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{{tiret2|souve|rains}}, Amenophis {{rom-maj|iii|3}}, Seti {{rom-maj|i|1}}{{er}}, Ramsès {{rom-maj|ii|2}} (1300-1234) dirigèrent des expéditions armées du même côté mais sans chercher à opérer de nouvelles conquêtes et sans que l’entreprise militaire ait jamais fait perdre aux Pharaons le sens de leurs devoirs civils. Ce furent, si l’on peut ainsi dire, des opérations défensives en forme d’offensive. La leçon des « Hyksos » n’était pas perdue et l’avenir devait justifier cette prudence puisque c’est bien par là que plus tard devaient pénétrer successivement les envahisseurs assyriens, les Perses et, plus tard encore, les Arabes et les Turcs. Ainsi {{corr|l’Egypte|l’Égypte}} libérée de ses dynasties sémites se retrouvait éprise de paix et de prospérité comme elle l’avait été sous « l’ancien empire ». Une révolution religieuse vint pourtant troubler cette quiétude. Amenophis {{rom-maj|iv|4}} se prononça tout à coup contre le culte d’Ammon, le dieu des Thébains qui peu à peu était devenu le dieu national et dont les prêtres avaient vu grandir démesurément leurs attributions et leur influence. Sans doute ce clergé encombrant en était-il arrivé à contrarier et gêner le pouvoir royal. Ce qui est étrange, en cette histoire, c’est le radicalisme d’inspiration et de procédés dont fit preuve le Pharaon récalcitrant. Il supprima purement et simplement le culte d’Ammon, ferma tous ses temples, en dispersa les prêtres. Après quoi il changea de nom, s’appela Khounaten et, abandonnant Thèbes, alla fonder ailleurs une capitale dont on a retrouvé les ruines. Khounaten signifie : splendeur du disque solaire. Telle est en effet la religion nouvelle qu’Amenophis {{rom-maj|iv|4}} offrait à son peuple. Le soleil d’ailleurs avait toujours été honoré sous le nom de Ra. Le temple de Ra à Héliopolis subsistait encore avec son clergé mais le Pharaon voulut innover en toutes choses. On s’est aperçu qu’il avait aussi cherché à provoquer un art nouveau. Au puissant réalisme qui avait marqué les œuvres des artistes anciens s’était substituée une technique conventionnelle dont la sculpture égyptienne souffrait grandement. Au lieu d’observer la nature et de chercher à l’interpréter, on lui imposait des lois artificielles ; la raideur hiératique était devenue un dogme. Libérés de ce dogme, les artistes du nouveau régime usèrent de leur liberté avec une gaucherie intéressante et non sans charmes.
l’« ancien empire » et la formule de ce gouvernement n’avait rien perdu de son opportunité et de sa valeur. C’étaient toujours le pacifisme éclairé, la centralisation libérale et le hiérarchisme démocratique dont les curieuses combinaisons firent de {{corr|l’Egypte|l’Égypte}} ancienne quelque chose de si particulier et de si unique — quelque chose que cimentèrent des conditions géographiques exceptionnelles et dont elles assurèrent la durée. Il convient de s’arrêter plus qu’on ne le fait d’habitude à ce règne de Ramsès {{rom-maj|iii|3}} qui marque la fin d’une époque et clôture trois mille ans d’histoire. Après lui,

il restait, d’une part, le peuple égyptien, dont la figure, si puissamment
On regrette de n’en point savoir davantage sur ce monarque familial et de mœurs simples qui se faisait partout représenter entouré de sa femme et de ses filles, associées de la sorte à chacun de ses actes. D’où lui était venu son monothéisme à la fois mystique et matérialiste ? Quelles étaient ses conceptions philosophiques ?.… Nous ne savons rien de sa fin ni même l’exacte
dessinée, ne se modifierait plus jamais. Pas même
physiquement. On sait l’anecdote de ces fellahs qui, exhumant
de nos jours une statue de bois d’une haute antiquité, y virent
aussitôt le chef de leur village tant la ressemblance était parfaite.
Le nom de celui.-ci resta à la statue. Elle symbolise l’immutabilité
d’une race sur laquelle ont passé depuis des dominations multiples
sans qu’elle en paraisse àltérée dans son type ou détournée de
son idéal. Mais d’autre part le régime pharaonique entra dans
son déclin définitif. Il perdit son caractère national. Une lente
décadence, une somnolence plutôt se manifesta ; il n’y eut° durant
plusieurs siècles ni événements à longue portée, ni actions d’éclat.
Le pouvoir changea de mains et parfois se dédoubla. Un grandprêtre
d’Ammon s’empara du trône. Une dynastie locale régna
à Tanis, ville construite au nord-est du delta et dont Ramsès II
avait cherché à faire un point de résistance contre les attaques
venant de la Syrie. Les Mashaouash, tribu lybienne qui, depuis
longtemps, fournissait des soldats mercenaires aux Pharaons et
dont les chefs avaient fini par acquérir une haute situation à la
cour en arrivèrent à dominer dans la basse Egypte. Bubastis tut
la capitale de cette dynastie barbare. Puis ce fut un roi d ’Ethiopie
qui, ·descendant de quelque Pharaon, sans doute par alliance,
apparut squdain réclamant le trône et prétendant refaire l’unité.
Il vint par le Nil avec toute une flotille et une armée. Rien ne lui
résista mais dès qu’il fut retourné chez lui laissant à Thèbes une
sorte de vice-roi, la dislocation.recommença. Un autre roi ethiopien,
Taharka, répéta avec succès la tentative. Par malheur la menace
assyrienne grandissait. Déjà en 701, l’Egypte avait manqué être
envahie. Elle le fut par Assarhadon qui prit et pilla Memphis
(670 av. J.-C.). Huit ans plus tard, Assurbanipal s’empara de
Thèbes et soumit le pays jusqu’à la deuxième cataracte du Nil.
Mais les Assyriens forent vite expulsés.