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Le mouvement des Gardes-françaises n’était point une émeute prétorienne, un brutal mouvement de soldats. Il arrivait à l’appui des déclarations des électeurs et du peuple. Cette troupe vraiment française, parisienne en grande partie, suivait Paris, suivait la loi, la loi vivante, l’Assemblée nationale.

Ils arrivent au Palais-Royal, salués, pressés de la foule, embrassés, presque étouffés. Le soldat, ce vrai paria de l’ancienne monarchie, si maltraité par les nobles, est recueilli par le peuple… Et qu’est-il, sous l’uniforme, sinon le peuple lui-même ? Deux frères se sont retrouvés, le soldat, le citoyen, deux enfants d’une même mère ; ils tombent dans les bras l’un de l’autre, et les larmes coulent…

La haine et l’esprit de parti ont rabaissé tout cela, défiguré ces grandes scènes, obscurci l’histoire à plaisir. On s’est attaché à telle ou telle anecdote ridicule. Digne amusement des petits esprits ! On a donné à ces mouvements immenses je ne sais quelles misérables, quelles imperceptibles causes… Eh ! malheureux ! expliquez donc, par la paille que la vague emporte, l’agitation de l’Océan.

Non, ces mouvements furent ceux d’un peuple, vrais, sincères, immenses, unanimes ; la France y prit part, Paris y prit part, tous (chacun dans sa mesure), tous agirent, ceux-ci du bras et de la voix, ceux-là de leur pensée, de leur ardent désir, du plus profond de leur cœur.

Et que disais-je, la France ? Le monde eut été mieux dit. Un ennemi, un envieux, un Genevois