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254 REVUE DES DEUX MONDES.


Les deux élémens qui avaient fondé la restauration de Henri , les royalistes
Les deux élémens qui avaient fondé la restauration de Henri, les royalistes de Biron et les huguenots de Condé, de Bouillon, de Mornay et
de Biron et les huguenots de Condé, de Bouillon, de Mornay et
de Sully, furent mécontens de cette conduite. Quand on examinera de
de Sully, furent mécontens de cette conduite. Quand on examinera de
près le procès de Biron , à mesure qu'on touchera les faits révélés par les
près le procès de Biron, à mesure qu’on touchera les faits révélés par les
pièces contemporaines, on se convaincra de cette vérité : c'est que l'ingratitude
pièces contemporaines, on se convaincra de cette vérité : c’est que l’ingratitude de Henri IV envers l’ami de sa cause, cette froide et cruelle persévérance qui demande au parlement une tête couverte des lauriers
d’Arqués, d’Ivri, est motivée par une pensée de sûreté politique. Les
de Henri IV envers l'ami de sa cause , cette froide et cruelle persévérance
gentilshommes royalistes, qui avaient servi Henri IV aux jours de ses
qui demande au parlement une tète couverte des lauriers
malheurs, s’indignaient de se voir oubliés et méconnus par le prince qu’ils
d'Arqués, d'Ivri, est motivée par une pensée de sûreté politique. Les
avaient élevé sur le pavois ; leurs nobles épées avaient protégé les droits
gentilshommes royalistes , qui avaient servi Henri IV aux jours de ses
de la famille du Béarn, et maintenant ils se croyaient sacrifiés à ceux-là
malheurs , s'indignaient de se voir oubliés et méconnus par le prince qu'ils
même qui avaient combattu Henri IV ! D’Épernon commandait en Provence, et on lui arrache sa province pour la donner à Guise, le fils et
avaient élevé sur le pavois; leurs nobles épées avaient protégé les droits
l’expression de la sainte Ligue ; Biron avait conquis la Bourgogne, et on
de la famille du Béarn , et maintenant ils se croyaient sacrifiés à ceux-là
veut la rendre à Mayenne ; Brissac, ligueur jusqu’à la prise de Paris, obtient la Bretagne ; on dépouille encore Biron du titre de grand-amiral
même qui avaient combattu Henri IV ! D'Épernon commandait en Provence ,
pour le donner à Villars, ligueur acharné qui livre Rouen en désespoir
et on lui arrache sa province pour la donner à Guise , le fils et
de cause. Ces poitrines de gentilshommes, si souvent exposées aux balles
l'expression de la sainte Ligue; Biron avait conquis la Bourgogne, et on
d’arquebuse pour Henri de Navarre, ne devaient-elles pas palpiter d’indignation en voyant ce renversement de toutes les idées de loyauté et de fidélité de race ? La conjuration du maréchal de Biron fut en quelque
veut la rendre à Mayenne; Brissac, ligueur jusqu'à la prise de Paris, obtient
sorte l’expression de ces mécontentemens armés. Il fallut frapper haut et
la Bretagne; on dépouille encore Biron du titre de grand-amiral
fort ; Henri IV s’y résigna avec cette froideur politique qui ne connut
pour le donner à Villars , ligueur acharné qui livre Rouen en désespoir
point de pardon, car le duc de Biron ne voulut point faire des aveux avilissans qui eussent perdu la gentilhommerie. Ce chef avait traité avec l’étranger, dit-on ; mais, à cette époque, quel était l’homme ou le parti qui ne
de cause. Ces poitrines de gentilshommes, si souveut exposées aux balles
traitait pas avec l’étranger ? Le principe territorial n’existait point dans
d'arquebuse pour Henri de Navarre, ne devaient-elles pas palpiter d'indignation
son énergie ; Henri IV, pour avoir sa couronne, marchait avec les Anglais
en voyant ce renversement de toutes les idées de loyauté et de
d’Elisabeth, les reistres d’Allemagne, les Suisses et les Genevois : la
fidéhté de race? La conjuration du maréchal de Biron fut en quelque
Ligue appelait les Espagnols et les Savoyards : c’était coutume de se mouvoir par le principe religieux en dehors de la terre. La patrie du ciel n’avait point encore cédé à la patrie du sol. Les liaisons de Biron avec la
sorte l'expression de ces mécontentemens armés. Il fallut frapper haut et
fort ; Henri IV s'y résigna avec cette froideur politique qui ne connut
point de pardon , car le duc de Biron ne voulut point faire des aveux avilissans
qui eussent perdu la gentilhommerie. Ce chef avait traité avec l'étranger,
dit-on ; mais, à cette époque, quel était l'homme ou le parti qui ne
traitait pas avec l'étranger ? Le principe territorial n'existait point dans
son énergie ; Henri IV, pour avoir sa couronne , marchait avec les Anglais
d'Elisabeth, les reistres d'Allemagne, les Suisses et les Genevois : la
Ligue appelait les Espagnols et les Savoyards : c'était coutume de se mouvoir
par le principe religieux en dehors de la terre. La patrie du ciel n'avait
point encore cédé à la patrie du sol. Les liaisons de Biron avec la
Savoie ne furent point les motifs réels de ce jugement implacable.
Savoie ne furent point les motifs réels de ce jugement implacable.
Henri IV avait besoin de donner une leçon au parti royaliste qui l'avait
Henri IV avait besoin de donner une leçon au parti royaliste qui l’avait
élevé et qui devenait impérieux; il l'effraya en frappant son chef si près
élevé et qui devenait impérieux ; il l’effraya en frappant son chef si près du cœur royal.
du cœur royal.


Henri ne put pas agir aussi librement à l'égard des huguenots , militairement
Henri ne put pas agir aussi librement à l’égard des huguenots, militairement organisés. Les royalistes s’étaient disséminés comme parti, à l’avènement du Béarnais ; les huguenots restèrent en armes, parce qu’ils
organisés. Les royalistes s'étaient disséminés comme parti, à
l'avénemenldu Béarnais; les huguenots restèrent en armes, parce qu'ils