« Misère humaine » : différence entre les versions
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▲[[Catégorie:1886|Misere humaine]]
| [[Contes divers (Maupassant)|Contes divers]] ([[Contes et Nouvelles de Maupassant|chrono]] — [[:Catégorie:Contes et Nouvelles de Maupassant|alpha]])<br>''[[Gil Blas]]'', 8 juin 1886
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Jean
Tenez,
Je levai les yeux vers les toits des maisons immenses. Elle allait là-haut ! Quand y serait-elle ? Combien de repos haletants sur les marches, dans le petit escalier noir et tortueux ?
Tout le monde se retournait pour la regarder ! On murmurait :
Il
Toute ma
Il pleuvait,
Je me sentais triste à pleurer, à pleurer comme les nuages qui pleuraient sur le monde et sur moi, trempé de tristesse
Elle passait, la voiture noire et basse couverte de sa capote ronde et traînée par son cheval brun, comme un présage de mort errant dans la campagne par ce jour sinistre. Tout à coup elle
Il me raconta ceci
Le père et le fils étaient morts au commencement de la semaine. La mère et la fille
Une voisine qui les soignait, se sentant soudain indisposée, avait pris la fuite la veille même, laissant ouverte la porte et les deux malades abandonnées sur leurs grabats de paille, sans rien à boire, seules, seules, râlant, suffoquant, agonisant, seules depuis vingt-quatre heures !
Le médecin venait de nettoyer la gorge de la mère, et
Le médecin, accoutumé à ces misères, répétait
Nous arrivions à la ferme. Il attacha son cheval à la branche
Une odeur forte de maladie et
La mère, étendue dans une sorte de grande caisse de bois, le lit des paysans, et cachée par de vieilles couvertures et de vieilles hardes, semblait tranquille. Elle tourna un peu la tête vers nous.
Le médecin lui demanda :
Elle répondit
Elle haletait, les joues creuses, les yeux luisants, les cheveux mêlés effrayante. Dans son cou maigre et tendu, des creux profonds se formaient à chaque respiration. Allongée sur le dos, elle serrait de ses deux mains les loques qui la couvraient ; et, dès
Je la pris par les épaules et le docteur, la forçant à montrer sa gorge en arracha une grande peau blanchâtre, qui me parut sèche comme du cuir.
Elle respira mieux tout de suite, et but un peu. La mère, soulevée sur un coude, nous regardait. Elle balbutia :
"
Une peur, une peur affreuse, faisait frémir sa voix, peur de cet isolement, de cet abandon, des ténèbres et de la mort
Je répondis :
"Envoyez-lui la mère Mauduit. Je la payerai
Il me serra la main, sortit ; et
Je restais seul avec les deux mourantes.
Mon chien Paf
Et je
La pluie battait les vitres ; le vent secouait le toit,
La vie ! la vie !
Je regardais fumer mes bottes et dormir mon chien, et en moi entrait une joie inconnue, profonde et honteuse en comparant mon sort à celui de ces forçats !
La petite fille se remit à râler, et tout à coup ce souffle rauque me devint intolérable ; il me déchirait comme une lime dont chaque coup mordait mon cœur.
Elle remua la tête pour dire oui, et je lui versai dans la bouche un peu
La mère, restée plus calme,
Était-ce vrai que des choses pareilles arrivaient ?
Le feu
Au moins
Et ces femmes étaient restées seules vingt-quatre heures dans cette cabane sans feu !
Je lui laissai quelque argent et je me sauvai avec mon chien
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