : « Le phoque ! le phoque ! » et ils se réfugièrent promptement dans une cavité de la grotte pour éviter, disaient-ils, les pierres que la bête lançait à ceux qui la troublaient.
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