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les Balkans. Qui vous a vu, après de si éclatants services, faire ostentation de vos lauriers ou importuner le pouvoir civil de votre gloire? Vous êtes resté après la victoire ce que vous étiez devant l’ennemi : un homme de devoir et un patriote. Si, pendant les négociations de paix, vous avez demandé au gouvernement français de réclamer l’occupation de la Rhénanie par les Alliés et si le gouvernement français l’a, en effet, d’abord réclamée, était-ce donc, de la part du gouvernement ou de la vôtre, un rêve de grandeur ou un acte d’impérialisme? Que de telles calomnies aient cours en Allemagne, c’est trop naturel; mais qu’elles trouvent accès chez nos alliés, il y a là vraiment de quoi nous surprendre et nous attrister. L’occupation militaire de la rive gauche n’était, dans la pensée de ceux qui la croyaient nécessaire, qu’une garantie contre les retours offensifs de l’Allemagne et un gage de notre créance, et ce ne sont pas les événements actuels qui peuvent donner tort aux hommes qui jugeaient ces sûretés indispensables à l’exécution du traité et au repos de l’Europe.
les Balkans. Qui vous a vu, après de si éclatants services, faire
ostentation de vos laurier » ou importuner le pouvoir civil de votre
gloire ? Vous êtes resté après la victoire ce que vous étiez devant
l’ennemi : un homme de devoir et un patriote. Si, pendant les négociations
de paix, vous avez demandé au gouvernement français de
réclamer l’occupation de la Kliéuanie par les Alliés et si le gouvernement
français l’a, en effet, d’abord réclamée, élait-ce donc, de la
part du gouvernement ou de la vôtre, un rêve de grandeur ou un
acte d’impérialisme ? Que de telles calomnies aient cours en Allemagne,
c’est trop naturel ; mais qu’elles trouvent accès chez nos
alliés, il y a là vraiment de quoi nous surprendre et nous attrister.
L’occupation militaire de la rive gauche n’était, dans la pensée de
ceux qui la croyaient nécessaire, qu’une garantie contre les retours
offensifs de l’Allemagne et un gage de notre créance, et ce ne sont
pas les événements actuels qui peuvent donner tort aux hommes qui
jugeaient ces sûretés indispensables à l’exécution du traité et au
repos de l’Europe. ■


Je ne sais s’il s’est rencontré en France, pendant la guerre, quelques esprits ardents pour caresser, à la dérobée, de fugitives idées d’annexions territoriales. Mais j’affirme qu’à aucun moment, ni dans les conseils du gouvernement, ni dans les Chambres, n’a été admise la possibilité d’arracher à l’ennemi, contre le vœu des populations, une parcelle de son sol et d’exposer le Parlement français à la présence humiliante de députés protestataires.
Je ne sais s’il s’est rencontré en France, pendant la guerre,
quelques esprits ardents pour caresser, à la dérobée, de fugitives
idées d’annexions territoriales. Mais j’affirme qu’à aucun moment,
ni dans les conseils du gouvernement, ni dans les Chambres, n’a été
admise la possibilité d’arracher à l’ennemi, contre le vœu des
populations, une parcelle de son sol et d’exposer le Parlement
français à la présence humiliante de députés protestataires.


Il s’est trouvé à la Commission des Affaires extérieures de l’ancienne Chambre une majorité importante pour adopter une thèse dont des ministres socialistes n’avaient été eux-mêmes ni effrayés ni scandalisés et pour exprimer l’avis, parfaitement raisonnable, que la France avait le droit de récupérer l’Alsace et la Lorraine de 1790 ou de 1814, puisque cette Alsace et cette Lorraine étaient celles dont l’incorporation dans la République une et indivisible avait été solennellement consacrée aux fêtes de la Révolution, et puisque la Pologne, la Tchéco-Slovaquie, la Roumanie, la Serbie, l’Italie recouvraient, ou même obtenaient, sans les avoir jamais possédés, des territoires sur lesquels elles invoquaient des titres historiques, je ne dis pas plus contestables, mais moins positifs. Le traité a écarté cette revendication française, et tout le monde, en France, s’est incliné.
Il s’est trouvé à la Commission des Affaires extérieures de l’ancienne

Chambre une majorité importante pour adopter une thèse
Il s’est également trouvé une multitude de nos compatriotes qui n’ont pas compris l’admiration professée par certains de nos alliés pour l’unité allemande et qui se sont étonnés que le traité laissât
dont des ministres socialistes n’avaient été eux-mêmes ni effrayés ni
scandalisés et pour exprimer l’avis, parfaitement raisonnable, que
la France avait le droit de récupérer l’Alsace et la Lorraine de 1790
ou de 1814, puisque cette Alsace et cette Lorraine étaient celles dont
l’incorporation dans la République une et indivisible avait été solennellement
consacrée aux fêtes de la Révolution, et puisque la
Pologne, la Tchéco-Slovaquie, la Roumanie, la Serbie, l’Italie recouvraient,
ou même obtenaient, sans les avoir jamais possédés, des
territoires sur lesquels elles invoquaient des titres historiques, je ne
dis pas plus contestables, mais moins positifs. Le traité a écarté cette
revendication française, et tout le monde, en France, s’est incliné.
s’est également trouvé une multitude de nos compatriotes qui
n’ont pas compris l’admiration professée par certains de nos alliés
pour l’unité allemande et qui se sont étonnés que le traité laissât