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Ce que nous demandons avant tout, ce que nous ne cesserons jamais de demander à la république, c’est un gouvernement de droit, qui puisse enfin remplacer dans les esprits l’idée brutale d’un gouvernement de fait. Il n’y a pas de citoyens, selon la belle et grave acception du mot, là où il n’y a pas de droit institué qui sache se défendre lui-même et se contenir en se défendant. Le droit, dans le monde d’avant 89, reposait, à tous les étages de l’édifice social, sur l’idée d’une légitimité naturelle et perpétuelle des privilèges ; le privilège ne se discutait pas, il était, et, par cela seul qu’il était, il se faisait accepter avec cet empire qui enlève la pleine soumission des consciences, le seul empire digne de l’homme. Ceux-là donc qui se portaient alors les gardiens jaloux des privilèges de leur commune, de leur province ou de leur caste, magistrats, bourgeois, prêtres et gentilshommes, tous ceux-là furent de vrais citoyens, parce qu’ils combattaient pour le droit tel que l’entendait leur intelligence dans la sphère étroite de l’âge où ils vivaient. Cette sphère s’est élargie ; le droit n’est plus assis sur le privilège, mais sur l’égalité ; l’égalité se traduit et se formule par la libre entrée de tous dans l’état, par la souveraineté de tous sur chacun et de chacun sur tous ; la souveraineté du peuple manifestée dans le gouvernement des majorités, voilà le droit social et politique de notre âge. La cause profonde pour laquelle la France, surprise par la république, s’est résignée si facilement, c’est que la république s’annonçait comme la réalisation suprême de ce droit nouveau. Ce n’est pas réaliser le droit que de n’en point inculquer le respect superstitieux si la république ne fonde pas dans les ames le culte absolu du droit qu’elle a
Ce que nous demandons avant tout, ce que nous ne cesserons jamais de demander à la république, c’est un gouvernement de droit, qui puisse enfin remplacer dans les esprits l’idée brutale d’un gouvernement de fait. Il n’y a pas de citoyens, selon la belle et grave acception du mot, là où il n’y a pas de droit institué qui sache se défendre lui-même et se contenir en se défendant. Le droit, dans le monde d’avant 89, reposait, à tous les étages de l’édifice social, sur l’idée d’une légitimité naturelle et perpétuelle des privilèges ; le privilège ne se discutait pas, il était, et, par cela seul qu’il était, il se faisait accepter avec cet empire qui enlève la pleine soumission des consciences, le seul empire digne de l’homme. Ceux-là donc qui se portaient alors les gardiens jaloux des privilèges de leur commune, de leur province ou de leur caste, magistrats, bourgeois, prêtres et gentilshommes, tous ceux-là furent de vrais citoyens, parce qu’ils combattaient pour le droit tel que l’entendait leur intelligence dans la sphère étroite de l’âge où ils vivaient. Cette sphère s’est élargie ; le droit n’est plus assis sur le privilège, mais sur l’égalité ; l’égalité se traduit et se formule par la libre entrée de tous dans l’état, par la souveraineté de tous sur chacun et de chacun sur tous ; la souveraineté du peuple manifestée dans le gouvernement des majorités, voilà le droit social et politique de notre âge. La cause profonde pour laquelle la France, surprise par la république, s’est résignée si facilement, c’est que la république s’annonçait comme la réalisation suprême de ce droit nouveau. Ce n’est pas réaliser le droit que de n’en point inculquer le respect superstitieux si la république ne fonde pas dans les ames le culte absolu du droit qu’elle a