« Le Sphinx des glaces/I/XVI » : différence entre les versions

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La nuit se passa sans alerte. Aucun canot n’avait quitté l’île. Aucun indigène ne se montrait sur son littoral. La seule conclusion à tirer de là, c’était que la population devait occuper l’intérieur. En effet, nous savions, d’après le récit, qu’il fallait marcher trois ou quatre heures avant d’atteindre le principal village de Tsalal.
La nuit se passa sans alerte. Aucun canot n’avait quitté l’île. Aucun indigène ne se montrait sur son littoral. La seule conclusion
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La nuit se passa sans alerte. Aucun canot n’avait quitté l’île. Aucun indigène ne se montrait sur son littoral. La seule conclusion à tirer de là, c’était que la population devait occuper l’intérieur. En effet, nous savions, d’après le récit, qu’il fallait marcher trois ou quatre heures avant d’atteindre le principal village de Tsalal.
 
Donc, l’''Halbrane'' n’avait pas été aperçue à son arrivée, et cela valait mieux, en somme.
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« À la mer, le grand canot ! » commanda le capitaine Len Guy d’une voix impatiente.
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L’ordre fut exécuté, et le capitaine Len Guy, s’adressant au lieutenant :
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Rentré dans ma cabine, je pris mon fusil – un fusil de chasse à deux coups –, la poire à poudre, le sac à plomb, quelques balles, et je vins rejoindre le capitaine Len Guy, qui m’avait gardé une place à l’arrière.
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L’embarcation déborda, et, vigoureusement menée, se dirigea vers le récif, afin de découvrir la passe par laquelle Arthur Pym et Dirk Peters l’avaient franchi, le 19 janvier 1828, dans le canot de la ''Jane''.
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Le capitaine Len Guy et moi, tout en marchant, échangions nos remarques, au sujet de ce pays qui, au dire d’Arthur Pym, « différait essentiellement de toutes terres visitées jusqu’alors par des hommes civilisés ».
 
Nous le verrions bien. Dans tous les cas, ce que je puis dire, c’est que la couleur générale des plaines était noire, comme si l’humus
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eût été fait d’une poussière de laves, et que, nulle part, on ne voyait rien « qui fût blanc ».
 
À cent pas de là, Hunt se mit à courir vers une énorme masse rocheuse. Dès qu’il l’eut atteinte, il la gravit avec l’agilité d’un isard, il se dressa au sommet, et promena ses regards sur un espace de plusieurs milles.
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– Non, monsieur Jeorling, si l’île Tsalal est bien au gisement indiqué par Arthur Pym. »
 
Effectivement, il ne pouvait naître aucun doute à ce sujet. Il est vrai, si Arthur Pym ne s’était pas trompé sur ce gisement exprimé en degrés et en minutes, que devait-on penser de la fidélité de son récit, concernant la région que traversa notre petite troupe sous la direction de Hunt. Il parle d’étrangetés qui ne lui étaient point familières…
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Il parle d’arbres dont aucun ne ressemblait aux produits de la zone torride, ni de la zone tempérée, ni de la zone glaciale du nord, ni à ceux des latitudes inférieures méridionales, – ce sont ses propres expressions… Il parle de roches d’une structure nouvelle, soit par leur masse, soit par leur stratification… Il parle de ruisseaux prodigieux, dont le lit contenait un liquide indescriptible sans apparence de limpidité, une sorte de dissolution de gomme arabique, partagée en veines distinctes, qui offrait tous les chatoiements de la soie changeante, et que la puissance de cohésion ne rapprochait pas, après qu’une lame de couteau les avait divisées…
 
Eh bien, il n’y avait rien – ou il n’y avait plus rien de tout cela ! Pas un arbre, pas un arbrisseau, pas un arbuste ne se montrait à travers la campagne… Des collines boisées entre lesquelles devait s’étaler le village de Klock-Klock, nous ne vîmes pas apparence… De ces ruisseaux où les hommes de la ''Jane'' n’avaient point osé se désaltérer, je n’aperçus pas un seul –, non pas même une goutte d’eau ni ordinaire ni extraordinaire… Partout l’affreuse, la désolante, l’absolue aridité !
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Mais, je ne saurais trop le répéter, nous n’avions pas devant les yeux cette contrée fabuleuse, décrite par Arthur Pym. Ce que nos pieds foulaient, c’était un sol tourmenté, ravagé, convulsionné. Il était noir… oui… noir et calciné comme s’il eût été vomi des entrailles de la terre sous l’action des forces plutoniennes. On eût dit que quelque effroyable et irrésistible cataclysme l’avait bouleversé sur toute sa surface.
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Quant aux animaux dont il est question dans le récit, nous n’en apercevions plus un seul, – ni les canards de l’espèce anas valisneria, ni les tortues galapagos, ni les boubies noires, ni ces oiseaux noirs taillés comme des busards, ni les cochons noirs, à queue touffante et à jambes d’antilopes, ni ces sortes de moutons à laine noire, ni les gigantesques albatros à plumage noir… Les pingouins, même, si nombreux dans les parages antarctiques, semblaient avoir fui cette terre, devenue inhabitable… C’était la solitude silencieuse et morne du plus affreux désert !
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Nous atteignîmes enfin la vallée dont les plis enveloppaient autrefois le village de Klock-Klock. Là, comme ailleurs, complet abandon. Plus une seule de ces habitations – et combien misérables elles étaient alors –, ni ces yampoos, formées d’une grande peau noire reposant sur un tronc d’arbre coupé à quatre pieds de terre, ni ces huttes faites de branches rabattues, ni ces trous de troglodytes, évidés dans les parois de la colline, à même d’une pierre noire qui ressemblait à de la terre à foulon… Et ce ruisseau qui clapotait en descendant les pentes du ravin, où était-il, et de quel côté s’enfuyait son eau magique, roulant sur un lit de sable noir ?…
 
Quant à la population tsalalaise, ces hommes presque entièrement nus, quelques-uns vêtus d’une peau à fourrure noire, armés de lances et de massues, et ces femmes droites, grandes, bien faites, « douées d’une grâce et d’une liberté d’allure qu’on ne retrouve pas dans une société civilisée » – encore les propres expressions d’Arthur Pym –, et cette multitude d’enfants qui leur faisaient cortège… oui ! qu’était devenu tout ce monde d’indigènes à la peau noire, à la
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chevelure noire, aux dents noires, que la couleur blanche remplissait d’épouvante ?…
 
En vain cherchai-je la case de Too-Wit, faite de quatre grandes peaux que liaient entre elles des chevilles de bois, et assujetties par de petits pieux fichés en terre… Je n’en reconnus même pas la place !… Et c’était là, cependant, que William Guy, Arthur Pym, Dirk Peters et leurs compagnons avaient été reçus non sans des marques de respect, tandis que la foule des insulaires se pressait au-dehors… C’était là que fut servi le repas où figuraient des entrailles palpitantes d’un animal inconnu, que Too-Wit et les siens dévorèrent avec une répugnante avidité…
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J’en parlai au capitaine Len Guy.
 
« Oui, s’écria-t-
« Oui, s’écria-t-il – et des larmes jaillissaient de ses yeux –, oui… il se peut !… Et, pourtant, comment mon frère, comment ses malheureux compagnons auraient-ils eu le moyen de s’enfuir, et n’est-il pas plus probable qu’ils ont tous péri dans ce tremblement de terre ?… »
=== no match ===
« Oui, s’écria-t-il – et des larmes jaillissaient de ses yeux –, oui… il se peut !… Et, pourtant, comment mon frère, comment ses malheureux compagnons auraient-ils eu le moyen de s’enfuir, et n’est-il pas plus probable qu’ils ont tous péri dans ce tremblement de terre ?… »
 
Un geste de Hunt qui signifiait : Venez ! nous entraîna sur ses pas.