« Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome II, 1926.djvu/166 » : différence entre les versions
Aucun résumé des modifications |
Aucun résumé des modifications |
||
Contenu (par transclusion) : | Contenu (par transclusion) : | ||
Ligne 2 : | Ligne 2 : | ||
Sur les populations conquises la tradition maintenait son emprise inconsciente. On ne s’étonne pas assurément de voir Rome, périodiquement travaillée par le regret de sa grandeur perdue, s’employer à en rétablir les formes. Ainsi se produisirent les tentatives successives d’Alberic de Camerino (932-954), de |
Sur les populations conquises la tradition maintenait son emprise inconsciente. On ne s’étonne pas assurément de voir Rome, périodiquement travaillée par le regret de sa grandeur perdue, s’employer à en rétablir les formes. Ainsi se produisirent les tentatives successives d’Alberic de Camerino (932-954), de |
||
Crescentius et de son fils proclamant la république (974-985), d’Arnauld de Brescia voulant ressusciter le tribunat {1145 |
Crescentius et de son fils proclamant la république (974-985), d’Arnauld de Brescia voulant ressusciter le tribunat {1145-1155), de Rienzi enfin réussissant presque — à la faveur du transfert du Saint Siège à Avignon — à implanter son pouvoir pseudo-consulaire et à le faire reconnaître (1347-1354). Ces tentatives sont dans l’ordre des choses ; il semble qu’elles n’auraient pas pu ne pas avoir lieu. De même la lecture solennelle des œnvres de Virgile dans le forum de Trajan ou la convocation au Capitole des écrivains appelés à l’honneur de s’y voir décerner la couronne de laurier symbolique. N’est-il pas normal qu’un peuple possédant un tel passé cherche, fut-ce en le pastichant, à se donner l’illusion de le voir revivre ? |
||
Mais bien plus suggestif, encore que moins perceptible, est le lent travail d’évolution par lequel passent les cités italiennes après le renversement, aux {{rom-maj|x|10}{{e|me}} et {{rom-maj|xi|11}{{e|me}} siècles, des institutions féodales qui les opprimaient. Seigneurs laïques ou bénéficiaires ecclésiastiques une fois dépouillés de leurs privilèges (généralement par l’effort combiné des corporations de métiers), des « communes »s’organisent en lesquelles revit le municipalisme un peu étroit de la Rome antique. L’habitant en vient à être victime du citoyen. {{corr|A|À}} un moment donné on verra Florence compter près de quatre-vingt-dix mille habitants dont moins de quatre mille seront des citoyens. Bientôt déchirées par les factions, en luttes incessantes les unes contre les autres, menacées par la démagogie, les villes se réfugient dans le despotisme. Elles acclament des «tyrans» pris parfois |
|||
Mais bien plus suggestif, encore que moins perceptible, est le |
|||
lent travail d’évolution par lequel passent les cités italiennes après |
|||
Je renversement, aux X"’0 et xim6 siècles, des institutions féodales |
|||
qui les opprimaient. Seigneurs laïques ou bénéficiaires ecclésiastiques |
|||
une fois d épouillés de leurs privilèges (généralement par |
|||
l’effort combiné des corporations de métiers), des «communes,, |
|||
s’organisent en lesquelles revit le municipalisme un peu étroit de |
|||
la Rome antique. L’habitant en vient à être victime du citoyen. A |
|||
un moment donné on verra Florence compter près de quatre-vingt-dix |
|||
mille habitants dont moins de quatre mille seront des citoyens. |
|||
Bientôt déchirées par les factions, en luttes incessantes les unes |
|||
contre les autres, menacées par la démagogie, les villes se réfugient |
|||
·dans le despotisme. Elles acclament des «tyrans» pris parfois |
|||
dans les rangs d e l’aristocratie locale mais qui, plus souvent, sont |
dans les rangs d e l’aristocratie locale mais qui, plus souvent, sont |
||
de simples aventuriers imposés par leurs exploits de guerre, |
de simples aventuriers imposés par leurs exploits de guerre, |