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{{Chroniques de Maupassant|journal=Le Gaulois|date=2 mai 1882}}
 
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|'''Les Chroniques de'''
|[[Auteur:Guy de Maupassant|Guy de Maupassant]]<br> <small><small>([[:Catégorie:Chroniques de Maupassant|alpha]]-[[Chroniques de Maupassant|chrono]])</small></small>
|'''Chronique'''</br>''Le Gaulois'', 2 mai 1882
|[[Conflits pour rire]]
|
|[[George Sand d’après ses lettres]]
}}
 
 
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Et elles s’en vont, toutes les deux, en cadence, comme dans le divertissement de ''M. de Pourceaugnac''.
 
Jamais, non jamais tant de dévouement ne s’est rencontré dans des âmes aussi vulgaires...vulgaires… Il est vrai que le maître allait mourir...mourir… et...et… il serait peut-être intéressant de savoir si quelque clause du testament n’a pas récompensé une conduite si méritoire.
 
Mais non, sans doute ; n’effleurons pas d’un soupçon ces honnêtes gens.
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M. de Chaulnes fut, paraît-il, un très brave et très digne gentilhomme d’un autre temps, du bon vieux temps, comme ses domestiques. Eh bien, si j’étais femme, je n’aimerais pas du tout, mais pas du tout, un époux des époques passées. En lisant ce curieux procès, on plaint assurément cet homme simple, et trop candide, et trop honnête pour son siècle ; mais on plaint aussi la jeune et belle fille mariée à cet ascète fanatique.
 
Et, si j’étais juge...juge…
 
 
 
Oh ! si j’étais juge, je me montrerais peut-être fort sévère pour la jeune et charmante duchesse qui excite en ce moment la pitié galante des chroniqueurs. Non pas que je m’étonne, comme ses valets, de ses écarts ; loin de moi cette rigueur et cette intolérance : mais je trouve abominable, monstrueux, révoltant qu’on ait pu rencontrer dans le corsage de cette femme, qu’on assure une des plus séduisantes du monde, et dont ledit corsage doit être, en conséquence, un des endroits la plus poétiques du globe, des vers aussi plats que ceux cités déjà dans ce journal. Relisons-les :
Non pas que je m’étonne, comme ses valets, de ses écarts ; loin de moi cette rigueur et cette intolérance : mais je trouve abominable, monstrueux, révoltant qu’on ait pu rencontrer dans le corsage de cette femme, qu’on assure une des plus séduisantes du monde, et dont ledit corsage doit être, en conséquence, un des endroits la plus poétiques du globe, des vers aussi plats que ceux cités déjà dans ce journal. Relisons-les :
 
 
::''Je t’aimerai tant que la fleur bénie'' ::''S’épanouira pour orner ton séjour ;'' ::''Tant qu’au printemps la terre rajeunie'' ::''Dit à l’oiseau : « Reviens chanter l’amour. »''
::''S’épanouira pour orner ton séjour ;''
::''Tant qu’au printemps la terre rajeunie''
::''Dit à l’oiseau : « Reviens chanter l’amour. »''
 
 
::''Je t’aimerai tant que la blanche étoile'' ::''Viendra, le soir, veiller sur ton sommeil ;'' ::''Tant que, des nuits perçant le sombre voile, '' ::''Le jour viendra sourire à ton réveil.''
::''Viendra, le soir, veiller sur ton sommeil ;''
::''Tant que, des nuits perçant le sombre voile,''
::''Le jour viendra sourire à ton réveil.''
 
 
::''Je t’aimerai, même si l’inconstance'' ::''Te rend parjure, ingrate, à nos amours ;'' ::''Malgré l’oubli, mon cœur, sans espérance'' ::''Dans sa douleur, pour toi battra toujours.''
::''Te rend parjure, ingrate, à nos amours ;''
::''Malgré l’oubli, mon cœur, sans espérance''
::''Dans sa douleur, pour toi battra toujours.''
 
 
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::''Je t’aimerai tant que la fleur bénie'' ::'' « S’épanouira » pour orner ton séjour…''
::''« S’épanouira » pour orner ton séjour...''
 
 
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m’aurait enlevé, je l’avoue, toute velléité de faiblesse pour un amoureux aussi privé de qualités poétiques.
 
Oui, cette absence de littérature m’aurait gâté les sentiments les plus exaltés ; l’envoi de ce morceau rappelle trop vivement les déclarations de pompier à cuisinière : « Ma bele pouxpoule, je taicri pourre te dir que je viendré mangé un boutlion de mains çoir...çoir… »
 
Comment nous attendrir maintenant ? La duchesse est exquise, dit-on - oui ; mais songer que son corsage est un ''séjour orné'' de pareils vers de mirliton !
 
Elle a des yeux d’ange - c’est possible ; - mais quand on pense que ces yeux-là ont dû pleurer sur la ''fleur bénie'' (pourquoi ''bénie'' ?)
 
Et puis, pour peu qu’on soit poète soi-même, quand on rêve en quel endroit délicieux ces vers, dignes de Bossuet, s’étaient blottis, quand on se dit qu’ils y ont été. ; trouvés, et qu’il y en a peut-être encore de semblables,
 
en ce lieu !... Oh ! Seigneur, faites que je ne trouve jamais une déclaration rimée ainsi dans la poitrine de ma bien-aimée ! Elle me deviendrait odieuse à jamais - ces simples mots : ''bénie - séjour - rajeunie - amour - étoile - sommeil - voile - réveil - inconstance - amours - espérance - toujours'' - suffiraient à déparfumer pour moi éternellement ces deux fleurs, bénies ou non.
 
Quand on est beau garçon, séduisant, galant homme, large d’épaules et orné d’une fine moustache (la moustache est indispensable pour être follement aimé) ; quand on a enfin tous les dehors qu’il faut pour plaire, ; quelle folie de montrer ses dedans !