« Le Héros » : différence entre les versions

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C’est une qualité de héros que d’avoir de la sympathie avec les héros. Un rapport quoique très éloigné entre le soleil et une simple plante, attribue à celle-ci le glorieux nom de ce bel astre. La sympathie est un de ces prodiges, dont la nature se plait à nous envelopper la cause, et dont les effets sont la matière de notre admiration et de notre étonnement. Néanmoins, on peut la définir en général une parenté des cœurs, comme au contraire l’antipathie en est un éloignement, une aliénation. Les uns mettent l’origine de la sympathie dans la convenance du tempérament, de l’humeur, des affections ; les autres la font remonter jusqu’aux astres, dont ils veulent que l’influence soit la source. Quoi qu’il en soit, l’antipathie enfante souvent des monstres dans la société civile, et la sympathie y produit souvent de si grandes merveilles que le peuple ignorant et superstitieux les nomme des enchantements, ou des miracles. L’antipathie trouve des défauts à la perfection la plus reconnue et la sympathie trouve des grâces à un défaut qui blesse les yeux de tout le monde. Celle-là comme une vipère se glisse dans le sein même des familles, où elle empoisonne tout, où elle brouille et bouleverse tout ; elle y soulève le père contre les enfants, et les enfants contre le père ; on n’y garde plus, ni subordination naturelle, ni subordination civile ; et l’on éclate enfin, on se poursuit en justice, on s’y décrie avec un achamemelltacharnement réciproque. L’antipathie d’un père va jusqu’à frustrer son : 61sfils de la succession à la Couronne, tandis que la. sympathie la met sur la tête d’un étranger. Car que celle-ci ne fait-elle pas à son tour, bien que ce soit d’une façon toute opposée à l’autre ? Sans éloquence, elle touche, elle gagne les cœurs ; SatlS demander, elle obtient ; sans crédit, sans protection, tout lui est possible, tout lui est accordé.
 
Par le terme de sympathie qui convient proprement aux personnes, j’entends encore le penchant, l’attrait, l’affection aux choses mêmes. Je dis donc que cette sorte de sympathie est comme l’horoscope de ce que l’on deviendra, suivant les objets auxquels elle se tourne. Si le penchant tend aux. grandes choses, c’est un présage d’héroïsme en quelque genre ; si le penchant va aux petits objets, c’est un pronostic presque sûr qu’il n’y aura jamais de noblesse, de grandeur dans l’âme, ou bien, il faudra des soins infinis et d’excellents maitres pour redresser cette pente. Au reste, ceux que nous appelons les grands, pour les distinguer du peuple, sont sujets à cette espèce de sympathie basse aussi bien que les hommes du commun. Quelques-uns d’eux véritablement petits dans leur condition élevée n’ont l’esprit tourné qu’à la bagatelle, au vil intérêt, à la finesse, à la ruse, à la supercherie. Des princes mêmes, par attrait, par tempérament, plutôt que par choix, n’ont-ils pas laissé les voies de la vraie grandeur, pour prendre celles d’une politique messéante à leur dignité ?