« Vieilles histoires du pays breton/La Charlézenn » : différence entre les versions

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[[Auteur:Anatole Le Braz|Anatole Le Braz]], Vieilles histoires du pays breton (1893)
 
 
==__MATCH__:[[Page:Le Braz - Vieilles histoires du pays breton, 1905.djvu/11]]==
 
==I==
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- et triste. C'étaient des yeux timides, enfantins, faciles
à effaroucher. Ses lèvres très fines, un peu serrées, montraient
==[[Page:Le Braz - Vieilles histoires du pays breton, 1905.djvu/12]]==
en s'ouvrant des dents petites et comme passées à la lime.
Avec tout cela, ou, si vous préférez, en depit de tout cela, la
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rendait pas compte.
 
==[[Page:Le Braz - Vieilles histoires du pays breton, 1905.djvu/13]]==
 
==II==
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Elles habitaient à cette époque, la vieille Nann et elle, une
ancienne hutte de sabotiers, abandonnée par les nomades ouvriers
qui l'avaient construite et située sur la lisière de la forêt du
==[[Page:Le Braz - Vieilles histoires du pays breton, 1905.djvu/14]]==
la lisière de la forêt du
Roscoat qui apparteuait à la maison noble de Keranglaz. La
Charlézenn, avons-nous dit, passait la plus grande partie de ses
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Ce soir-là, donc, la Charlézenn rentrait à la hutte, en sifflant.
C'était une habitude qu'elle avait prise, à force d'entendre les
merles noirs dans l'épaisseur des fourrés. Dès le seuil, elle
==[[Page:Le Braz - Vieilles histoires du pays breton, 1905.djvu/15]]==
Dès le seuil, elle
s'arrêta. Il y avait dans la "loge" un inconnu. Ce devait être un
passant d'importance, car la vieille Nann lui avait cédé l'unique
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quand Keranglaz le fils se précipita pour l'arrêter.
- Belle fille, dit-il d'une voix très décidée et cependant très
douce, je n'ai commis nul manquement envers vous. Je suis votre
==[[Page:Le Braz - Vieilles histoires du pays breton, 1905.djvu/16]]==
vous. Je suis votre
hôte aussi bien que celui de Nann. De quel droit me faites-vous
affront ?
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si hargneuse envers moi.
 
On eût dit que la groac'h n'attendait que cette parole. Se levantcett
==[[Page:Le Braz - Vieilles histoires du pays breton, 1905.djvu/17]]==
e parole. Se levant
du foyer où elle était accroupie, elle échangea avec Keranglaz le
fils un regard d'intelligeance et se dirigea vers la porte avec
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aîné de Keranglaz. Sans qu'elle sût pourquoi, elle avait pour de
cet homme. C'était cependant un beau gars, dans tout
l'épanouissement de la jeunesse. " Qu'est-ce que j'ai donc ?jeun
==[[Page:Le Braz - Vieilles histoires du pays breton, 1905.djvu/18]]==
esse. " Qu'est-ce que j'ai donc ?
se demandait-elle : je tremble comme si j'étais malade de la
mauvaise fièvre. " Le Keranglaz s'était mis à parler, à parler
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qui meugle lamentablement sans que son troupeau lui réponde.
 
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==III==
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demander, moyennant finance, un sauf-conduit. Les Rannou touchaient
ainsi des rentes assurées auxquelles venaient se joindre quelques
menu profits
menu profits prélevés sur les seigneurs de passage dans les
==[[Page:Le Braz - Vieilles histoires du pays breton, 1905.djvu/20]]==
menu profits prélevés sur les seigneurs de passage dans les
alentours de la Lieu-de-Grève. Car ils n'aimaient à pêcher que le
gros poisson. Ils étaient très doux avec le petit peuple.
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- Je ne conterai ni à vous ni à personne ce qui m'est arrivé. J'en
ai assez de la vie, voilà tout.
-
- Eh bien ! nous, nous ne permettrons pas que tu meures.
==[[Page:Le Braz - Vieilles histoires du pays breton, 1905.djvu/21]]==
- Eh bien ! nous, nous ne permettrons pas que tu meures.
En adoucissane le ton un peu rauque de sa voix l'aîné des Rannou
poursuivit :
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menti. Tu connaîtra de beaux jours dans le creux de nos bois et de
nos ravins. Tu y seras à l'abri des langues perfides. Qui oserait
toucher à la sœur des trois Rannou ? Viens !... Tout ce que tu
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? Viens !... Tout ce que tu
désireras, tu l'auras. Si tu tiens aux parures, nous t'en
rapporterons de superbes à rendre jalouse Notre-Dame de Rumengol qui
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Le soleil venait d'apparaître. Une pluie d'or s'égouttait au loin,
ruisselait en lumineuses cascades sur tout le versant, des cimes les
plus éloignées aux frondaisons les plus proches. C'était unfronda
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isons les plus proches. C'était un
spectacle magique. L'haleine bleuâtre de la forêt montait, odorante,
comme une vapeur d'encens. Des chœurs d'oiseaux s'éveillaient,
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Que le chêne feuillu s'effeuillait...
 
Ainsi débutait une complainte ''levée'' à la Cherlézenn par un clerc
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par un clerc
du pays de Saint-Michel-en-Grève, depuis qu'elle était devenue la
"petite sœur" des Rannou. Dans les autres couplets on énumérait ses
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Cloarec Rozmar. Et déjà c'était la Charlézenn qui l'avait pendu !...
Suivant le deuxième "forfait, terrible à imaginer".
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''La cloche tinte, tinte, tinte...
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astres brillaient, comme de claires chandelles lointaines. A vrai
dire, il n'y avait guère que la Charlézenn qui causât. Les Rannou
étaient des taciturnes. Puis, ils aimaient mieux entendre Gaïdik,
==[[Page:Le Braz - Vieilles histoires du pays breton, 1905.djvu/26]]==
aimaient mieux entendre Gaïdik,
la petite sœur. Dès que l'un d'eux ouvrait la bouche, les deux
autres lui disaient : "Laisse parler Gaïdik !". Et Gaïdik parlait.
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- Qu'est-ce, Gaïdik ?
- C'est à toi qu'il faut le demander. Pourquoi pleures-tu ?
- Je ne sais. Cela m'arrive quelquefois, à propos de rien.
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de rien.
- Dis-moi ta peine. Approche-toi.
Il se traîna jusqu'à elle, en rampant, comme un chien qui a peur
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- La vérité vraie, Kaour !
- Puisque c'est ainsi, je ne pleurerai plus. Je souffre déjà moins.
Tu jures que tu ne seras la femme de personne ?
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?
- De personne, je le jure !
- C'est que, vois-tu, je le tuerais, celui-là, fût-ce Kirek, fût-ce
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son dessein.
 
Sa résolution prise, une paix immense lui emplit l'âme, et elle
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et elle
reposa, tranquille, veillée par le grand Kaour, commme une de ces
vierges de la légende dont un géant accroupi protège le sommeil.
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vêtue de brume bleue, entre les arbres extasiés ; et derrière elle
sa chevelure s'épand en un fleuve d'or pur. Sur ses pas, une
mystérieuse musiqué s'élève des choses. Les mousses même ont des
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s'élève des choses. Les mousses même ont des
frissons harmonieux. La brise de mai qui passe dans le creux des
vieux chênes les fait vibrer puissamment comme des tuyaux d'orgue.
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murmure.
"Elle me portera doucement jusqu'à la mer, se disait Gaïd Charlès,
 
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elle m'emporta endormie comme un enfant entre les bras de sa nourrice.
Et, de peur que je ne me réveille, la mer, quand elle m'aura prise, me
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silencieuses ruisselaient. Ainsi, c'était là l'idée qu'elle allait
laisser d'elle au monde !
- Sais-tu qui a fait la complainte ? demanda-t-elle à l'enfant.
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.
- On prétend que c'est Pezr Guillou, de Lok-Mikel.
Elle se rappela qu'elle avait connu ce Pezr, autrefois, sur les
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grand vieillard, tout de noir vêtu. Depuis le trépas de son fils
aîné, il n'avait pas quitté le deuil. Gaïd Charlès s''avança vers
lui, tenant par la main son petit compagnon. Et, ayant fait une
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fait une
profonde révérence, elle parla en ces termes :
- Vous êtes noble, et par conséquent, votre parole est sûre. A
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== Notes ==
(1) Groac'h = (pej.) vieille
(2) Gaïdik = (mel.)
=== no match ===
diminutif de Marguerite