« Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome II, 1926.djvu/161 » : différence entre les versions

Aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
la Lombardie, Modène, Parme, Bologne, Plaisance. Mais la première donation avait suffi à déterminer le déclin. Dès la fin du {{rom-maj|ix|9}}{{e|me}} siècle, la papauté ayant des intérêts matériels à sauvegarder et des frontières à défendre était deyenue prisonnière à l’extérieur de l’empire barbare qu’elle avait créé en couronnant Charlemagne et, à l’intérieur, des partis politiques qui n’avaient pas tardé à se former dans ses {{corr|Etats|États}}. Le peuple et l’aristocratie, les cléricaux et les anticléricaux se livraient à Rome une lutte incessante. Rome devenait une sorte de théocratie dominée par des prêtres et des femmes. Des scandales sans nom s’y succédèrent. On vit des courtisanes disposer de la tiare. Le désordre ne fut arrêté que par l’intervention des césars germaniques après qu’Othon {{rom-maj|i|1}}{{er}} eût en 962, refait à son profit l’empire de Charlemagne. Leurs choix ne furent pas toujours mauvais ; le célèbre français Gerbert devenu pape sous le nom de Silvestre {{rom-maj|ii|2}} (999-1003) en témoigne mais il était chaque jour plus évident que, pour avoir prétendu assurer l’indépendence du Saint Siège en face de chefs barbares promptement disparus, on lui avait forgé des chaînes autrement durables et par lesquelles sa liberté d’action spirituelle risquait d’être définitivement entravée.
la Lombardie, Modène, Parme, Bologne, Plaisance. Mais la première donation avait suffi à déterminer le déclin. Dès la fin du {{rom-maj|ix|9}}{{e|me}} siècle, la papauté ayant des intérêts matériels à sauvegarder et des frontières à défendre était deyenue prisonnière à l’extérieur de l’empire barbare qu’elle avait créé en couronnant Charlemagne et, à l’intérieur, des partis politiques qui n’avaient pas tardé à se former dans ses {{corr|Etats|États}}. Le peuple et l’aristocratie, les cléricaux et les anticléricaux se livraient à Rome une lutte incessante. Rome devenait une sorte de théocratie dominée par des prêtres et des femmes. Des scandales sans nom s’y succédèrent. On vit des courtisanes disposer de la tiare. Le désordre ne fut arrêté que par l’intervention des césars germaniques après qu’Othon {{rom-maj|i|1}}{{er}} eût en 962, refait à son profit l’empire de Charlemagne. Leurs choix ne furent pas toujours mauvais ; le célèbre français Gerbert devenu pape sous le nom de Silvestre {{rom-maj|ii|2}} (999-1003) en témoigne mais il était chaque jour plus évident que, pour avoir prétendu assurer l’indépendence du Saint Siège en face de chefs barbares promptement disparus, on lui avait forgé des chaînes autrement durables et par lesquelles sa liberté d’action spirituelle risquait d’être définitivement entravée.


Alors parut Grégoire {{rom-maj|vii|7}}. C’était un moine de l’abbaye de Cluny en Bourgogne, un homme remarquable par son énergie et son intelligence mais qui n’avait point la pondération de son illustre homonyme. Appelé à Rome par le pape Léon {{rom-maj|ix|9}} (1049) Hildebrand fut le secrétaire {{corr|d’Etat|d’État}} de quatre pontifes successifs. En 1073 il fut élu lui-même et prit le nom de Grégoire {{rom-maj|vii|7}}. Ainsi de 1049 à 1084 il gouverna {{corr|l’Eglise|l’Église}}. Son but était de la purifier d’une part, de l’émanciper du joug impérial de l’autre. Il y apporta une audace incroyable. Un concile assemblé à Rome par ses soins décida que le pape serait désormais élu par le collège des cardinaux qui devenait ainsi le sénat de la nouvelle Rome (1059). Le peuple ne conservait plus qu’un vague droit d’acquiescement et l’empereur celui, tout aussi illusoire, de « confirmer » l’élection. En 1078 un autre concile interdit le mariage des prêtres. La révolte fut générale surtout en Allemagne. Car un grand nombre de prêtres étaient mariés ou vivaient en union libre. Le célibat n’existait en somme que dans les monastères et précisément les moines d’alors étaient principalement des laïques. Pour comprendre l’état des choses dans {{corr|l’Eglise|l’Église}}, il ne faut pas perdre de vue ces points essentiels. Grégoire {{rom-maj|vii|7}} ayant déchaîné des orages de tous côtés y fit tête sans défaillance et tel était le prestige de son caractère et aussi de sa vertu qu’il eût gain de cause. L’empereur allemand Henri {{rom-maj|iv|4}}
Alors parut Grégoire VII. C’était un moine de l’abbaye de
Cluny en Bourgogne, un homme remarquable par son énergie et
son intelligence mais qui n’avait point la pondération de son illustre
homonyme. Appelé à Rome par le pape Léon IX. (1049) Hildebrand
fut le secrétaire d’Etat de quatre ·pontifes successifs. En 1073 il fut
élu lui - même et prit le nom de Grégoire VII. Ainsi de 1049 à 1084
il gouverna l’Eglise. Son but était de la purifier d’une part, de
l’émanciper du joug impérial de l’autre. Il y apporta une audace
incroyable. Un concile assemblé à B.ome par ses soins décida que
le pape serait désormais. élu par le collège des cardinaux qui
devenait ai nsi le sénat de la nouvelle Rome (1059). Le peuple ne
conservait plus qu’un vague droit d’acquiescement et l’empereur
celui, tout aussi illusoire, de «confirmer» l’élection. En 1078 un
autre concile interdit le mariage des prêtres. La révolte fut générale
surtout en Allemagne. Car un grand nombre de prêtres étaient
mariés ou vivaient en union libre. Le célibat n ’existait en somme
que dans les monastères et précisément les moines d’alors étaient
principalement des laïques . Pour comprendre l’état des choses
dans l’Eglise, il ne faut pas perdre de vue ces points essentiels.
Grégoire VII ayant déchaîné des orages de tous côtés y fit t ête
sans défaillance et tel était le prestige de son caractère et aussi de
:;~ vertu qu’il eùt gain de çaqse. L ’emper~μr gllemand Henri IV