« De la production de la sécurité » : différence entre les versions

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Cependant, je dois dire qu’on a, jusqu’à présent reculé devant cette conséquence rigoureuse du principe de la libre concurrence.
 
Un des économistes qui ont étendu le plus loin l’application du principe de liberté, M.&nbsp;[[Auteur:Charles Dunoyer|Charles Dunoyer]], pense «&#8239;que les fonctions des gouvernements ne sauraient jamais tomber dans le domaine de l’activité privée&#8239;<ref>Dans son remarquable livre ''De la liberté du travail'', t. III, p. 363, éd. Guillaumin.</ref>.&#8239;»
 
Voilà donc une exception claire, évidente, apportée au principe de la libre concurrence.
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Mais quelle est la raison d’être de l’exception relative à la sécurité&#8239;? Pour quelle raison spéciale la production de la sécurité ne peut-elle être abandonnée à la libre concurrence&#8239;? Pourquoi doit-elle être soumise à un autre principe et organisée en vertu d’un autre système&#8239;?
 
Sur ce point, les maîtres de la science se taisent, et M.&nbsp;[[Auteur:Charles Dunoyer|Dunoyer]], qui a clairement signalé l’exception, ne recherche point sur quel motif elle s’appuie.
 
== III. ==
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Aussi est-il curieux de voir avec quel soin les théoriciens du droit divin s’efforcent d’établir la ''surhumanité'' des races en possession de gouverner les hommes.
 
Écoutons, par exemple, M.&nbsp;[[Auteur:Joseph de Maistre|Joseph de Maistre]]&#8239;:
 
«&#8239;L’homme ne peut faire de souverains. Tout au plus il peut servir d’instrument pour déposséder un souverain et livrer ses États à un autre souverain déjà prince. Du reste, il n’a jamais existé de famille souveraine dont on puisse assigner l’origine plébéienne. Si ce phénomène paraissait, ce serait une époque du monde.
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Voici ce que supposent les communistes, partisans de la souveraineté du peuple. Ils supposent que la raison humaine a le pouvoir de découvrir les meilleures lois, l’organisation la plus parfaite qui conviennent à la société&#8239;; et que, dans la pratique, c’est à la suite d’un libre débat entre des opinions opposées que ces lois se découvrent&#8239;; que s’il n’y a point unanimité, s’il y a partage encore après le débat, c’est la majorité qui a raison, comme renfermant un plus grand nombre d’individualités raisonnables (ces individualités sont, bien entendu, supposées égales, sinon l’échafaudage croule)&#8239;; en conséquence, ils affirment que les décisions de la majorité doivent faire ''loi,'' et que la minorité est tenue de s’y soumettre, alors même qu’elles blesseraient ses convictions les plus enracinées et ses intérêts les plus chers.
 
Telle est la théorie&#8239;; mais, dans la pratique, l’<s></s>''autorité'' des décisions de la majorité a-t-elle bien ce caractère irrésistible, absolu qu’on lui sup<!--Page 287-->pose&#8239;? Est-elle toujours, en tous cas, respectée par la minorité &#8239;? Peut-elle l’être &#8239;?
 
Prenons un exemple.
 
Supposons que le socialisme réussisse à se propager parmi les classes ouvrières des campagnes, comme il s’est déjà propagé parmi les classes ouvrières des villes &#8239;; qu’il se trouve, en conséquence, à l’état de majorité dans le pays, et que, profitant de cette situation, il envoie à l’Assemblée législative une majorité socialiste et nomme un président socialiste &#8239;; supposons que cette majorité et ce président, investis de l’autorité souveraine, décrètent, ainsi que le demandait un socialisteM.&nbsp;[[Auteur:Pierre-Joseph célèbreProudhon|Proudhon]], la levée d’un impôt de trois milliards sur les riches, afin d’organiser le travail des pauvres, est-il probable que la minorité se soumettra paisiblement à cette spoliation inique et absurde, mais légale, mais ''constitutionnelle &#8239;?''
 
Non sans doute, elle n’hésitera pas à méconnaître ''l’autorité'' de la majorité et à défendre sa propriété.
 
Sous ce régime, comme sous le précédent, on n’obéit donc aux dépositaires de l’autorité qu’autant qu’on croit avoir intérêt à leur obéir.
 
Ce qui nous conduit à affirmer que le fondement moral du principe d’autorité n’est ni plus solide ni plus large, sous leun régime de monopole ou de communisme, qu’il ne pourrait l’être sous un régime de liberté.
 
== IX. ==
 
MaisSupposez admetteznéanmoins que les partisans d’une ''organisation factice'', monopoleurs ou communistes, aient raison &#8239;; que la société ne soit point naturellement organisée, et qu’aux hommes incombe incessamment la tâche de faire et de défaire les lois qui la régissent, voyez dans quelle lamentable situation se trouvera le monde. L’autorité morale des gouvernants ne s’appuyant, ''en réalité'', que sur l’intérêt des gouvernés, et ceux-ci ayant une naturelle tendance à résister à tout ce qui blesse leur intérêt, il faudra que la force matérielle prête incessamment secours à l’autorité méconnue.
 
Monopoleurs et communistes ont, du reste, parfaitement compris cette nécessité.
 
Si quelqu’un, dit M.&nbsp;[[Auteur:Joseph de Maistre|de Maistre]], essaye de se soustraire à l’autorité des élus de Dieu, qu’il soit livré au bras séculier, que le bourreau fasse son office.
 
Si quelqu’un méconnaît l’autorité des élus du peuple, disent les théoriciens de l’école de [[Auteur:Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]], s’il résiste à une décision quelconque de la majorité, qu’il soit puni comme criminel envers le peuple souverain, que l’échafaud en fasse justice.
 
Ces deux écoles, qui prennent pour point de départ l’organisationl’<s></s>''organisation factice'', aboutissent donc nécessairement au même terme'','' à la TERREUR{{sc|terreur}}.
 
== X. ==
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Qu’on nous permette maintenant de formuler une simple hypothèse.
 
<!--Page 288-->Supposons une société naissante : les hommes qui la composent se mettent à travailler et à échanger les fruits de leur travail. Un naturel instinct révèle à ces hommes que leur personne, la terre qu’ils occupent et cultivent, les fruits de leur travail, sont leurs propriétés, et que nul, hors eux-mêmes, n’a le droit d’en disposer ou d’y toucher. Cet instinct n’est pas hypothétique, il existe. Mais l’homme étant une créature imparfaite il arrive que ce sentiment du droit de chacun sur sa personne ou sur ses biens ne se rencontre pas au même degré dans toutes les âmes, et que certains individus attentent par violence ou par ruse aux personnes ou aux propriétés d’autrui.
 
De là, la nécessité d’une industrie qui prévienne ou réprime ces agressions abusives de la force ou de la ruse.