« Chronique 2 (Maupassant) » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Marc (discussion | contributions)
m HotCatsMulti : + Catégorie:Le Gaulois
m modèle Chroniques de Maupassant...
Ligne 1 :
[[Catégorie:LeArticles Gauloisde 1882]]
<div class="text">{{TextQuality|50%}}
{{Chroniques de Maupassant|journal=Le Gaulois|date=14 juin 1882}}
 
{{T3|CHRONIQUE}}
[[Catégorie:50%|Chronique]]
[[Catégorie:Chroniques de Maupassant|Chronique]]
[[Catégorie:1882|Chronique]]
[[Catégorie:XIXe siècle|Chronique]]
[[Catégorie:Le Gaulois]]
 
{{ChapitreNav
|'''Les Chroniques de'''
|[[Auteur:Guy de Maupassant|Guy de Maupassant]]<br> <small><small>([[:Catégorie:Chroniques de Maupassant|alpha]]-[[Chroniques de Maupassant|chrono]])</small></small>
|'''Chronique'''</br>''Le Gaulois'', 14 juin 1882
|[[Notes d’un démolisseur]]
|
|[[Les Vieilles|Les vieilles]]
}}
 
 
Ligne 24 ⟶ 11 :
Dès qu’on a passé Saïda, on s’engage dans la montagne, une montagne de pierre rouge, calcinée, toujours brûlante ; puis on retrouve des plaines nues, interminables, puis une espèce de solitude où poussent, de cinquante mètres en cinquante mètres, des touffes de genévriers. On appelle cela la forêt des Hassassenas ; puis enfin on rencontre l’alfa, sorte de petit jonc qui couvre des espaces infinis et qui fait songer à la mer. Toute maison est inconnue en ces contrées mornes ; seule la tente brune et basse des Arabes s’accroche au sol, comme un étrange champignon.
 
Dans ces océans d’alfa vivait une vraie nation, des hordes d’hommes plus sauvages et plus farouches que les Arabes : les alfatiers espagnols. Isolés ainsi, loin du monde, réunis par bandes avec leurs femmes et leurs enfants, perdus en dehors de toute loi, ils ont fait, dit-on, ce que faisaient leurs ancêtres sur les terres nouvelles : ils ont été violents, sanguinaires, terribles, avec leurs voisins les Arabes.
 
Or, l’Arabe supporte tout, jusqu’au moment où il tue.
Ligne 52 ⟶ 39 :
Sur les bords, de gros crabes, des centaines de crabes fuyaient devant moi ; une longue couleuvre parfois glissait dans l’eau, et des lézards énormes s’enfonçaient dans les taillis.
 
Soudain, un grand bruit me fit tressaillir. AÀ quelques pas, un aigle s’envolait. L’immense oiseau, surpris, s’éleva brusquement vers le ciel bleu, et il était si large qu’il semblait toucher avec ses ailes les deux murailles de pierre calcinée qui enfermaient le ravin.
 
Après une heure de marche, je rejoignis la route qui monte vers Aïn-el-Hadjar.
Ligne 70 ⟶ 57 :
Quel enseignement pour les romanciers que ce fameux drame du Pecq ?
 
Quand on a retrouvé ce cadavre roulé dans un tuyau de plomb, les lèvres fermées par une épingle de femme tous les membres liés, tortionné comme s’il avait passé par les mains des inquisiteurs, chacun eut une secousse de stupéfaction et d’horreur. Et .les imaginations s’exaltèrent ; on parlait d’une vengeance d’époux outragé, et l’horrible scène était devinée ; chacun aurait pu la raconter, tant elle semblait logique, commençant par les imprécations et finissant par l’exécution.
 
MM. X. de Montépin, du Boisgobey et Cie ont dû frémir de joie.
Ligne 76 ⟶ 63 :
Le misérable, attiré dans le piège, entrait en la chambre où le mari vengeur l’attendait.
 
Un dialogue ironique de la part de l’époux commençait, comme on en entend au théâtre, un dialogue à faire se pâmer la salle. Puis venaient les reproches, les menaces, la colère, la lutte. L’amant terrassé râlait, et l’autre, à genoux sur lui, vibrant d’une rage frénétique, le mutilait, criant : « Ah ! ta bouche m’a trompé, monstre ! elle a balbutié des paroles d’amour dans l’oreille de celle que j’aime, de celle que la loi et l’Église m’ont donnée pour compagne ; elle a jeté ses baisers brûlants sur les lèvres qui m’appartenaient : eh bien, je la fermerai, cette bouche, avec une épingle de son corsage, une de ces épingles que tu aimais tant à défaire. Et dans tes yeux qui l’ont admirée, j’en enfoncerai deux autres, et je lierai avec du plomb tes mains infâmes qui l’ont caressée !... »
 
Et on voyait cette bouche sanglante cherchant encore à s’ouvrir, clouée par la longue pointe d’acier fin.