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et ce chiffre fut doublé en peu d’années. L’Autriche marcha bientôt sur les traces du commerce anglais. La destruction de la république de Venise mettait cette puissance dans une position magnifique. Devenue mer autrichienne, l’Adriatique lui ouvrait vers l’Orient une route sans pareille ; elle en profita, et, suivant l’exemple de l’Angleterre, elle réussit comme elle. Notre commerce seul, au lieu de ressusciter au jour de cette renaissance générale, se laissa envahir de tous côtés, et nos négocians endormis ne surent pas même maintenir leurs affaires au taux où elles étaient à la fin du dernier siècle. Il serait toutefois injuste de faire peser sur eux seuls le poids de cette accusation ; il faut leur tenir compte des développemens extraordinaires que l’industrie manufacturière avait pris en peu d’années en Autriche et en Angleterre. Ses progrès ont été dans ces deux pays bien plus instantanés
et ce chiffre fut doublé en peu d’années. L’Autriche marcha bientôt
que dans le nôtre, et surtout les fabricans anglais et autrichiens, étudiant avec plus de soin les peuples avec lesquels ils voulaient commercer, avaient su mieux approprier à leurs goûts les produits de leurs manufactures. Les Orientaux recherchent avant tout dans les marchandises l’éclat et le bon marché, les manufactures autrichiennes et
sur les traces du commerce anglais. La destruction de la république
anglaises travaillèrent en conséquence. Les réformes du sultan avaient de beaucoup augmenté, comme nous l’avons dit, la vente des draps ; sous ce rapport, le commerce de l’Allemagne et de l’Angleterre avait des facilités qui manquaient au nôtre. Dans ces deux pays, l’industrie peut livrer des tissus de laine à des prix bien inférieurs à ceux des manufactures françaises ; les négocians profitèrent de cette supériorité que l’Angleterre et l’Autriche doivent moins aux perfectionnemens des machines qu’à la taxe de 24 pour 100 dont sont grevées, à leur entrée en France, les laines étrangères. — Pendant que les administrations anglaise et autrichienne venaient autant que possible en aide à leurs nationaux, le gouvernement opposait, en France, plus d’un obstacle au commerce. Loin d’imiter l’exemple de l’Autriche, qui ouvrait dans les Alpes une nouvelle route au négoce ; qui diminuait tous les jours, ainsi que l’Angleterre, et supprimait enfin presque entièrement les quarantaines, — la France fermait ses ports aux provenances du Levant, en maintenant avec un entêtement inconcevable la rigueur absurde des lazarets. Voici à ce sujet quelques faits irréfragables sur lesquels le gouvernement s’obstine à fermer les yeux. Depuis plusieurs années déjà, le voyageur peut se rendre, sans faire quarantaine, de Constantinople à Vienne, par la voie du Danube, et par Trieste, s’il se résigne à passer vingt-quatre heures seulement au lazaret. D’Alexandrie, il peut aller à Londres sans faire quarantaine.
de Venise mettait cette puissance dans une position magnifique. Devenue mer autrichienne, l’Adriatique lui ouvrait vers l’Orient une route
sans pareille ; elle en profita, et, suivant l’exemple de l’Angleterre,
elle réussit comme elle. Notre commerce seul, au lieu de ressusciter
au jour de cette renaissance générale, se laissa envahir de tous côtés,
et nos négocians endormis ne surent pas même maintenir leurs affaires
au taux où elles étaient à la fin du dernier siècle. Il serait toutefois injuste de faire peser sur eux seuls le poids de cette accusation ; il faut
leur tenir compte des développemens extraordinaires que l’industrie
manufacturière avait pris en peu d’années en Autriche et en Angleterre. Ses progrès ont été dans ces deux pays bien plus instantanés
que dans le nôtre, et surtout les fabricans anglais et autrichiens, étudiant avec plus de soin les peuples avec lesquels ils voulaient commercer, avaient su mieux approprier à leurs goûts les produits de leurs
manufactures. Les Orientaux recherchent avant tout dans les marchandises l’éclat et le bon marché, les manufactures autrichiennes et
anglaises travaillèrent en conséquence. Les réformes du sultan avaient
de beaucoup augmenté, comme nous l’avons dit, la vente des draps ;
sous ce rapport, le commerce de l’Allemagne et de l’Angleterre avait
des facilités qui manquaient au nôtre. Dans ces deux pays, l’industrie
peut livrer des tissus de laine à des prix bien inférieurs à ceux des
manufactures françaises ; les négocians profitèrent de cette supériorité
que l’Angleterre et l’Autriche doivent moins aux perfectionnemens
des machines qu’à la taxe de 24 pour 100 dont sont grevées, à leur
entrée en France, les laines étrangères. — Pendant que les administrations anglaise et autrichienne venaient autant que possible en aide
à leurs nationaux, le gouvernement opposait, en France, plus d’un
obstacle au commerce. Loin d’imiter l’exemple de l’Autriche, qui
ouvrait dans les Alpes une nouvelle route au négoce ; qui diminuait
tous les jours, ainsi que l’Angleterre, et supprimait enfin presque
entièrement les quarantaines, — la France fermait ses ports aux provenances du Levant, en maintenant avec un entêtement inconcevable la rigueur absurde des lazarets. Voici à ce sujet quelques faits
irréfragables sur lesquels le gouvernement s’obstine à fermer les yeux.
Depuis plusieurs années déjà, le voyageur peut se rendre, sans faire
quarantaine, de Constantinople à Vienne, par la voie du Danube, et
par Trieste, s’il se résigne à passer vingt-quatre heures seulement au
lazaret. D’Alexandrie, il peut aller à Londres sans faire quarantaine.