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{{tiret2|silen|cieuse}}, l’Arabie ne sera plus qu’une Terre sainte vers laquelle se dirigeront tout le long des âges d’infatigables pèlerinages. Aux deux pointes du croissant, en Mésopotamie et en {{corr|Egypte|Égypte}} d’un côté, en Espagne de l’autre se sont élevées des souverainetés somptueuses que l’excès des richesses et le goût de tous les luxes ont rapidement affaiblies. Là il n’y a guère eu d’arabe que les chefs, parfois remarquables, volontiers tolérants, sachant utiliser avec intelligence le concours des races indigènes : races affinées comme les Persans et les {{corr|Egyptiens|Égyptiens}} ou bien énergiques et vivaces comme les Espagnols et les Berbères. Nous avons vu en étudiant l’histoire des premiers s’écrouler successivement sous la poussée turque la puissance des califes de Bagdad (1056) et celle des califes du Caire (1171). L’histoire des seconds nous apprend comment vers l’an 1000 le califat de Cordoue s’étant démembré en une série de principautés, l’action marocaine se manifesta dans la péninsule par l’intermédiaire de deux dynasties successives, celle des Almoravides (1055-1147) et celle des Almohades (1147-1269) qui combinèrent assez curieusement les mentalités arabe et berbère et dont la puissance, un long moment, s’étendit sur tout le sud de l’Espagne en même temps que sur l’occident de l’Afrique, ce moghreb (couchant) dont le nom poétique est encore employé parfois pour désigner le Maroc.
{{tiret2|silen|cieuse}}, l’Arabie ne sera plus qu’une Terre sainte vers laquelle se dirigeront tout le long des âges d’infatigables pèlerinages. Aux deux pointes du croissant, en Mésopotamie et en {{corr|Egypte|Égypte}} d’un côté, en Espagne de l’autre se sont élevées des souverainetés somptueuses que l’excès des richesses et le goût de tous les luxes ont rapidement affaiblies. Là il n’y a guère eu d’arabe que les chefs, parfois remarquables, volontiers tolérants, sachant utiliser avec intelligence le concours des races indigènes : races affinées comme les Persans et les {{corr|Egyptiens|Égyptiens}} ou bien énergiques et vivaces comme les Espagnols et les Berbères. Nous avons vu en étudiant l’histoire des premiers s’écrouler successivement sous la poussée turque la puissance des califes de Bagdad (1056) et celle des califes du Caire (1171). L’histoire des seconds nous apprend comment vers l’an 1000 le califat de Cordoue s’étant démembré en une série de principautés, l’action marocaine se manifesta dans la péninsule par l’intermédiaire de deux dynasties successives, celle des Almoravides (1055-1147) et celle des Almohades (1147-1269) qui combinèrent assez curieusement les mentalités arabe et berbère et dont la puissance, un long moment, s’étendit sur tout le sud de l’Espagne en même temps que sur l’occident de l’Afrique, ce moghreb (couchant) dont le nom poétique est encore employé parfois pour désigner le Maroc.


Mais il ne conviendrait pas de penser que par une énumération d’empires et de principautés, le champ de l’activité arabe se trouve délimité. Il reste les innombrables groupements alimentés par la piraterie. Durant des siècles, les pirates arabes non seulement entravèrent et rançonnèrent le commerce de la Méditerranée mais sur bien des points de ses rivages créèrent des établissements durables. Une tradition existait. Avant eux des pirates grecs et phéniciens, ibères et illyriens avaient écumé la mer. C’était un métier lucratif et tentant. On s’associait pour armer une flottille qui grandissait avec le succès. Il y fallait de l’audace, de l’ingéniosité, le goût des aventures et la passion du gain, toutes caractéristiques par lesquelles les Arabes se distinguaient. Aussi, s’étant vite familiarisés avec la mer, ils se répandirent de tous côtés, occupant les îles, Chypre, la Crète, la Sardaigne, la Sicile… prenant pied sur la côte marseillaise, partout précédés par la terreur qu’inspirait leur nom. On peut se faire une idée de leurs exploits en évoquant ce sac de Salonique qui eut lieu un dimanche de juillet de l’an 904. La grande ville surprise en pleine sécurité se vit enlever en quelques heures vingt deux mille jeunes gens et jeunes filles qui emmenés en Crète y furent vendus comme esclaves. La Crète,
Mais il ne conviendrait pas de penser que par une énumération
d’empires et de principautés, le champ de l’activité arabe se
trouve délimité. Il reste les innombrables groupements alimentés
par la piraterie. Durant des siècles, les pirates arabes non seulement
entravèrent et rançonnèrent le commerce de la Méditerranée
mais sur bien des points de ses rivages créèrent des établissements
durables. Une tradition existait. Avant eux des pirates
grecs et phéniciens, ibères et illyriens avaient écumé la mer.
C’était un métier lucratif et tentant. On s’associait pour armer
une flottille qui grandissàit avec le succès. Il y fallait de l’audace,
de l’ingéniosité, le goO.t des aventures et la passion du gain, toutes
caractéristiques par lesquelles les Arabes se distinguaient. Aussi,
s’étant vite familiarisés avec la mer , ils se répandirent de tous
côtés, occupant les îles, Chypre, la Crète, la Sardaigne, la Sicile...
prenant pied sur la côte marseillaise, partout précédés par la terreur
qu’inspirait leur nom. On peut se faire une idée de Jeurs exploits en
évoquant ce sac de Salonique qui eut lieu un dimanche de juillet
de l’an 904 . La grande ville surprise en pleine sécurité se vit enlever
en quelques heures vingt deux millejeunes gens etj1 :mnes filles qui
emmenés en Crète y furent vendus comme esclaves. La Crète,