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Telle est, par excellence, la question d’Europe, question politique, mais surtout morale et dont la gravité réside principalement dans son caractère inéluctable. Rien ne l’empêchera de peser sur le siècle qui vient. Qu’y pourraient des changements de gouvernements ou de dynasties ? Qu’y pourrait le socialisme lui-même ? Pour que se produisent, au point de vue international, les effets bienfaisants qu’en attendent ses partisans, ne faudrait-il pas qu’au préalable la réforme morale fût accomplie et qu’un souffle de fraternité eût déjà passé sur une Europe aux frontières indiscutées ?
Telle est, par excellence, la question d’Europe, question politique, mais surtout morale et dont la gravité réside principalement dans son caractère inéluctable. Rien ne l’empêchera de peser sur le siècle qui vient. Qu’y pourraient des changements de gouvernements ou de dynasties ? Qu’y pourrait le socialisme lui-même ? Pour que se produisent, au point de vue international, les effets bienfaisants qu’en attendent ses partisans, ne faudrait-il pas qu’au préalable la réforme morale fût accomplie et qu’un souffle de fraternité eût déjà passé sur une Europe aux frontières indiscutées ?


Aborder un semblable sujet et vouloir le traiter en quelques chapitres dans les colonnes d’un journal, constitue une tentative d’apparence si téméraire que je dois m’excuser d’en avoir accepté la charge. Si je l’ose pourtant, c’est que je crois la chose possible et utile. On voudra bien considérer cette étude comme le résumé, la quintessence d’un long travail préalable qui ne saurait trouver place ici. Tel qu’il est, ce résumé, au milieu de beaucoup de défauts, aura du moins une qualité, celle d’une tendance nettement impartiale. Pour juger sainement et loyalement, l’écrivain doit non pas regarder sans lunettes, ce qui lui ferait voir une humanité de convention, mais changer de lunettes en passant d’un pays à l’autre, de façon à utiliser successivement toutes celles qui sont en usage dans les pays dont il prétend étudier les progrès et surprendre les destins. C’est ce que je me suis efforcé de faire.
Aborder un semblable sujet et vouloir le traiter en quelques chapitres
dans les colonnes d’un journal, constitue une tentative d’apparence si
téméraire que je dois m’excuser d’en avoir accepté la charge. Si je l’ose
pourtant, c’est que je crois la chose possible et utile. On voudra bien
considérer cette étude comme le résumé, la quintessence d’un long travail
préalable qui ne saurait trouver place ici. Tel qu’il est, ce résumé, au
milieu de beaucoup de défauts, aura du moins une qualité, celle d’une
tendance nettement impartiale. Pour juger sainement et loyalement,
l’écrivain doit non pas regarder sans lunettes, ce qui lui ferait voir une
humanité de convention, mais changer de lunettes en passant d’un pays à
l’autre, de façon à utiliser successivement toutes celles qui sont en usage
dans les pays dont il prétend étudier les progrès et surprendre les destins. C’est ce que je me suis efforcé de faire.