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très voluptueuse, qui nous incline tour à tour vers les formes diverses de la vie et nous conduit à nous prêter à toutes ces formes sans nous donner à aucune <ref> ''Essais de psychologie contemporaine''.</ref>. » |
très voluptueuse, qui nous incline tour à tour vers les formes diverses de la vie et nous conduit à nous prêter à toutes ces formes sans nous donner à aucune <ref> ''Essais de psychologie contemporaine''.</ref>. » |
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C’est un jeu qui intéresse en lui-même, quels que puissent être ses résultats. « Le maître de Weimar, note M. Barrès avec une extrême justesse, sentait vivement l’impossibilité de calculer les conséquences d’un acte et de connaître s’il entraînera plus de bonheur ou de malheur : il acceptait la vie, et même, ce qui est le trait essentiel, sympathisait partout où il distinguait une force qui s’épanouira <ref> Note sur le mot ''Gœthisme'', dans ''l’Ennemi des Lois''.</ref>. » Mûrie à de telles leçons, l’intelligence du ''gœthéen'' ne manquera pas d’acquérir de précieuses qualités : elle ira s’élargissant sans cesse, comme un muscle que développe l’exercice ; elle sera souple et subtile, sinon aiguë ou profonde ; surtout, elle sera tolérante : car il y a, dans son universelle sympathie, un principe d’indifférence : tout fanatisme dérangerait sa ligne, toute rigueur contredirait à son essence. Ajoutez encore qu’elle tendra avec force à l’unité : la nature, l’art et la vie ne seront pour elle qu’une seule synthèse, dans laquelle il faudra, pour remplir son rôle, qu’elle s’absorbe, |
C’est un jeu qui intéresse en lui-même, quels que puissent être ses résultats. « Le maître de Weimar, note M. Barrès avec une extrême justesse, sentait vivement l’impossibilité de calculer les conséquences d’un acte et de connaître s’il entraînera plus de bonheur ou de malheur : il acceptait la vie, et même, ce qui est le trait essentiel, sympathisait partout où il distinguait une force qui s’épanouira <ref> Note sur le mot ''Gœthisme'', dans ''l’Ennemi des Lois''.</ref>. » Mûrie à de telles leçons, l’intelligence du ''gœthéen'' ne manquera pas d’acquérir de précieuses qualités : elle ira s’élargissant sans cesse, comme un muscle que développe l’exercice ; elle sera souple et subtile, sinon aiguë ou profonde ; surtout, elle sera tolérante : car il y a, dans son universelle sympathie, un principe d’indifférence : tout fanatisme dérangerait sa ligne, toute rigueur contredirait à son essence. Ajoutez encore qu’elle tendra avec force à l’unité : la nature, l’art et la vie ne seront pour elle qu’une seule synthèse, dans laquelle il faudra, pour remplir son rôle, qu’elle s’absorbe, comme un rayon qui remonte à la source de la lumière. Mais « comprendre » est une fonction limitée. On ne pourrait l’exercer à l’infini, qu’à condition de renoncer à tout parti pris. Or, le ''gœthéen'', pas plus que son maître, n’est dégagé du parti pris : il repousse ce qui froisse ou contrarie sa conception de l’harmonie, — et l’on voit apparaître ici comme un vaste champ interdit à sa vision, comme un espace réservé où jamais son œil ne pénétrera. Dans le fait, s’il veut obéir aux leçons reçues, s’il tient à garder intacte la philosophie qu’on lui a léguée, ''il ne comprendra pas la douleur''. Et je me demande s’il ne suffit pas de cette lacune dans son système pour le frapper d’impuissance, de stérilité, et de médiocrité. |
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Si l’on passe du domaine de l’intelligence dans celui de la sensibilité, on voit l’image, belle, en somme, tout à l’heure, se ternir à la fois et se rapetisser. S’il veut suivre l’exemple et les préceptes du maître, le ''gœthéen'' s’enfermera dans un « égotisme » dont l’étroitesse jure avec l’ampleur de sa conception du monde. Son Ame durcie ne parviendra jamais à sortir d’elle-même, à s’identifier avec d’autres âmes, à les pénétrer à l’aide de sentimens affectueux qui seuls nous rapprochent des êtres différens. Gœthe n’a jamais pris son parti de cette ; congénitale sécheresse : il s’est agité tant qu’il a pu, d’abord pour éprouver ces sentimens (Marguerite, Annette, Frédérique, Charlotte, Schiller), puis pour |
Si l’on passe du domaine de l’intelligence dans celui de la sensibilité, on voit l’image, belle, en somme, tout à l’heure, se ternir à la fois et se rapetisser. S’il veut suivre l’exemple et les préceptes du maître, le ''gœthéen'' s’enfermera dans un « égotisme » dont l’étroitesse jure avec l’ampleur de sa conception du monde. Son Ame durcie ne parviendra jamais à sortir d’elle-même, à s’identifier avec d’autres âmes, à les pénétrer à l’aide de sentimens affectueux qui seuls nous rapprochent des êtres différens. Gœthe n’a jamais pris son parti de cette ; congénitale sécheresse : il s’est agité tant qu’il a pu, d’abord pour éprouver ces sentimens (Marguerite, Annette, Frédérique, Charlotte, Schiller), puis pour |