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avertir son oncle qu'il trouva fort éveillé. Le commandeur le regarda d'un air goguenard qui changea en colère toute son émotion. Octave quitta M. Soubirane pour voler dans la chambre de sa mère: "Est-il possible, dit-il à Armance, que vous n'aimiez pas le chevalier de Bonnivet et qu'il ne soit pas cet époux mystérieux dont vous m'aviez parlé autrefois? - Le chevalier me fait horreur. Mais vous, Octave, n'aimez-vous pas Mme d'Aumale? - De ma vie je ne la reverrai ni ne penserai à elle, dit Octave. Chère Armance, daignez dire que vous m'acceptez comme époux. Le ciel me punit de vous avoir fait un secret de mes parties de chasse, je sifflais le garde-chasse qui ne m'a pas répondu". Les protestations d'Octave avaient toute la chaleur, mais non pas toute la délicatesse de la vraie passion; Armance croyait voir qu'il accomplissait un devoir en pensant à autre chose. - "Vous ne m'aimez pas dans ce moment, lui dit-elle. - Je vous aime de toute la force de mon âme, mais je suis transporté de colère contre cet ignoble commandeur, homme vil, sur le silence duquel on ne peut pas compter". Octave renouvelait ses sollicitations. - "Est-il sûr que ce soit l'amour qui parle, lui dit Armance, peut-être n'est-ce que la générosité, et aimez-vous Mme d'Aumale? Vous abhorriez le mariage, cette conversion subite m'est suspecte. - Au nom du ciel, chère Armance, ne perdons pas de temps; tout le reste de ma vie te répondra de mon amour". Il était si persuadé de ce qu'il disait qu'il finit par persuader à son tour. Il remonta rapidement, il trouva le commandeur auprès de sa mère à qui sa joie du prochain mariage d'Octave donnait le courage de fort bien jouer la comédie. Toutefois le commandeur ne semblait pas très persuadé de l'accident de sa sœur. Il se permit une plaisanterie sur les courses nocturnes d'Armance. "Monsieur, j'ai encore un bon bras, s'écria Octave en se levant tout à coup et se précipitant sur lui, si vous ajoutez un seul mot, je
avertir son oncle qu’il trouva fort éveillé. Le commandeur le regarda d’un air goguenard qui changea en colère toute son émotion. Octave quitta M. de Soubirane pour voler dans la chambre de sa mère : Est-il possible, dit-il à Armance, que vous n’aimiez pas le chevalier de Bonnivet et qu’il ne soit pas cet époux mystérieux dont vous m’aviez parlé autrefois ? Le chevalier me fait horreur. Mais vous, Octave, n’aimez-vous pas madame d’Aumale ? De ma vie je ne la reverrai ni ne penserai à elle, dit Octave. Chère Armance, daignez dire que vous m’acceptez comme époux. Le ciel me punit de vous avoir fait un secret de mes parties de chasse, je sifflais le garde-chasse qui ne m’a pas répondu. Les protestations d’Octave avaient toute la chaleur, mais non pas toute la délicatesse de la vraie passion ; Armance croyait voir qu’il accomplissait un devoir en pensant à autre chose. Vous ne m’aimez pas dans ce moment, lui dit-elle. Je vous aime de toute la force de mon âme, mais je suis transporté de colère contre cet ignoble commandeur, homme vil, sur le silence duquel on ne peut pas compter. Octave renouvelait ses sollicitations. Est-il sûr que ce soit l’amour qui parle, lui dit Armance, peut-être n’est-ce que la générosité, et aimez-vous madame d’Aumale ? Vous abhorriez le mariage, cette conversion subite m’est suspecte. Au nom du ciel, chère Armance, ne perdons pas de temps ; tout le reste de ma vie te répondra de mon amour. Il était si persuadé de ce qu’il disait qu’il finit par persuader à son tour. Il remonta rapidement, il trouva le commandeur auprès de sa mère à qui sa joie du prochain mariage d’Octave donnait le courage de fort bien jouer la comédie. Toutefois le commandeur ne semblait pas très-persuadé de l’accident de sa sœur. Il se permit une plaisanterie sur les courses nocturnes d’Armance. Monsieur, j’ai encore un bon bras, s’écria Octave en se levant tout à coup et se précipitant sur lui, si vous ajoutez un seul mot, je