« Chanson sur la vie de ménestrel » : différence entre les versions

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{{TitrePoeme|Colin Muset||Chanson sur la vie de ménestrel<ref>Extrait de [[Page:Crépet_-_Les_Poëtes_français,_t1,_1861.djvu/252|Les Poëtes français, tome 1 - première période : du XIIe au XVIe siècle, publié sous la direction de M. Eugène Crépet. 1861]] (p. 252 et s.)</ref>}}
 
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{{Centré|SUR LA VIE DE MÉNESTREL}}
 
 
 
<poem class="verse" >
Sire cuens, j’ai vielé
Devant vous, en vostre osté ;
Si ne m’avez riens doné
Ne mes gages aquité,
:: C’est vilanie ;
Foi que doi sainte Marie !
Aine ne vos sievrai je mie.
M’aumosniere est mal garnie
Et ma malle mal farsie.
 
Sire cuens, quar comandez
De moi vostre volonté.
Sire, s’il vous vient à gré.
Un beau don car me donez
:: Par cortoisie.
Talent ai, n’en dotez mie,
De r’aler à ma mesnie.
Quant vois borse desgarnie,
Ma feme ne me rit mie.
 
Ains me dit : sire Engelé,
En quel terre avez esté,
Qui n’avez rien conquesté
:: Aval la ville ?
Vez com vostre male plie,
Ele est bien de vent farsie.
Honi soit qui a envie
D’astre en vostre compaignie !
 
Quant je vieng à mon hosté,
Et ma feme a regardé
Derrier moi le sac enflé,
Et ge qui sui bien paré
:: De robe grise,
Sachiez qu’ele a tôt jus mise
La quenoille, sans faintise.
Elle me rit par franchise,
Ses deux bras au col me lie.
 
Ma fame va destrousser
Ma male, sanz demorer.
Mon garçon va abruver
Mon cheval et conréer.
Ma pucele va tuer
Deus chapons por déporter
:: A la sause aillie.
Ma fille m’apporte un pigne
En sa main par cortoisie.
Lors sui de mon ostel sire
A muit grant joie, sans ire,
Plus que nus ne porroit dire.</poem><ref><poem class="verse">Seigneur comte, j’ai joué de la viole
Devant vous » en votre hôtel.
Vous ne m’avez rien donné
Ni mes gages acquitté,
:: C’est vilenie.
Par la foi que je dois à sainte Marie !
À ces conditions je ne vous suivrai pas.
Mon aumônière est mal garnie
Et ma malle mal fournie.
 
Seigneur comte, commandez
Ce qu’à mon égard vous voulez faire ;
Sire, s’il vous vient à gré,
Un beau don me soit donné
:: Par courtoisie.
Car j’ai envie, n’en doutez pas,
De retourner dans mon ménage.
Quand j’y reviens la bourse vide,
Ma femme ne me rit pas.
 
Elle me dit : sire Engelé,
En quelle terre avez-vous été,
Que vous n’avez rien gagné
:: Le long de la ville ?
Voyez comme votre malle plie,
Elle est toute de vent farcie.
Honni soit qui a envie
D’être en votre compagnie !
 
Quand je viens à ma maison
El que ma femme a regardé
Derrière moi le sac enflé,
Et moi qui suis bien paré
:: De robe grise,
Sachez qu’elle a vite jeté bas
La quenouille, sans mentir.
Elle me rit franchement,
Ses deux bras s’enlacent à mon cou.
 
Ma femme va détrousser
Ma malle, sans tarder.
Mon garçon va abreuver
Mon cheval et le panser.
Ma servante va tuer
Deux chapons pour les assaisonner
:: À la sauce à l’ail.
Ma fille m’apporte un peigne
En sa main, par courtoisie.
Alors dans ma maison je suis roi,
En grande joie, sans fâcherie,
Plus heureux qu’on ne pourrait dire.
</poem>
</ref>
 
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