« Le Sphinx des glaces/II/XVI » : différence entre les versions

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Ce jour même, dans l’après-midi, le ''Paracuta'' abandonnait le littoral de la Terre du Sphinx que nous avions toujours eue à l’ouest depuis le 21 février.
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Il y avait quatre cents milles environ à parcourir jusqu’à la limite du cercle antarctique. Arrivés sur ces parages de l’océan Pacifique, aurions-nous, je le répète, l’heureuse chance d’être recueillis par un baleinier attardé aux derniers jours de sa saison de pêche, ou même par quelque navire d’une expédition polaire ?…
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La mort de Dirk Peters avait réduit à douze le chiffre des passagers du ''Paracuta''. Voilà ce qui restait du double équipage des deux goélettes, la première comprenant trente-huit hommes, la seconde en comprenant trente-deux, – en tout soixante-dix ! Mais, qu’on ne l’oublie pas, l’expédition de l’''Halbrane'' avait été entreprise pour remplir un devoir d’humanité, et quatre des survivants de la ''Jane'' lui devaient leur salut.
 
Et maintenant, allons au plus vite. Sur le voyage de retour, qui fut favorisé par la constance des courants et de la brise, il n’y a pas lieu de s’étendre. D’ailleurs, les notes qui servirent à rédiger mon
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récit ne furent point renfermées dans une bouteille jetée à la mer, recueillie par hasard sur les mers de l’Antarctide. Je les ai rapportées moi-même, et, bien que la dernière partie du voyage ne se soit pas accomplie sans grandes fatigues, grandes misères, grands dangers, terribles inquiétudes surtout, cette campagne a eu notre sauvetage pour dénouement.
 
Et d’abord, quelques jours après le départ de la Terre du Sphinx, le soleil s’était enfin couché derrière l’horizon de l’ouest, et ne devait plus reparaître de tout l’hiver.
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Des passagers du ''Paracuta'', il n’y avait guère que le bosseman et Endicott à conserver leur habituelle bonne humeur, insensibles aux ennuis comme aux périls de cette navigation. J’excepte aussi l’impassible Jem West, prêt à faire face à n’importe quelles éventualités, en homme qui est toujours sur la défensive. Quant aux deux frères Guy, le bonheur de s’être retrouvés leur faisait le plus souvent oublier les préoccupations de l’avenir.
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En vérité, je ne saurais trop faire l’éloge de ce brave homme d’Hurliguerly, et l’on se réconfortait rien qu’à l’entendre répéter de sa voix rassurante :
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Il va sans dire que si le ''Paracuta'' cessa de la suivre, c’est que le courant portait au nord, alors qu’elle s’écartait, en s’arrondissant vers le nord-est.
 
Bien que les eaux de cette portion de mer fussent libres encore, elles charriaient néanmoins une véritable flottille d’icebergs ou d’icefields, –
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ceux-ci semblables aux morceaux d’une immense vitre rompue, ceux-là d’une étendue superficielle ou d’une altitude déjà considérables. De là sérieuses difficultés et aussi dangers incessants de navigation au milieu des sombres brumes, lorsqu’il s’agissait de manœuvrer à temps entre ces masses mouvantes, ou pour trouver des passes ou pour éviter que notre canot fût écrasé comme le grain sous la meule.
 
Actuellement, d’ailleurs, le capitaine Len Guy ne pouvait plus relever sa position ni en latitude ni en longitude. Le soleil absent, les calculs par la position des étoiles étant trop compliqués, il était impossible de prendre hauteur. Aussi le ''Paracuta'' s’abandonnait-il à l’action de ce courant qui portait invariablement au nord, d’après les indications de la boussole. Toutefois, en tenant compte de sa moyenne vitesse, il y avait lieu d’estimer que, à la date du 27 mars, notre canot se trouvait entre le 68e et le 69e parallèle, c’est-à-dire, sauf erreur, à quelque soixante-dix milles seulement du cercle antarctique.
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Nous n’y voulions pas songer… Le Ciel nous viendrait en aide… Nous serions recueillis… Oui !… nous serions recueillis par quelque navire… Le bosseman l’affirmait, et il n’y avait qu’à écouter le bosseman !…
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Cependant la surface de la mer commençait à se prendre, et il fallut plusieurs fois rompre des icefields afin de se frayer un passage. Le thermomètre n’indiquait plus que 4° (15° 56 C. sous zéro). Nous souffrions beaucoup du froid et des rafales à bord de cette embarcation non pontée, quoique nous fussions pourvus d’épaisses couvertures.
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Il est vrai, la brise était molle, la mer plus calme qu’on eût pu l’espérer, et le véritable danger ne tenait pas aux risques de la navigation.
 
Non ! il venait de ce qu’il n’y avait aucun navire en vue sur ces parages, aucun baleinier parcourant les lieux de pêche. Aux premiers
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jours d’avril, ces lieux sont déjà abandonnés, et nous arrivions trop tard de quelques semaines…
 
Or, ainsi que nous devions l’apprendre, il aurait suffi d’être là deux mois plus tôt pour rencontrer les bâtiments de l’expédition américaine.
 
En effet, le 21 février, par 95° 50’ de longitude et 64° 17’ de latitude, le lieutenant Wilkes explorait ces mers avec l’un de ses navires, le ''
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Vincennes'', après avoir reconnu une étendue de côtes, qui se développait sur 66° de l’est à l’ouest. Puis, comme la mauvaise saison s’approchait, il avait viré de bord et regagné Hobart-Town en Tasmanie.
 
La même année, l’expédition du capitaine français Dumont d’Urville, partie en 1838, dans une seconde tentative pour s’élever vers le pôle, avait, le 21 janvier, reconnu la terre Adélie par 66° 30’ de latitude et 38° 21’ de longitude orientale, puis, le 29 janvier, la côte Clarie par 64° 30’ et 129° 54’. Leur campagne terminée après ces importantes découvertes, l’Astrolabe et la ''Zélée'' avaient quitté l’océan Antarctique et mis le cap sur Hobart-Town.
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C’était le ''Tasman'', un trois-mâts américain de Charleston, où nous fûmes reçus avec empressement et cordialité. Le capitaine traita mes compagnons comme s’ils eussent été ses propres compatriotes…
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Le ''Tasman'' venait des îles Falklands, où il avait appris que, sept mois auparavant, la goélette anglaise ''Halbrane'' avait fait route pour les mers australes à la recherche des naufragés de la ''Jane''. Mais la saison s’avançant, la goélette n’ayant pas reparu, on avait dû penser qu’elle s’était perdue corps et biens dans les régions antarctiques.