« Grands névropathes (Cabanès)/Tome 3/2 » : différence entre les versions

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« Ce n’est point une vaine image, une allégorie, reconnaît-il lui-même, à laquelle recourt le musicien qui prétend que les couleurs, les parfums, les sons lui apparaissent de même essence et se combinent pour lui en un merveilleux concert. »
 
Quant à lui, il passait insensiblement d’une sensation à une autre d’un ordre tout différent, quand il ne lui arrivait pas de les confondre, sans parvenir à fixer une ligne précise de démarcation. Cette unique citation — et de pareilles pourraient être multipliées — suffit comme attestation d’un état aussi exceptionnel : Kreisler (c’est lui qu’il désigne sous ce nom) se propose d’acheter « un habit dont la couleur est en ''ut dièze mineur'' : ce [pour] quoi,

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afin de tranquilliser ceux qui le verraient, il y avait fait ajouter un collet de couleur ''mi majeur'' ».
 
Cette facilité des associations sensorielles est-elle, comme d’aucuns l’ont avancé, le privilège d’esprits supérieurs, l’explication de leur supériorité ? Il est malaisé d’en décider ; l’hypothèse est assez curieuse, en tout cas, pour mériter d’être relevée au passage, mais elle appelle une vérification étayée sur des observations multipliées.<br /><br />
 
Pour en revenir au cas particulier d’Hoffmann, il est hors de doute qu’il a présenté avec une sensibilité excessive une émotivité morbide. Cette émotivité allait, suivant les jours, du mysticisme le plus poétique à l’hypocondrie la plus noire. Il en était arrivé à avoir peur de tout : on reconnaît là l’état décrit par Morel et Legrand du Saulle, sous le nom de ''panophobie'' et auquel Magnan proposa plus tard de substituer le terme, peut-être plus concert, d’''anxiomanie'' ; cet état où, selon l’expression de Th. Ribot, « l’on a peur de tout et de rien ; où l’anxiété flotte comme dans un rêve et ne se fixe que pour un instant, au hasard des circonstances, passant sans cesse d’un objet à l’autre ». Hoffmann n’éprouvait pas une sensation agréable qui ne s’accompagnât de l’appréhension des conséquences funestes ou dangereuses qu’elle pouvait entraîner à sa suite.
Pour en revenir au cas particulier d’Hoffmann, il est hors de doute qu’il a présenté avec
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une sensibilité excessive une émotivité morbide. Cette émotivité allait, suivant les jours, du mysticisme le plus poétique à l’hypocondrie la plus noire. Il en était arrivé à avoir peur de tout : on reconnaît là l’état décrit par Morel et Legrand du Saulle, sous le nom de ''panophobie'' et auquel Magnan proposa plus tard de substituer le terme, peut-être plus concert, d’''anxiomanie'' ; cet état où, selon l’expression de Th. Ribot, « l’on a peur de tout et de rien ; où l’anxiété flotte comme dans un rêve et ne se fixe que pour un instant, au hasard des circonstances, passant sans cesse d’un objet à l’autre ». Hoffmann n’éprouvait pas une sensation agréable qui ne s’accompagnât de l’appréhension des conséquences funestes ou dangereuses qu’elle pouvait entraîner à sa suite.
 
« Quel mauvais génie, s’écriait-il dans une heure de désespérance, a donc jeté dans mon âme cette horrible défiance, qui me fait soupçonner ruine et malheur dans une parole, dans un regard, voire dans la plus futile circonstance indépendante de toute volonté humaine ! »