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de pied en cape pour la lutte contre l’homme — ce à quoi tendent les féministes — n’est pas moins utopique que lui dépeindre — comme on fait au couvent — le monde sous l’aspect d’un jardin aux douces allées sablées : ce n’est pas par ces méthodes que l’on formera « l’arbitre des mœurs » ; la pensionnaire innocente sera inhabile à les réformer et sa soeur féministe y sera maladroite, et je ne sais, somme toute, ce qui y réussira le plus mal de la modestie sucrée de la première ou de la farouche intransigeance de la seconde.
disposé que l’homme et la femme seraient indifférents l’un à l’autre, et si la société a le droit de chercher à contenir leur action réciproque dans les bornes qu’imposent la raison et les convenances, elle n’a pas pour devoir de travailler à détruire cette action : tâche à laquelle il est probable, du reste, qu’elle s’emploierait en vain.


Quant à la gaîté, pas n’est besoin d’en indiquer la recette : quiconque y tient pour ses enfants n’est jamais très en peine de la leur procurer ; il suffisait d’indiquer ici que la gaîté de la femme n’importe pas qu’à elle, mais importe aussi bien à la société ; c’est par là, en effet, que la femme a chance d’acquérir sur l’homme assez d’action pour exercer sur l’ensemble des mœurs, l’heureuse influence que prévoyait Michelet.
En résumé, la coéducation qui est très naturelle à l’école primaire et semble faite pour y vivifier et y fortifier l’enseignement, est réalisable dans l’université, mais c’est au détriment de l’enseignement supérieur qu’elle rendra terne et timide. Est-il besoin d’ajouter qu’au collège — même dans un externat — elle constituerait la plus folle des imprudences ? Cela ne veut pas dire du reste que nous ne verrons pas s’ouvrir quelques nouveaux « Cempuis » dont on nous décrira avec complaisance les mérites, et les succès, en attendant qu’on doive en enregistrer la faillite. Tout ce domaine de l’éducation féminine est comme bouleversé, en ce moment, par l’idée dominante, quoique souvent inavouée, du féminisme : la lutte contre l’homme.