« Fragments du Narcisse » : différence entre les versions

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À d’autres que moi-même. adresseraient leurs larmes...
 
  Vous attendiez, peut-être, un visage sans pleurs,
Vous calmes, vous toujours de feuilles et de fleurs,
Et de l’incorruptible altitude hantées,
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Souffrez ce beau reflet des désordres humains !
 
  Heureux vos corps fondus, Eaux planes et profondes !
Je suis seul !... Si les Dieux, les échos et les ondes
Et si tant de soupirs permettent qu’on le soit !
Seul !... mais encor celui qui s’approche de soi
Quand il s’approche aux bords que bénit ce feuillage...
  Des cimes, l’air déjà cesse le pur pillage ;
La voix des sources change, et me parle du soir ;
Un grand calme m’écoute, où j’écoute l’espoir.
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Conspire au spacieux silence d’un tel site.
 
  Ô douceur de survivre à la force du jour,
Quand elle se retire enfin rose d’amour,
Encore un peu brûlante, et lasse, mais comblée,
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Puis s’étendre, se fondre, et perdre sa vendange,
Et s’éteindre en un songe en qui le soir se change.
  Quelle perte en soi-même offre un si calme lieu !
L’âme, jusqu’à périr, s’y penche pour un Dieu
Qu’elle demande à l’onde, onde déserte, et digne
Sur son lustre, du lisse effacement d’un cygne ...
  À cette onde jamais ne burent les troupeaux !
D’autres, ici perdus, trouveraient le repos,
Et dans la sombre terre, un clair tombeau qui s’ouvre...
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Quand l’opaque délice où dort cette clarté,
Cède à mon corps l’horreur du feuillage écarté,
Alors, vainqueur de l’ombre, ô mon corps épaisseur paniquetyrannique,
Repoussant aux forêts leur épaisseur panique,
Tu regrettes bientôt leur éternelle nuit !
Pour l’inquiet Narcisse, il n’est ici qu’ennui !