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disant art plus encore que toute autre activité sociale, aussitôt un grand nombre d’hommes s’employèrent à ce genre d’activité, et l’art prit un caractère nouveau, et devint une profession.
146 qu'est-ce que l'art?


Et aussitôt que cela eut lieu, la principale et la plus précieuse des qualités de l’art, la sincérité, se trouva grandement affaiblie, condamnée d’avance à une prompte disparition. À l’art véritable fut substituée la contrefaçon de l’art.
disant art plus encore que toute autre activité so-
ciale, aussitôt un grand nombre d'hommes s'em-
ployèrent à ce genre d'activité, et l'art prit un
caractère nouveau, et devint une profession.


L’artiste de profession, en effet, est forcé de vivre de son art, ce qui l’oblige à inventer indéfiniment, pour ses ouvrages, de nombreux sujets. Voyez, par exemple, quelle différence il y a entre les œuvres produites, d’une part, par des hommes comme les prophètes juifs, les auteurs des ''Psaumes'', François d’Assise, Fra Angelico, les auteurs. de l’''Iliade'' et de l’''Odyssée'', ceux des légendes et des chansons populaires, tous ces hommes d’autrefois qui non seulement n’étaient point payés pour leurs œuvres, mais ne se souciaient même pas d’y attacher leurs noms ; et, d’autre part, les œuvres produites par des poètes de cour, des peintres ou des musiciens comblés d’honneurs et d’argent ! Mais plus grande encore est la différence entre l’œuvre des vrais artistes et celle des {{tiret|pro|fessionnels}}
Et aussitôt que cela eut lieu, la principale et la
plus précieuse des qualités de l'art, la sincérité, se
trouva grandement affaiblie, condamnée d'avance
à une prompte disparition. A l'art véritable fut
substituée la contrefaçon de l'art.

L'artiste de profession, en effet, est forcé de
vivre de son art, ce qui l'oblige à inventer indéfi-
niment, pour ses ouvrages, de nombreux sujets.
Voyez, par exemple, quelle différence il y a entre
les œuvres produites, d'une part, par des hommes
comme les prophètes juifs, les auteurs des Psau-
tnes, François d'Assise, Fra Angelico, les auteurs.
de VIliade et de l'Odyssée, ceux des légendes et
des chansons populaires, tous ces hommes d'au-
trefois qui non seulement n'étaient point payés
pour leurs œuvres, mais ne se souciaient même
pas d'y attacher leurs noms ; et, d'autre part, les
œuvres produites par des poètes de cour, des pein-
tres ou des musiciens comblés d'honneurs et d'ar-
gent ! Mais plus grande encore est la différence
entre l'œuvre des vrais artistes et celle des pro-

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