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d’origine mais à demi-germanisés, où les protestants assez nombreux l’appelaient par leurs vœux secrets ». Il indigna Marie-Thérèse en lui offrant d’acheter cette province et sur son refus s’en empara gratis. L’Autriche n’avait que des troupes insuffisantes et était endettée. Marie-Thérèse fit appel à la France. Ce fut en vain. Louis {{corr|xv|15}} crut habile de s’allier à Frédéric.
d’origine mais à demi-germanisés, où les protestants assez nombreux l’appelaient par leurs vœux secrets ». Il indigna Marie-Thérèse en lui offrant d’acheter cette province et sur son refus s’en empara gratis. L’Autriche n’avait que des troupes insuffisantes et était endettée. Marie-Thérèse fit appel à la France. Ce fut en vain. Louis {{corr|xv|15}} crut habile de s’allier à Frédéric.
{{astérisme}}
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L’Europe traversait alors une phase singulière. On eût dit que la personnalité des peuples s’était évanouie, effacée comme en un crépuscule général tandis que les souverains, entre eux, jouaient aux échecs. Ils avançaient ou retiraient leurs troupes, occupant ou évacuant des territoires, cherchant des combinaisons propres à faire réussir quelque coup avantageux. On « renversait les alliances », on échangeait des provinces ou des couronnes, on concluait des traités dictés par l’intérêt personnel des princes. Un monarque français sachant mal l’espagnol régnait à Madrid et un monarque allemand ne parlant pas l’anglais, régnait à Londres. Pour le mariage manqué du roi de France avec une infante, pour assurer en Italie le trône des Deux Siciles au fils cadet du roi d’Espagne, parce que des aventuriers devenus ministres, Alberoni et Dubois, prétendaient recevoir la pourpre cardinalice, parce que le roi d’Angleterre était en même temps {{corr|Electeur|Électeur}} de Hanovre, parce que Stanislas Leczinski roi de Pologne avait été renversé et que « la reine de France ne pouvait pas être la fille d’un simple particulier »..… pour ces motifs ou d’autres similaires, la guerre menaçait d’éclater ou éclatait réellement. De ces faiblesses et de ces folies, Frédéric {{rom-maj|ii|2}} tira une bonne part de ses succès. Au milieu d’une autre Europe, il eût sans doute moins bien réussi malgré ses talents et son énergie. Mais seul il était vraiment identifié à ses sujets, sa sécurité, ses
L’Europe traversait alors une phase singulière . On eût dit
que la personnalité des peuples s’ét ait évanouie, effacée comme
en un crépuscule gén éral tandis que les souverains, entre eux,
jouaient aux échecs. Ils avançaient ou ret iraient leurs troupes,
occupant ou évacuant des t erritoires, cherchant des combinaisons
propres à faire réussir quelque coup avant ageux . On « renversait
les allian ces », on éch angeait des provinces ou des couronnes,
on concluait d es traités dictés par l’intér êt personn :ei
des princes . Un monarque français sa chant mal l ’espagnol r égnait
à Madrid et un monarque allemand ne parla nt pas l’a nglais,
régnait à Londres. Pour le mariage manqué du roi de France
avec une infante, pour a ssurer en Italie l e trône des Deux Siciles
au fils cadet du roi d’Espagne, parce que des avent uriers deven us
ministres, Alberoni et Dubois, prétendaient recevoir la pourpre
cardinalice, parce que le roi d’Angleterre était en même t emps
Electeur de Hanovre, parce que Stanisla s Leczinski roi de
Pologne avait été renversé et que « la reine de France ne pouvait
pas être la fille d’un simple particulier »..... pour ces motifs ou
d’autres similaires, la guerre m enaçait d’éclater ou éclata it réellement.
De ces faiblesses et de ces folies , Frédéric II tira une
bonne part de ses succès. Au- milieu d’une autre Europe, il eût
sans doute moins bien réussi malgré ses t alents et son énergie.
Mais seul il était vraiment identifié à ses sujets, sa sécurité, ses
<ref follow="2p96">de Brandebourg qui s’intitulait roi de Prusse, alors que la Prusse, domaine d’un peuple disparu depuis longtemps, ne représentait qu’une faible partie de ses {{corr|Etats|États}} ; l’autre, le duc de Savoie qui depuis 1720 était « roi de Sardaigne » bien que régnant de fait en Piémont.</ref>
<ref follow="2p96">de Brandebourg qui s’intitulait roi de Prusse, alors que la Prusse, domaine d’un peuple disparu depuis longtemps, ne représentait qu’une faible partie de ses {{corr|Etats|États}} ; l’autre, le duc de Savoie qui depuis 1720 était « roi de Sardaigne » bien que régnant de fait en Piémont.</ref>