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autres. Elles appelaient volontiers les villes de Grèce à leur secours. Cet état de choses favorisait les ambitions carthaginoises. L’agression des Perses fournit à celles-ci l’occasion de se manifester ; l’heure semblait très propice. Mais, malgré un effort énorme et bien dirigé, Carthage échoua. Les vainqueurs d’Himère imposèrent sagement une paix clémente par laquelle ils obtenaient des Carthaginois l’engagement de renoncer aux sacrifices humains. Grande date dans l’histoire du monde que celle où un peuple victorieux réclame de tels engagements comme prix de sa victoire. Au même moment, les Athéniens rentraient couverts de gloire dans leur cité dévastée. Les maisons en étaient détruites. Thucydide dit que « seules restaient debout celles qu’avaient occupées les commandants et chefs perses ». De leur côté, les femmes et les enfants transportés à Trézène quittaient cette ville qui les avait bien reçus. Plutarque conte que, sur l’initiative d’un citoyen, un décret avait été rendu autorisant les enfants à cueillir librement des fruits dans la campagne pour adoucir en eux l’amertume de de l’exil et de la séparation. {{corr|A|À}} ce trait charmant comme aux conditions de la paix d’Himère, ne reconnaît-on pas la fleur magnifique de l’hellénisme qui s’épanouissait ?
autres. Elles appelaient volontiers les villes de Grèce à leur secours. Cet état de choses favorisait les ambitions carthaginoises. L’agression des Perses fournit à celles-ci l’occasion de se manifester ; l’heure semblait très propice. Mais, malgré un effort énorme et bien dirigé, Carthage échoua. Les vainqueurs d’Himère imposèrent sagement une paix clémente par laquelle ils obtenaient des Carthaginois l’engagement de renoncer aux sacrifices humains. Grande date dans l’histoire du monde que celle où un peuple victorieux réclame de tels engagements comme prix de sa victoire. Au même moment, les Athéniens rentraient couverts de gloire dans leur cité dévastée. Les maisons en étaient détruites. Thucydide dit que « seules restaient debout celles qu’avaient occupées les commandants et chefs perses ». De leur côté, les femmes et les enfants transportés à Trézène quittaient cette ville qui les avait bien reçus. Plutarque conte que, sur l’initiative d’un citoyen, un décret avait été rendu autorisant les enfants à cueillir librement des fruits dans la campagne pour adoucir en eux l’amertume de de l’exil et de la séparation. {{corr|A|À}} ce trait charmant comme aux conditions de la paix d’Himère, ne reconnaît-on pas la fleur magnifique de l’hellénisme qui s’épanouissait ?


Sparte sortait de la guerre frappée d’une double déchéance. Jusqu’alors sa valeur militaire avait été incontestée. On admettait sa force à l’égal d’un dogme. Or non seulement ses troupes n’avaient participé à une lutte dont rétrospectivement le caractère panhellénique s’accusait de façon nette, qu’avec intermittence et mesquinerie mais, sur le terrain stratégique comme sur le terrain technique, elles avaient révélé une réelle infériorité. C’était l’armée d’Athènes composée d’« entraînés individuels » — de sportifs pourrait-on dire — qui avait innové à Marathon en chargeant au pas de course à la stupeur de l’ennemi ; c’était elle qui, à Platées, avait fait preuve d’une discipline et d’une bravoure combinées qu’on n’attendait point sinon de troupes de métier. C’était sa flotte enfin, sa magnifique flotte hâtivement construite à qui revenait l’honneur d’avoir à Salamine, brisé l’orgueil de l’agresseur. Et chez les chefs — non point des professionnels mais des gens d’affaires, des commerçants, des hommes politiques devenus généraux d’occasion — quel instinct de la bonne manœuvre, quelle promptitude à se décider, à apercevoir et à saisir l’occasion favorable ! Sparte s’en trouvait diminuée d’autant. Ce n’était pas tout. Ces lauriers rutilants venaient orner le chef d’une démocratie du caractère le plus libéral et dont le libéralisme continuait de s’accentuer ;
Sparte sortait de la guerre frappée d’une double déchéance.
Jusqu’alors sa valeur militaire avait été incontestée. On admettait
sa force à l’égal d’un dogme. Or non seulement ses troupes
n’avaient participé à une lutte dont rétrospectivement le caractère
panhellénique s’accusait de façon nette, qu’avec intermittence et
mesquinerie mais, sur le terrain stratégique comme sur le terrain
technique, elles avaient révélé une réelle infériorité. C’était l’armée
d’Athènes composée d’ « entraînés individuels )) - de sportifs
pourrait-on dire - qui avait innové à Marathon en chargeant au
pas de course à la stupeur de l’ennemi ; c’était elle qui, à Platées,
avait fait preuve d’une discipline et d’une bravoure combinées
qu’on n’attendait point sinon de troupes de métier. C’était sa flotte
enfin, sa magnifique flotte hâtivement construite à qui revenait
l’honneur d’avoir à Salamine, brisé l’orgueil de l’agresseur. Et
chez les chefs - non point des professionnels mais des gens d’affaires,
des commerçants, des hommes politiques devenus généraux
d’occasion - quel instinct de la bonne manœuvre, quelle promptitude
à se décider, à apercevoir et à saisir l’occasion favorable l
Sparte s’en trouvait diminuée d’autant. Ce n’était pas tout. Ces
lauriers rutilants venaient orner le chef d ’une démocratie du caractère
le plus libéral et dont le libéralisme continuait de s’accentuer ;
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