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« Il est absolument naturel, dit-il, que La Boétie ait pu parler des tournois en faisant allusion au {{s|xv}} ; mais après la mort d’Henri II, en admettant même qu’on eût essayé encore un ou deux tournois ou simulacres de tournois (comme je crois l’avoir lu quelque part), ce n’étaient plus choses du temps, l’heure était passée, et un contemporain de Montaigne ne se serait plus avisé de reprocher sérieusement à un tyran du jour de n’être pas accoutumé au sable des tournois. Ce détail seul, ajoute-t-il, s’il n’y en avait beaucoup d’autres, suffirait à rendre évidente la discordance d’application à Henri III de la phrase du ''Contr’un'' où se trouve l’allusion aux joutes d’armes ; c’est comme un anachronisme dénonciateur de la non-justesse de la conjecture paradoxale. »
« Il est absolument naturel, dit-il, que La Boétie ait pu parler des tournois en faisant allusion au {{s|xv}} ; mais après la mort d’Henri II, en admettant même qu’on eût essayé encore un ou deux tournois ou simulacres de tournois (comme je crois l’avoir lu quelque part), ce n’étaient plus choses du temps, l’heure était passée, et un contemporain de Montaigne ne se serait plus avisé de reprocher sérieusement à un tyran du jour de n’être pas accoutumé au sable des tournois. Ce détail seul, ajoute-t-il, s’il n’y en avait beaucoup d’autres, suffirait à rendre évidente la discordance d’application à Henri III de la phrase du ''Contr’un'' où se trouve l’allusion aux joutes d’armes ; c’est comme un anachronisme dénonciateur de la non-justesse de la conjecture paradoxale. »


Brantôme<ref>Brantôme, ''Œuvres'', édition Lalanne, t. V, p. 276.</ref> nous apprend qu’au tournoi de Fontainebleau, en 1564, le jeune Charles IX brilla par sa belle allure de combattant ; que son frère, le futur Henri III, se montra faible, « et que du depuis on jugea toujours les armes belles entre les mains de Charles, et non tant entre celle de Monsieur qui de son naturel n’aimait point les exercices violents que le roi. » Donc, en 1564, un tournoi, et un tournoi où l’on remarque que le duc d’Anjou ne brille pas. Autre tournoi encore en 1573-1574 ; Agrippa d’Aubigné, dans la partie de ses ''Mémoires'' qui a trait à cette période, s’exprime ainsi : « En un tournoi où le roi de Navarre, les deux Guisards et l’escuyer du roy (d’Aubigné) parurent, Diane de Talcy assista, lors promise à Limeux, les premiers accords étant rompus à cause de la religion<ref>''Mémoires de d’Aubigné'', édition Lalanne, 1854, p. 32.</ref>. » En 1576, l’ambassadeur vénitien Jean Michel, traçant, dans le Rapport qu’il adresse à son gouvernement, la physionomie d’Henri III, constate que le peuple lui reproche de n’avoir aucun goût pour les exercices fatigants « tels que la chasse, le manège, les joutes, les tournois et autres choses semblables, étant, en cela, l’opposé de
Brantôme<ref>Brantôme, ''Œuvres'', édition Lalanne, t. V, p. 276.</ref> nous apprend qu’au tournoi de Fontainebleau, en 1564, le jeune Charles IX brilla par sa belle allure de combattant ; que son frère, le futur Henri III, se montra faible, « et que du depuis on jugea toujours les armes belles entre les mains de Charles, et non tant entre celle de Monsieur qui de son naturel n’aimait point les exercices violents que le roi. » Donc, en 1564, un tournoi, et un tournoi où l’on remarque que le duc d’Anjou ne brille pas. Autre tournoi encore en 1573-1574 ; Agrippa d’Aubigné, dans la partie de ses ''Mémoires'' qui a trait à cette période, s’exprime ainsi : « En un tournoi où le roi de Navarre, les deux Guisards et l’escuyer du roy (d’Aubigné) parurent, Diane de Talcy assista, lors promise à Limeux, les premiers accords étant rompus à cause de la religion<ref>''Mémoires de d’Aubigné'', édition Lalanne, 1854, p. 32.</ref>. » En 1575, l’ambassadeur vénitien Jean Michel, traçant, dans le Rapport qu’il adresse à son gouvernement, la physionomie d’Henri III, constate que le peuple lui reproche de n’avoir aucun goût pour les exercices fatigants « tels que la chasse, le manège, les joutes, les tournois et autres choses semblables, étant, en cela, l’opposé de